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samedi, 17 octobre 2020

RAND et l'encerclement malveillant de la Russie

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RAND et l’encerclement malveillant de la Russie

par F. William Engdahl

Ex: http://www.zejournal.mobi

Au cours des dernières semaines, une série d’événements a éclaté dans les États entourant la Fédération de Russie qui ne sont certainement pas accueillis avec joie au Kremlin. Chaque centre de crise n’est pas en soi un facteur décisif de changement pour la sécurité future de la Russie. Pris ensemble, ils suggèrent que quelque chose de bien plus inquiétant se prépare contre Moscou. Une récente étude de la RAND préparée pour l’armée américaine suggère avec une précision remarquable qui pourrait être derrière ce qui deviendra sans aucun doute une menace majeure pour la sécurité russe dans les mois à venir.

Les attaques de l’Azerbaïdjan contre le Nagorno-Karabakh, soutenues par la Turquie, qui ont embrasé un territoire après près de trois décennies de relative impasse et de cessez-le-feu, la déstabilisation en cours de Loukachenko en Biélorussie, le comportement bizarre de l’UE et du Royaume-Uni concernant l’empoisonnement présumé du dissident russe Navalny et, plus récemment, les protestations de masse au Kirghizstan, une ancienne partie de l’Union Soviétique en Asie Centrale, portent les empreintes du MI6 britannique, de la CIA et d’une série d’ONG privées spécialisées dans le changement de régime.

Haut-Karabakh

Le 27 septembre, les forces militaires d’Azerbaïdjan ont rompu le cessez-le-feu de 1994 avec l’Arménie concernant le conflit dans le Haut-Karabakh, à prédominance ethnique arménienne. Les combats les plus intenses depuis des années ont eu lieu des deux côtés, alors que la confrontation s’intensifiait. Erdogan, de Turquie, a ouvertement soutenu Bakou contre l’Arménie et le Nagorno-Karabakh peuplé d’Arméniens, ce qui a conduit Nikol Pashinyan, le Premier Ministre arménien, à accuser la Turquie de « poursuivre une politique génocidaire comme une tâche pragmatique ». Il s’agissait d’une référence claire à l’accusation arménienne de génocide de 1915-23 de plus d’un million de Chrétiens arméniens par l’Empire Ottoman. Aujourd’hui encore, la Turquie refuse de reconnaître sa responsabilité.

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Alors que l’Arménie reproche à Erdogan de soutenir l’Azerbaïdjan dans le conflit actuel du Caucase, l’oligarque russe Evgeny Prigozhin, parfois appelé « le chef de Poutine » pour son empire de la restauration ainsi que ses liens étroits avec le Président russe, a déclaré dans une interview à un journal turc que le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan a été provoqué par « les Américains » et que le régime de Pashinyan est essentiellement au service des États-Unis. C’est là que cela devient intéressant.

En 2018, Pashinyan est arrivé au pouvoir grâce à des manifestations de masse appelées « Révolution de velours ». Il a été ouvertement et fortement soutenu par la Fondation Open Society de Soros – Arménie qui, depuis 1997, finance activement de nombreuses ONG pour la « démocratie » dans le pays. En tant que Premier Ministre, Pashinyan a nommé les bénéficiaires de l’argent de Soros à la plupart des postes clés du cabinet, notamment à la sécurité et à la défense de l’État.

En même temps, il est impensable que la Turquie de Erdogan, toujours membre de l’OTAN, soutienne aussi ouvertement l’Azerbaïdjan dans un conflit qui pourrait potentiellement conduire à une confrontation entre la Turquie et la Russie, sans le soutien préalable d’une forme quelconque de Washington. L’Arménie est membre de l’Union Économique Eurasiatique, association économique et de défense, avec la Russie. Cela rend les commentaires de Prigozhin particulièrement intéressants.

Il est également intéressant de noter que la chef de la CIA, Gina Haspel, et le chef récemment nommé du MI-6 britannique, Richard Moore, sont tous deux des experts de la Turquie. Moore a été Ambassadeur du Royaume-Uni à Ankara jusqu’en 2017. Haspel était la chef de la station de la CIA en Azerbaïdjan à la fin des années 1990. Avant cela, en 1990, Haspel était officier de la CIA en Turquie, parlant couramment le turc. Notamment, bien que sa biographie officielle de la CIA ait été supprimée, elle a également été chef de la station de la CIA à Londres juste avant d’être nommée chef de la CIA de l’administration Trump. Elle s’est également spécialisée dans les opérations contre la Russie lorsqu’elle était à Langley à la Direction des Opérations de la CIA.

Cela soulève la question de savoir si une opération de renseignement anglo-américaine est à l’origine du conflit actuel entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie dans le Haut-Karabakh. Ajoutant de la poudre aux troubles dans le Caucase, le 5 octobre, le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg a déclaré que les intérêts de sécurité de l’OTAN sont synonymes de ceux de la Turquie, malgré l’achat par la Turquie de systèmes de défense aérienne avancés russes. Jusqu’à présent, Washington est resté remarquablement silencieux sur le conflit du Caucase ou sur le rôle présumé de la Turquie.

Et la Biélorussie…

L’éruption du conflit du Haut-Karabakh qui couve près de la frontière sud de la Russie n’est pas le seul État où Washington encourage activement la déstabilisation de voisins russes vitaux ces jours-ci. Depuis les élections du mois d’août, la Biélorussie est sujette à des protestations orchestrées accusant le Président Loukachenko de fraude électorale. L’opposition a été active en exil depuis les pays baltes voisins de l’OTAN.

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En 2019, le National Endowment for Democracy (NED), financé par le gouvernement américain, a répertorié sur son site web quelque 34 subventions de projets du NED en Biélorussie. Tous ces projets visaient à soutenir et à former une série de groupes d’opposition anti-Loukachenko et à créer des ONG nationales. Les subventions ont été accordées pour des projets tels que le « Renforcement des ONG : Accroître l’engagement civique local et régional… identifier les problèmes locaux et développer des stratégies de plaidoyer ». Un autre projet consistait à « développer un dépôt en ligne de publications qui ne sont pas facilement accessibles dans le pays, notamment des ouvrages sur la politique, la société civile, l’histoire, les droits de l’homme et la culture indépendante ». Puis une autre subvention du NED a été accordée pour « défendre et soutenir les journalistes et les médias indépendants ». Et une autre, « Renforcement des ONG : Encourager l’engagement civique des jeunes ». Une autre subvention importante du NED a été attribuée à la « formation des partis et mouvements démocratiques à des campagnes de sensibilisation efficaces ». Derrière les projets du NED, qui semblent innocents, se cache un modèle de création d’une opposition spécialement formée sur le modèle du NED de la CIA « Les Révolutions de Couleur ».

Comme si les troubles dans le Caucase et en Biélorussie n’étaient pas suffisants pour donner des migraines à Moscou, le 29 septembre à Bruxelles, le Premier Ministre géorgien Giorgi Gakharia a rencontré le Secrétaire Général de l’OTAN Jens Stoltenberg. Stoltenberg lui a déclaré que « l’OTAN soutient l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Géorgie à l’intérieur de ses frontières internationalement reconnues. Nous appelons la Russie à mettre fin à sa reconnaissance des régions [géorgiennes séparatistes] d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud et à retirer ses forces ». Stoltenberg a ensuite déclaré à Gakharia : « Et je vous encourage à continuer à utiliser pleinement toutes les possibilités de vous rapprocher de l’OTAN. Et à vous préparer à l’adhésion« . Bien sûr, l’adhésion à l’OTAN de la Géorgie, voisine de la Russie, constituerait un défi stratégique pour la Russie, tout comme celle de l’Ukraine. Les commentaires de l’OTAN ajoutent aux tensions auxquelles le Kremlin a été confronté récemment.

La troisième Révolution de Couleur au Kirghizstan ?

Le Kirghizistan, république d’ex-Union Soviétique en Asie Centrale, vient également d’éclater dans des manifestations de masse qui ont fait tomber le gouvernement pour la troisième fois depuis 2005, suite aux allégations de l’opposition de fraude électorale. L’USAID, une couverture connue pour les opérations de la CIA, est active dans le pays, tout comme la Fondation Soros qui a créé une université à Bichkek et finance l’éventail habituel de projets, « pour promouvoir la justice, la gouvernance démocratique et les droits de l’homme ». Il convient de noter que le Kirghizstan est également membre de l’Union Économique Eurasiatique dirigée par la Russie, aux côtés de l’Arménie et de la Biélorussie.

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Ensuite, pour augmenter la pression sur la Russie, les services de renseignement allemands de la Bundeswehr et maintenant l’OIAC accusent la Russie d’avoir empoisonné le dissident russe Alexei Navalny en Russie en utilisant « un agent neurotoxique de l’ère soviétique », que les Allemands appellent Novitchok. Alors que Navalny est manifestement sorti de l’hôpital vivant, les responsables allemands et britanniques ne se donnent pas la peine d’expliquer une telle guérison miraculeuse de ce qui est réputé être l’agent neurotoxique le plus mortel qui ait jamais existé. Suite à la déclaration de l’OIAC selon laquelle il s’agissait de Novitchok, le Ministre des Affaires Étrangères allemand menace de sanctions sévères contre la Russie. Beaucoup demandent à l’Allemagne d’annuler le projet de gazoduc russe Nord Stream 2 en guise de réponse, un coup qui frapperait la Russie à un moment de grave faiblesse économique due à la faiblesse des prix du pétrole et aux effets du verrouillage dû à la Covid.

L’Allemagne ne prend pas non plus la peine d’enquêter sur la mystérieuse compagne russe de Navalny, Maria Pevchikh, qui prétend avoir récupéré la bouteille d’eau vide « empoisonnée par le Novichok » dans la chambre d’hôtel de Navalny à Tomsk, en Russie, avant qu’il ne soit transporté par avion à Berlin sur l’invitation personnelle d’Angela Merkel. Après avoir livré la bouteille empoisonnée à Berlin en personne, elle s’est apparemment envolée rapidement pour Londres où elle vit, et aucune autorité allemande ou autre n’a apparemment essayé de l’interroger en tant que témoin matériel potentiel.

Pevchikh a une longue association avec Londres où elle travaille avec la fondation Navalny et serait en contact étroit avec l’ami de Jacob Rothschild, Mikhail Khodorkovsky, le fraudeur condamné et ennemi de Poutine. Khodorkovsky est également l’un des principaux bailleurs de fonds de la Fondation Anti-Corruption de Navalny (FBK en russe). Il existe des rapports crédibles selon lesquels la mystérieuse Pevchikh serait une agent du MI-6, le même MI-6 qui a dirigé un autre drame ridicule de Novitchok en 2018, affirmant que le transfuge russe Sergei Skripal et sa fille Yulia Skripal ont été empoisonnés en Angleterre par les services secrets russes en utilisant le Novitchok mortel. Là encore, les deux Skripal se sont miraculeusement remis de l’agent neurotoxique le plus mortel et ont officiellement reçu leur congé de l’hôpital, après quoi ils ont « disparu ».

Un plan de RAND ?

Si des recherches plus approfondies permettront sans doute de trouver davantage de preuves, le schéma des mesures actives de l’OTAN ou des Anglo-Américains contre les principaux pays de la périphérie russe ou contre les intérêts économiques stratégiques de la Russie, toutes dans la même période, suggère une sorte d’attaque coordonnée.

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Et il se trouve que les cibles des attaques correspondent précisément aux grandes lignes du rapport d’un important groupe de réflexion militaire américain. Dans un rapport de recherche de 2019 destiné à l’armée américaine, la société RAND a publié une série de recommandations politiques sous le titre « Étendre la Russie : Concurrencer à partir d’un Terrain Favorable ». Ils notent que par étendre la Russie, ils entendent « mesures non violentes qui pourraient faire pression sur l’armée ou l’économie de la Russie ou la position politique du régime à l’intérieur et à l’étranger ». Tous les points de tension développés ci-dessus correspondent certainement à cette description.

Le rapport aborde spécifiquement ce qu’ils appellent les « mesures géopolitiques » pour surcharger la Russie. Il s’agit notamment de fournir une aide létale à l’Ukraine, de promouvoir un changement de régime en Biélorussie, d’exploiter les tensions dans le Caucase du Sud, de réduire l’influence russe en Asie Centrale. Il comprend également des propositions visant à affaiblir l’économie russe en remettant en cause ses secteurs gazier et pétrolier.

Il s’agit notamment des mêmes zones de turbulences géopolitiques qui se trouvent aujourd’hui dans la sphère d’influence stratégique de la Russie. Plus précisément, sur le Caucase, RAND déclare : « La Géorgie, l’Azerbaïdjan et l’Arménie faisaient partie de l’Union Soviétique, et la Russie maintient encore aujourd’hui une influence significative sur la région… » Ils notent que « Aujourd’hui, la Russie reconnaît l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie comme des pays séparés (un des rares gouvernements à le faire) et s’engage à les défendre…. Les États-Unis pourraient également renouveler leurs efforts pour faire entrer la Géorgie dans l’OTAN. La Géorgie cherche depuis longtemps à adhérer à l’OTAN… » Rappelons les remarques citées par Stoltenberg de l’OTAN pour encourager la Géorgie à rejoindre l’OTAN et exiger de la Russie qu’elle renonce à reconnaître l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie.

Le rapport RAND souligne également les tensions entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan : « La Russie joue également un rôle clé avec l’Azerbaïdjan et l’Arménie, en particulier sur le territoire contesté du Haut-Karabakh… les États-Unis pourraient faire pression pour une relation plus étroite de l’OTAN avec la Géorgie et l’Azerbaïdjan, ce qui conduirait probablement la Russie à renforcer sa présence militaire en Ossétie du Sud, en Abkhazie, en Arménie et dans le sud de la Russie. Sinon, les États-Unis pourraient essayer d’inciter l’Arménie à rompre avec la Russie ».

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En ce qui concerne les protestations massives actuelles au Kirghizstan en Asie Centrale, RAND note que « la Russie fait partie de deux entreprises économiques liées à l’Asie Centrale : l’UEE et l’Initiative Ceinture et Route ». Un changement de régime pro-OTAN pourrait ériger une barrière importante entre la Russie et la Chine ainsi qu’au sein de son UEE. En ce qui concerne les pressions économiques, le rapport RAND cite la possibilité de faire pression sur l’UE pour qu’elle abandonne le projet de gazoduc Nord Stream 2 qui relie directement la Russie à l’Allemagne. Le récent incident de Navalny crée une pression croissante au sein de l’UE et même en Allemagne pour arrêter le Nord Stream 2 comme sanction de l’affaire Navalny. RAND note : « En termes d’extension économique de la Russie, le principal avantage de créer des alternatives d’approvisionnement au gaz russe est que cela réduirait les revenus des exportations russes. Le budget fédéral russe est déjà sous pression, ce qui entraîne des réductions prévues des dépenses de défense, et la baisse des revenus du gaz mettrait encore plus le budget sous pression ».

Si l’on examine les pressions croissantes sur la Russie à partir des exemples cités ici et si l’on compare avec le langage du rapport RAND de 2019, il est clair que nombre des problèmes stratégiques actuels de la Russie sont délibérément conçus et orchestrés depuis l’Occident, en particulier depuis Washington et Londres. La manière dont la Russie gère cette situation ainsi que certaines pressions futures de l’OTAN représentent clairement un défi géopolitique majeur.

Traduit par Réseau International

vendredi, 16 octobre 2020

L’ombra di Brzezinski sul Nagorno-Karabakh

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L’ombra di Brzezinski sul Nagorno-Karabakh

di Vladimir Malyshev

Fonte: SakerItalia & https://www.ariannaeditrice.it

Commentando l’attuale sanguinoso scontro militare tra Armenia e Azerbaijan sul Nagorno-Karabakh, molti lo vedono come un conflitto puramente interno tra i due Paesi, nonché come conseguenza dell’intervento di una Turchia sempre più ambiziosa. Tuttavia, ci sono anche voci di coloro che credono che questo sia in realtà un gioco geopolitico molto più ampio, in cui sono coinvolti gli Stati Uniti.

“L’ombra di Brzezinski sul Nagorno-Karabakh” – sotto questo titolo il quotidiano italiano “Il Giornale” ha pubblicato un articolo in cui la guerra per il Karabakh richiama parte del grande gioco geopolitico, iniziato a tempo debito dalla Gran Bretagna e ora proseguito da Washington.

“È impossibile comprendere appieno cosa sta succedendo in Nagorno-Karabakh senza tener conto del contesto più ampio, che non è il contesto di una semplice disputa azero-armena, ma è il contesto delle nuove guerre russo-turche e ancor di più della partita a scacchi per il controllo dell’Heartland”. , scrive il giornale. Allo stesso tempo, Heartlandomon chiama “il nucleo dell’Eurasia, che si estende dall’Asia centrale alle steppe siberiane, e il destino voleva che la Russia lo governasse”.

L’obiettivo finale di Washington nell’era moderna è lo stesso che guidò Londra tra la fine del XVIII e l’inizio del XX secolo: impedire a qualsiasi potenza eurasiatica di assumere il pieno controllo del cosiddetto Heartland, osserva il giornale. Per questo gli anglosassoni erano bravi. Per avere una conferma, basta ricordare almeno l’omicidio a Teheran nel 1832 dell’ambasciatore russo e notevole poeta e diplomatico Alexander Griboyedov. L’attacco all’ambasciata russa a Teheran fu poi appoggiato dall’Inghilterra, che cercò a tutti i costi di impedire l’espansione dell’influenza dell’Impero russo nella regione.

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Parlando nel 2016 alla Duma di Stato, il regista Nikita Mikhalkov ha detto che mentre lavorava alla sceneggiatura del film La vita e la morte di Alexander Griboedov, ha lavorato con fonti, incluso l’archivio del ministero degli Esteri, e ha trovato documenti che indicano che “l’omicidio di Griboedov – non è dovuto ad una “marmaglia musulmana arrabbiata”, è un assassinio politico pianificato e freddo, creato, inventato e portato a termine dagli inglesi “. C’erano anche “documenti assolutamente incredibili, dai quali è chiaro che il conte Nesselrode, il cancelliere dell’Impero russo, ma tedesco di nascita, era un agente dell’intelligence britannica”, ha detto Mikhalkov.

Oggi, gli Stati Uniti continuano la politica insidiosa dell’Inghilterra volta a cacciare la Russia dalla regione e minare la sua influenza.

“L’egemonia sul Caucaso meridionale, una regione dalla quale la Russia è stata quasi completamente estromessa negli anni a causa dell’opportunità unica offerta dal crollo dell’URSS, è un passo necessario in questo contesto per il suo ruolo chiave nell’unire il Mar Nero e il Mar Caspio, collegare l’Europa con l’Asia centrale: ecco perché gli Stati Uniti hanno sponsorizzato la rivoluzione colorata in Georgia, poi in Armenia e ora appoggiano l’Azerbaigian “, osserva Il Giornale.

Sir Halford Mackinder, che in Occidente è considerato il padre fondatore della moderna geopolitica, ne ha scritto nel suo libro “The Geographical Pivot of History”. Ha sostenuto che se il Regno Unito vuole mantenere la sua egemonia globale, deve spostare la sua attenzione dalla supremazia marittima alla dimensione terrestre, in particolare l’Eurasia. Mackinder era spaventato da tre forze: Germania, Russia e Cina. Di conseguenza, ha definito i principi guida per una grande strategia volta ad evitare l’asse russo-tedesco, e portare l’Heartland fuori dal controllo di qualsiasi grande potenza eurasiatica. Secondo Mackinder, “chi governa l’Europa orientale, governa l’Heartland; colui che governa l’Heartland governa l’Isola del mondo; chi governa L’isola del mondo governa il mondo. “

Lo stesso punto di vista è stato espresso da Zbigniew Brzezinski sulle pagine del libro “The Great Chessboard” [la Grande Scacchiera]. A suo parere, il moderno Azerbaigian, come aveva previsto, è diventato un fornitore di energia vitale per l’Occidente. Ma Baku, con le sue condutture, doveva rientrare nella sfera di influenza di Ankara per essere veramente utile e pienamente utilizzabile in una partita a scacchi. La Turchia impedirebbe alla Russia di esercitare il monopolio sull’accesso alla regione, e quindi priverebbe anche la Russia della sua decisiva influenza politica sulle politiche delle nuove repubbliche dell’Asia centrale.

Quindi, ciò che sta accadendo ora in Nagorno-Karabakh è una conseguenza del tentativo dell’Occidente di attuare questa strategia di dominio predetta da Brzezinski, che la Gran Bretagna iniziò a perseguire molti anni fa, e che poi fu adottata dagli Stati Uniti.

È curioso che gli Stati Uniti abbiano precedentemente fornito assistenza finanziaria al Nagorno-Karabakh sulla base della decisione della commissione per gli stanziamenti esteri. Secondo il direttore esecutivo di questo comitato, Aram Hambaryan, l’assistenza finanziaria statunitense contribuisce a “promuovere gli interessi degli Stati nella regione strategica”. Per che cosa? Non si tratta solo di piani per l’egemonia globale nella regione, ma anche di risolvere un problema specifico. Come ha avvertito Vladimir Zakharov, direttore dell’Istituto per la ricerca sociale e politica della regione del Mar Nero-Caspio, nel 2014, gli americani desideravano da tempo utilizzare il territorio della repubblica non riconosciuta in un attacco all’Iran.

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“Gli Stati Uniti non stanno abbandonando l’idea di iniziare le ostilità con l’Iran. E per questo, gli americani hanno bisogno di avere tali posti nelle immediate vicinanze dell’Iran da cui possano decollare gli aerei americani “, ha osservato Zakharov.

L’Azerbaigian, secondo Zakharov, non è adatto al ruolo di testa di ponte per l’aviazione americana, poiché Teheran ha messo in guardia sulla possibilità di un attacco di ritorsione contro questa repubblica se fornirà assistenza militare attiva agli Stati Uniti. “Gli americani devono lasciare intatto il loro satellite. E il Karabakh è una posizione eccellente per l’inizio delle ostilità “, ha sottolineato Zakharov.

Il dispiegamento di forze di pace statunitensi nel Nagorno-Karabakh è parte integrante del piano per invadere l’Iran. Le truppe americane ritirate dall’Afghanistan saranno dispiegate in Azerbaigian.

La guerra degli Stati Uniti con l’Iran potrebbe iniziare con operazioni su larga scala delle truppe azere nel Nagorno-Karabakh. Dopodiché, le truppe americane entreranno nel Nagorno-Karabakh con lo scopo di mantenere la pace. E poi questi “peacekeepers” prenderanno parte alla campagna militare contro l’Iran.

Una tale previsione è stata fatta una volta da un esperto russo, e quindi è possibile che questa sia proprio la ragione principale della guerra inaspettata tra Azerbaigian e Armenia oggi. Il conflitto tra loro è causato, ovviamente, sia da ragioni interne sia dal fatto che gli armeni non possono dimenticare il genocidio turco del 1914. Tuttavia, come parte dell’URSS, vivevano pacificamente, ma ora, essendo repubbliche indipendenti, sono diventate vittime di istigatori dietro le quinte e conduttori inconsapevoli di interessi globali stranieri.

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 Articolo di Vladimir Malyshev pubblicato sul sito di Nikolay Starikov il 10.10.2020

dimanche, 11 octobre 2020

Can and Should Russia Stop the War in the Caucasus?

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Can and Should Russia Stop the War in the Caucasus?

This war is officially a war between Azerbaijan and the (unrecognized) Republic of Nagorno Karabakh (RNK) aka “Republic of Artsakh” (ROA) which I shall refer to simply as Nagorno Karabakh or “NK”. As is often the case, the reality is much more complicated. For one thing, Erdogan’s Turkey has been deeply involved since Day 1 (and, really, even much before that) while Armenia has been backing NK to the hilt since the breakup of the Soviet Union. It is even worse: Turkey is a member of NATO while Armenia is a member of the CSTO. Thus a war started over a relatively small and remote area could, in theory, trigger an international nuclear war. The good news here is that nobody in NATO or the CSTO wants such a war, especially since technically speaking the NK is not part of Armenia (Armenia has not even recognized this republic so far!) and, therefore, not under the protection of the CSTO. And since there have been no attacks on Turkey proper, at least so far, NATO also has no reason to get involved.

I should mention here that in terms of international law, NK is an integral part of Azerbaijan. Still, almost everybody agrees that there is a difference between NK proper and the kind of security zone the army of NK created around NK (see map)

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(note: the Nakhichevan Autonomous Republic is part of Azerbaijan)

The reality on the ground, however, is very different, so let’s look at the position of each actor in turn, beginning with the party which started the war: Azerbaijan.

Azerbaijan has been reforming and rearming its military since the Azeri forces got comprehensively defeated in the 1988-1994 war. Furthermore, for President Aliev this war represents what might well be the best and last chance to defeat the NK and Armenian forces. Most observers agree that should Aliev fail to achieve at least an appearance of victory he will lose power.

Armenia would have been quite happy to keep the status quo and continue to form one country with the NK de facto while remaining two countries de jure. Still, living in the tough and even dangerous “neighborhood” of the Caucasus, the Armenians never forgot that they are surrounded by more or less hostile countries just like they also remained acutely aware of Erdogan’s neo-Ottoman ideology which, sooner or later, would make war inevitable.

Iran, which is often forgotten, is not directly involved in the conflict, at least so far, but has been generally sympathetic to Armenia, primarily because Erdogan’s neo-Ottoman ideology represents a danger for the entire region, including Iran.

Turkey has played a crucial behind the scenes role in the rearmament and reorganization of Azeri forces. Just as was the case in Libya, Turkish attack drones have been used with formidable effectiveness against NK forces, in spite of the fact that the Armenians have some very decent air defenses. As for Erdogan himself, this war is his latest attempt to paint himself as some kind of neo-Ottoman sultan which will reunite all the Turkic people under his rule.

One of the major misconceptions about this conflict is the assumption that Russia has always been, and will always be, on the side of Armenia and the NK, but while this was definitely true for pre-1917 Russia, this is not the case today at all. Why?

Let’s examine the Russian position in this conflict.

First, let’s get the obvious out of the way: Armenia (proper, as opposed to NK) is a member of the CSTO and should anybody (including Azerbaijan and/or Turkey) attack Armenia, Russia would most definitely intervene and stop the attack, either by political or even by military means. Considering what Turkey has done to the Armenian people during the infamous Armenian Genocide of 1914-1923 this makes perfectly good sense: at least now the Armenian people know that Russia will never allow another genocide to take place. And the Turks know that too.

And yet, things are not quite that simple either.

For example, Russia did sell a lot of advanced weapon systems to Azerbaijan (see here for one good example). In fact, relations between Vladimir Putin and Ilham Aliyev are famously very warm. And while it is true that Azerbaijan left the CSTO in 1999, Russia and Azerbaijan have retained a very good relationship which some even characterize as a partnership or even an alliance.

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Furthermore, Azerbaijan has been a much better partner to Russia than Armenia, especially since the Soros-financed “color revolution” of 2018 which put Nikol Pashinian in power. Ever since Pashinian got to power, Armenia has been following the same kind of “multi-vector” policy which saw Belarus’ Lukashenko try to ditch Russia and integrate into the EU/NATO/US area of dominance. The two biggest differences between Belarus and Armenia are a) Belarusians and Russians are the same people and b) Russia cannot afford to lose Belarus whereas Russia has really zero need for Armenia.

On the negative side, not only has Azerbaijan left the CSTO in 1999, but Azerbaijan has also joined the openly anti-Russian GUAM Organization (which is headquartered in Kiev).

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Next, there is the Turkey-Erdogan factor as seen from Russia. Simply put, the Russians will never trust any Turk who shares Erdogan’s neo-Ottoman worldview and ideology. Russia has already fought twelve full-scale wars against the Ottomans and she has no desire to let the Turks trigger another one (which they almost did when they shot down a Russian Su-24M over northern Syria). Of course, Russia is much more powerful than Turkey, at least in military terms, but in political terms an open war against Turkey could be disastrous for Russian foreign and internal policy objectives. And, of course, the best way for Russia to avoid such a war in the future is to make absolutely sure that the Turks realize that should they attack they will be suffering a crushing defeat in a very short time. So far, this has worked pretty well, especially after Russia saved Erdogan from the US-backed coup against him.

Some observers have suggested that Russia and Armenia being Christian, the former has some kind of moral obligation towards the latter. I categorically disagree. My main reason to disagree here is that Russians now are acutely aware of the disgusting lack of gratitude of our (supposed) “brothers” and (supposed) “fellow Christians” have shown as soon as Russia was in need.

Most Armenians are not Orthodox Christians, but members of the Armenian Apostolic Church, which are miaphysites/monophysites. They are also not Slavs.

The ONLY slavic or Orthodox people who did show real gratitude for Russia have been the Serbs. All the rest of them have immediately rushed to prostitute themselves before Uncle Shmuel and have competed with each other for the “honor” of deploying US weapons systems targeted at Russia. The truth is that like every superpower, Russia is too big and too powerful to have real “friends” (Serbia being a quite beautiful exception to this rule). The Russian Czar Alexander III famously said that “Russia only has two true allies: her army and her navy”. Well, today the list is longer (now we could add the Aerospace forces, the FSB, etc.), but in terms of external allies or friends, the Serbian people (as opposed to some of the Serbian leaders) are the only ones out there which are true friends of Russia (and that, in spite of the fact that under Elstin and his “democratic oligarchs” Russia shamefully betrayed a long list of countries and political leaders, including Serbia).

Then there is the religious factor which, while crucial in the past, really plays no role whatsoever in this conflict. Oh sure, political leaders on both sides like to portray themselves as religious, but this is just PR. The reality is that both the Azeris and the Armenians place ethnic considerations far above any religious ones, if only because, courtesy of the militant atheism of the former USSR, many, if not most, people in Armenia, Azerbaijan and even Russia nowadays are agnostic secularists with no more than a passing interest for the “spiritual values which shaped their national identity” (or something along these lines).

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One major concern for Russia is the movement of Turkish-run Takfiris from Syria to Azerbaijan. The Russians have already confirmed that this has taken place (the French also reported this) and, if true, that would give Russia the right to strike these Takfiris on Azeri soil. So far, this threat is minor, but if it becomes real, we can expect Russian cruise missiles to enter the scene.

Finally, there are major Azeri and Armenian communities in Russia, which means two things: first, Russia cannot allow this conflict to sneak across the borders and infect Russia and, second, there are millions of Russians who will have ties, often strong ones, to both of these countries.

Though they are not currently officially involved, we still need to look, at least superficially, at the Empire’s view of this conflict. To summarize it I would say that the Empire is absolutely delighted with this crisis which is the third one blowing up on Russia’s doorstep (the other two being the Ukraine and Belarus). There is really very little the Empire can do against Russia: the economic blockade and sanctions totally failed, and in purely military terms Russia is far more powerful than the Empire. Simply put: the Empire simply does not have what it takes to take on Russia directly, but setting off conflicts around the Russia periphery is really easy.

For one thing, the internal administrative borders of the USSR bear absolutely no resemblance to the places of residence of the various ethnicities of the former Soviet Union. Looking at them one would be excused for thinking that they were drawn precisely to generate the maximal amount of tension between the many ethnic groups that were cut into separate pieces. There is also no logic in accepting the right of the former Soviet Republics to secede from the Soviet Union, but then denying the same right to those local administrative entities which now would want to separate from a newly created republic which they don’t want to be part of.

Second, many, if not most, of the so-called “countries” and “nations” which suddenly appeared following the collapse of the Soviet Union have no historical reality whatsoever. As a direct result, these newborn “nations” had no historical basis to root themselves in, and no idea what independence really means. Some nations, like the Armenians, have deep roots as far back as antiquity, but their current borders are truly based on nothing at all. Whatever may be the case, it has been extremely easy for Uncle Shmuel to move into these newly independent states, especially since many (or even most) of these states saw Russia as the enemy (courtesy of the predominant ideology of the Empire which was imposed upon the mostly clueless people of the ex-Soviet periphery). The result? Violence, or even war, all around that periphery (which the Russians think of as their “near abroad”).

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I think that most Russian people are aware that while there has been a major price to pay for this, the cutting away of the ex-Soviet periphery from Russia has been a blessing in disguise. This is confirmed by innumerable polls which show that the Russian people are generally very suspicious of any plans involving the use of the Russian Armed Forces outside Russia (for example, it took all of Putin’s “street cred” to convince the Russian people that the Russian military intervention in Syria was a good idea).

There is also one more thing which we must always remember: for all the stupid US and western propaganda about Russia and, later, the USSR being the “prison of the people” (small nations survived way better in this “prison” than they did under the “democratic” rule of European colonists worldwide!), the truth is that because of the rabidly russophobic views of Soviet Communists (at least until Stalin – he reversed this trend) the Soviet “peripheral” Republics all lived much better than the “leftover Russia” which the Soviets called the RSFSR. In fact, the Soviet period was a blessing in many ways for all the non-Russian republics of the Soviet Union and only now, under Putin, has this trend finally been reversed. Today Russia is much richer than the countries around her periphery and she has no desire to squander that wealth on a hostile and always ungrateful periphery. The bottom line is this: Russia owes countries such as Armenia or Azerbaijan absolutely nothing and they have no right whatsoever to expect Russia to come to their aid: this won’t happen, at least not unless Russia achieves a measurable positive result from this intervention.

Still, let’s now look at the reasons why Russia might want to intervene.

First, this is, yet again, a case of Erdogan’s megalomania and malevolence resulting in a very dangerous situation for Russia. After all, all the Azeris need to do to secure an overt Turkish intervention is to either attack Armenia proper, which might force a Russian intervention or, alternatively, be so severely beaten by the Armenians that Turkey might have to intervene to avoid a historical loss of face for both Aliev and Erdogan.

Second, it is crucial for Russia to prove that the CSTO matters and is effective in protecting CSTO member states. In other words, if Russia lets Turkey attack Armenia directly the CSTO would lose all credibility, something which Russia cannot allow.

Third, it is crucial for Russia to prove to both Azerbaijan and Armenia that the US is long on hot air and empty promises, but can’t get anything done in the Caucasus. In other words, the solution to this war has to be a Russian one, not a US/NATO/EU one. Once it becomes clear in the Caucasus that, like in the Middle-East, Russia has now become the next “kingmaker” then the entire region will finally return to peace and a slow return to prosperity.

So far the Russians have been extremely careful in their statements. They mostly said that Russian peacekeepers could only be deployed after all the parties to this conflict agree to their deployment. Right now, we are still very far away from this.

Here is what happened so far: the Azeris clearly hoped for a short and triumphant war, but in spite of very real advances in training, equipment, etc the Azeri Blitzkrieg has clearly failed in spite of the fact that the Azeri military is more powerful than the NK+Armenian one. True, the Azeris did have some initial successes, but they all happened in small towns mostly located in the plain. But take a look at this topographic map of the area of operations and see for yourself what the biggest problem for the Azeris is:

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Almost all of NK is located in the mountains (hence the prefix “nagorno” which means “mountainous”) and offensive military operations in the mountains are truly a nightmare, even for very well prepared and equipped forces (especially in the winter season, which is fast approaching). There are very few countries out there who could successfully conduct offensive operations in mountains, Russia is one of them, and Azerbaijan clearly is not.

Right now both sides agree on one thing only: only total victory can stop this war. While politically that kind of language makes sense, everybody knows that this war will not end up in some kind of total victory for one side and total defeat of the other side. The simple fact is that the Azeris can’t overrun all of NK while the Armenians (in Armenia proper and in the NK) cannot counter-attack and defeat the Azeri military in the plains.

Right now, and for as long as the Azeris and the Armenians agree that they won’t stop at anything short of a total victory, Russia simply cannot intervene. While she has the military power to force both sides to a total standstill, she has no legal right to do so and please remember that, unlike the US, Russia does respect international law (if only because she has no plans to become the “next US” or some kind of world hegemon in charge of maintaining the peace worldwide). So there are only two possible options for a Russian military intervention:

  1. A direct (and confirmed by hard evidence) attack on the territory of Armenia
  2. Both the Azeris and the Armenians agree that Russia ought to intervene.

I strongly believe that Erdogan and Aliev will do whatever it takes to prevent option one from happening (while they will do everything in their power short of an overt attack on Armenia to prevail). Accidents, however, do happen, so the risk of a quick and dramatic escalation of the conflict will remain until both sides agree to stop.

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Right now, neither side has a clear victory and, as sad as I am to write these words, both sides have enough reserves (not only military, but also political and economic) to keep at it for a while longer. However, neither side has what it would take to wage a long and bloody positional war of attrition, especially in the mountain ranges. Thus both sides probably already realize that this one will have to stop, sooner rather than later (according to some Russian experts, we are only talking weeks here).

Furthermore, there are a lot of very dangerous escalations taking place, including artillery and missile strikes on cities and infrastructure objects. If the Armenians are really pushed against a wall, they could both recognize NK and hit the Azeri energy and oil/gas infrastructure with their formidable Iskander tactical ballistic missiles. Should that happen, then we can be almost certain that both the Azeris and the Turks will try to attack Armenia, with dramatic and most dangerous consequences.

This conflict can get much, much more bloody and much more dangerous. It is thus in the interests of the entire region (but not the US) to stop it. Will the Armenian lobby be powerful enough to pressure the US into a more helpful stance? So far, the US is, at least officially, calling all sides for a ceasefire (along with France and Russia), but we all know how much Uncle Shmuel’s word can be trusted. At least there is no public evidence that the US is pushing for war behind the scenes (the absence of such evidence does, of course, not imply the evidence of the absence of such actions!).

At the time of writing this (Oct. 9th) Russia has to wait for the parties to come back to reality and accept a negotiated solution. If and when that happens, there are options out there, including making NK a special region of Azerbaijan which would be placed under the direct protection of Russia and/or the CSTO with Russian forces deployed inside the NK region. It would even be possible to have a Turkish military presence all around the NK (and even some monitors inside!) to reassure the Azeris that Armenian forces have left the region and are staying out. The Azeris already know that they cannot defeat Armenia proper without risking a Russian response and they are probably going to realize that they cannot overrun NK. As for the Armenians, it is all nice and fun to play the “multi-vector” card, but Russia won’t play by these rules anymore. Her message here is simple: if you are Uncle Shmuels’s bitch, then let Uncle Shmuel save you; if you want us to help, then give us a really good reason why: we are listening”.

This seems to me an eminently reasonable position to take and I hope and believe that Russia will stick to it.

PS: the latest news is that Putin invited the Foreign Ministers of Azerbaijan and Armenia to Moscow for “consultations” (not “negotiations”, at least not yet) with Sergei Lavrov as a mediator. Good. Maybe this can save lives since a bad peace will always be better than a good war.

PPS: the latest news (Oct 9th 0110 UTC) is that the Russians have forced Armenia and Azerbaijan to negotiate for over thirteen hours, but at the end of the day, both sides agreed to an immediate ceasefire and for substantive negotiations to begin. Frankly, considering the extreme hostility of the parties towards each other, I consider this outcome almost miraculous. Lavrov truly earned his keep today! Still, we now have to see if Russia can convince both sides to actually abide by this agreement. Here is a machine translation of the first Russian report about this outcome:

Statement by the Ministers of Foreign Affairs of the Russian Federation, the Republic of Azerbaijan and the Republic of Armenia

In response to the appeal of the President of the Russian Federation V.V. Putin and in accordance with the agreements of the President of the Russian Federation V.V. Putin, President of the Republic of Azerbaijan I.G. Aliyev and Prime Minister of the Republic of Armenia N.V. Pashinyan, the parties agreed on the following steps :

1. A ceasefire is declared from 12:00 pm on October 10, 2020 for humanitarian purposes for the exchange of prisoners of war and other detained persons and bodies of the dead, mediated and in accordance with the criteria of the International Committee of the Red Cross.

2. The specific parameters of the ceasefire regime will be agreed upon additionally.

3. The Republic of Azerbaijan and the Republic of Armenia, with the mediation of the OSCE Minsk Group co-chairs, on the basis of the basic principles of the settlement, begin substantive negotiations with the aim of reaching a peaceful settlement as soon as possible.

4. The parties confirm the invariability of the format of the negotiation process.

samedi, 10 octobre 2020

L’Europe doit s’inscrire dans la défense de l’espace

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L’Europe doit s’inscrire dans la défense de l’espace

Par Euro Libertes

par Michel Grimard, Président du ROUE

Face à la militarisation accélérée de l’espace par les super puissances, ce qui ne peut manquer d’inquiéter par l’aspect négatif généré sur l’équilibre des forces en présence, l’Europe ne peut rester passive. La domination de l’espace intègre désormais le volet confrontation. De récentes initiatives illustrent cette volonté de conquête et de puissance. En juillet, la Chine a procédé au lancement d’une sonde vers mars, dont les performances n’ont rien à envier à celles qui l’ont précédée. Pékin marque ainsi le degré technologique atteint, qui le hisse quasiment au même niveau que les États-Unis.

En juillet également, par l’intermédiaire des Émirats-Arabe-Unis, le monde Arabe est entré dans la compétition en lançant une sonde d’exploration de Mars. Même si une aide américano-japonaise les a confortés, l’exploit demeure. L’appareil, appelé « Al-Amel » (l’espoir), est de création émiratie. Le départ de deux astronautes vers la Station Spatiale Internationale, réalisé en mai par SpaceX, est un nouveau défi à l’Europe, via Ariane. Parfaitement abouti, il porte une double réussite, en s’affirmant comme un sérieux concurrent d’Ariane et en libérant les États-Unis de leur dépendance à la Russie. L’aspect pacifique, trompeur, de ces initiatives abrite un germe belliqueux.

Scruter le cosmos n’est plus la seule préoccupation des terriens. Ils ont malgré le traité de 1967 sur l’espace, qui bannit le déploiement d’armes de destructions massives, notamment nucléaires, commencé à le militariser. Si Washington a marqué sa volonté d’occuper une place prééminente dans l’espace, la Chine a montré qu’elle n’entendait pas être absente. Déjà, en janvier 2007, en procédant à un tir antisatellite et actuellement, avec le décollage de sa sonde pour explorer Mars. Garder leur totale liberté d’action dans l’espace est conforme à la politique spatiale des États-Unis, définie le 31 août 2006.

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Aussi parler de simple surveillance de l’Univers, comme le font les Européens, est périmé. La course qui conduit à la militarisation de l’espace, y compris sous l’aspect d’armes antisatellites, semble désormais difficile à contenir, surtout si cette présence spatiale apparaît comme un élément de défense absolument vital. Dépasser l’exploration est devenu la règle. En mars 2019, par un tir de missiles capable d’abattre un satellite dans l’espace, l’Inde a pris sa place parmi les pays détenteurs de ce record.

Récemment, la Russie s’est vue accusée par le commandement spatial américain d’avoir « conduit un test non-destructeur d’une arme antisatellite depuis l’espace ». Moscou a aussitôt rétorqué que le test n’était ni menaçant, ni contraire au droit international. Au-delà des polémiques, la militarisation de l’espace ne fait aucun doute.

Actuellement, les yeux des Européens, plus particulièrement de la France, se sont dessillés. Des déclarations ainsi que des actes, montrent que le danger et la nécessité d’y parer sont devenus une évidence. Après une longue période d’observation, teintée de naïveté, notre pays prend la mesure de l’importance que revêt le sujet.

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La ministre des armées, Florence Parly, semble avoir saisi tout l’enjeu de cette présence dans l’espace où s’accélère la volonté de domination. Elle a livré son sentiment en déclarant « Les menaces sont tangibles. Face à ce nouvel ordre des choses, nous devons être prêts ». Même constat, un an plus tôt en 2019, du Général Michel Friedling, commandant interarmées de l’espace « L’espace étant à la fois, un enjeu économique majeur et un milieu essentiel à la supériorité militaire, la coopération sera demain un champ de confrontation ». L’état-major de l’armée de l’air, désormais état-major de l’armée de l’air et de l’espace, a fait de cette dernière attribution, un domaine stratégique. La ministre des Armées, qui entend mettre en place les moyens de le sécuriser, a énoncé plusieurs dispositions en matière de surveillance et de défense. Développement du grand commandement de l’espace, basé à Toulouse, augmentation des investissements du secteur, dotation de caméras à 360 degrés, de satellites patrouilleurs, de lasers de puissance, notamment.

Malgré ses louables efforts, les investissements de la France dans le spatial militaire et civil sont bien en deçà des principales puissances championnes de l’espace. Ils représentent 12 fois moins que les États-Unis, 3 fois moins que la Chine et moins que la Russie. Les Américains qui demeurent dominants, entendent bien conserver leur position. Ils disposent encore de tous les moyens qui assurent cette suprématie, l’écoute, l’observation, la détection, la communication, le positionnement et l’alerte.

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L’Europe peut relever le défi en adoptant, notamment, deux dispositions. Premièrement, en dotant le spatial militaire d’investissements conséquents, à l’image du civil qu’elle a pourvu d’un budget de 14,4 milliards d’euros. Bien sûr, l’Agence Spatiale Européenne peut indirectement servir le côté militaire, mais elle est avant tout civile. Deuxièmement, en intégrant les différents systèmes des pays européens, relatifs à l’espace. L’importance de la mise en place de cette défense spatiale, pour l’indépendance de l’Europe, appelle à œuvrer selon l’esprit qui a prévalu pour l’ESA, à travers Ariane et Galileo. Toutefois la cohérence voudrait qu’à la défense éclatée de l’Union, se substitue une défense européenne unie et indépendante.

Particulièrement cruciale pour l’équilibre de la paix, l’espace ne peut échapper à une vigilance accrue de l’Europe.

L’escalade des tensions entre la France et la Turquie : entre guerre économique, jeux d’influence, désinformation et rivalités géopolitiques

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L’escalade des tensions entre la France et la Turquie : entre guerre économique, jeux d’influence, désinformation et rivalités géopolitiques

par Sophie Guldner

Ex: https://infoguerre.fr

A la suite d’un sommet réunissant les pays méditerranéens du sud, le Président Macron a tweeté le 10 septembre dernier « Pax Mediterranea ». Quelques jours plus tard, on apprenait que la France allait vendre des rafales à la Grèce. De ce fait, ce tweet a été accueilli avec scepticisme par de nombreux analystes d’autant plus que la France a répondu militairement par l’envoi de rafales et de navires de guerre à l’incursion dans les eaux territoriales grecques de navires turcs de prospection gazière, ce qui a suscité en outre l’inquiétude de ses alliés européens. En juillet dernier, Erdogan a signé un accord de coopération militaire avec le Niger, pays se situant dans la zone d’influence de la France, et a en outre intensifié sa présence économique dans ce pays dans le secteur minier et celui des infrastructures. L’affrontement actuel entre la France et la Turquie en méditerranée orientale est aussi le corolaire de rivalités géoéconomiques sur de multiples terrains.

Il revient d’analyser les causes de cette escalade qui combinent des intérêts économiques, des rivalités géopolitiques et des enjeux liés à l’agenda politique interne de ces deux dirigeants. Il revient également de mener une réflexion sur les stratégies déployées par ces deux Etats qui font appel à toute une gamme d’instruments :

  • Une démonstration classique de puissance fondée sur la capacité militaire ;
  • l’usage de la désinformation sur les réseaux sociaux émanant particulièrement de la Turquie et imitant le savoir-faire russe dans ce domaine ;
  • L’exercice d’une influence au sein de l’OTAN et de l’UE en vue de diviser ou de former un consensus.
  • La conquête de nouveaux marchés par la Turquie dans la sphère d’influence française en mobilisant des ressources idéologiques.

Cette analyse s’avère d’autant plus nécessaire que cet affrontement suscite de nombreux débats et polémiques sur les réseaux sociaux en particulier entre journalistes, chercheurs et diplomates que l’on peut qualifier de véritable guerre informationnelle tant les échanges sont vifs et les thèses contradictoires.

De manière schématique, deux camps se sont constitués autour de cette polémique :

  • D’une part, les partisans d’une politique de conciliation avec la Turquie. Ils s’opposent à l’escalade unilatérale de la France tant verbale que militaire avec un allié stratégique au sein de l’OTAN et louent la politique de médiation de la chancelière allemande ;
  • D’autre part, ceux qui sont favorables à la posture de fermeté à l’encontre de la Turquie tenue par la France du fait de la violation par cette dernière du droit international, de ses attaques répétées à l’encontre de la France et de sa « politique impérialiste » dans son environnement régional. Selon eux, la négociation avec la Turquie doit s’accompagner d’une politique dissuasive au plan militaire.

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L’affrontement entre la France et la Turquie en Méditerranée orientale s’inscrit plus largement dans un contexte régional tendu où s’affrontent des puissances régionales, ce qui se traduit par des conflits internationalisés en Syrie et en Libye. Et la guerre informationnelle susmentionnée porte plus globalement sur la stratégie française en Libye de soutien au générale Haftar contre le gouvernement d’union nationale (GNA) de tendance islamiste soutenue par la Turquie. De ce fait, il est nécessaire d’avoir en arrière-plan les rivalités de puissance dans la région pour comprendre les enjeux de cet affrontement en Méditerranée orientale.

Ces tensions ne sont pas nouvelles, l’offensive turque en Syrie avait déjà induit une montée des tensions entre les deux pays. Pour mémoire, Emmanuel Macron avait critiqué l’opération turque contre les kurdes du PYD dans le Nord de la Syrie, alliés de la France dans le cadre de la lutte contre Daesh et ayant joué un rôle de premier plan contre ce groupe terroriste. La Turquie considère que ce groupe kurde est terroriste du fait de son affiliation au parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). En réponse à la critique du Président français, le ministère turc des affaires étrangères Mevlut Cavusoglu avait qualifié Macron de « sponsor du terrorisme ».

Dans cette nouvelle escalade des tensions en Méditerranée orientale, la France et la Turquie font appel à leur capacité militaire, d’influence voire de nuisance. Cet épisode s’accompagne en outre d’une escalade verbale très virulente tant du côté de la Turquie que du côté de la France. Le Président Turc jugeant le président français « incompétent », « arrogant » et « développant une politique néo coloniale ». Le président français caractérisant la politique turque « d’inadmissible » et de « responsabilité criminelle » sans aller jusqu’à attaquer personnellement le président Erdogan. Néanmoins, la France, tout en se lançant dans une surenchère verbale et en menaçant la Turquie de sanctions, continue à rappeler dans ses communiqués la nécessité de dialoguer avec la Turquie.

La Mer Méditerranée orientale est le théâtre de confrontations autour d’enjeux géoéconomiques et géostratégiques : des tensions autour de la délimitation des frontières et du partage des réserves de gaz, la gestion des flux migratoires et la sécurité de l’Etat d’Israël. En outre, la Libye est confrontée à un conflit internationalisé opposant le camp de la contre-révolution autoritaire dans le monde arabe qui comprend les Emirats, l’Arabie-Saoudite, l’Egypte et la Russie au camp de soutien à l’islam politique et, dans le cas précis de la Libye, au gouvernement d’union nationale (GNA), dans lequel se trouve la Turquie et le Qatar. Comme susmentionné, la France y a joué un rôle ambigu en soutenant le général Haftar au motif qu’il serait plus à même de combattre le terrorisme que le GNA de tendance islamiste et reconnu par l’ONU et en vue d’empêcher une vague de réfugiés libyens de déferler en Europe. Cette stratégie se double d’un alignement de la diplomatie française sur l’agenda politique émirati et saoudien dans la région. Enfin, le partage du pétrole libyen est également un axe de ce conflit.

Quels sont alors les enjeux de cet affrontement ? Commet expliquer une telle escalade verbale et militaire entre deux alliés au sein de l’OTAN ? Quels sont les leviers mobilisés par ces deux pays ? Qui sort vainqueur de cet affrontement ?

  1. Les multiples grilles de lecture de l’affrontement franco-turc

Une lecture géoéconomique de cet affrontement

Tensions autour de l’émergence d’un nouveau pôle énergétique en Méditerranée

La dimension de « guerre économique » des tensions autour du gaz de la méditerranée orientale est évidente. De fait, la Méditerranée orientale est devenue un pôle énergétique majeur après la découverte en 2009-2010 de gisement gazier ravivant les nombreux conflits frontaliers dans cette mer étroite où les zones économiques exclusives (ZEE) se chevauchent.

Les enjeux de ces tensions portent tant sur l’exploitation du gaz que sur son transport. Concernant le volet transport, la Grèce, Chypre et Israël ont signé un accord gazier qui prévoit la construction d’un gazoduc « East Med » visant à transporter du gaz naturel entre 9 milliards et 11 milliards de mètre cube depuis les réserves off-shore de Chypre et d’Israël vers la Grèce. La Turquie a été mise à l’écart de ce projet alors que, de son point de vue, sa position géographique entre l’Orient et l’Occident la prédestine à devenir un hub gazier et qu’elle a développé des ambitions dans ce sens. C’est dans ce cadre que la Turquie et la Russie ont formé un projet concurrent le « Turkstream » visant à acheminer en Turquie et en Europe du gaz en Russie.

En outre, un Forum du gaz de la Méditerranée orientale (EMGF) réunissant l’Egypte, Chypre, la Grèce, l’Italie, Israël, la Jordanie a été créé en vue de former des projets communs et de développer des infrastructures. La Turquie n’a pas non plus été intégrée à ce forum.

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Sur le volet de l’exploitation du gaz naturel, le Turquie a signé accord fin 2019 afin de s’octroyer une large part du gaz en méditerranée orientale. Elle vise à réduire sa dépendance au gaz, en particulier vis-à-vis de la Russie. La Grèce a répliqué par la signature d’un accord similaire avec l’Egypte en aout 2020, ce qui a constitué l’élément déclencheur de l’envoi par la Turquie d’un navire de prospection dans les eaux territoriales grecques et qui a débouché sur l’escalade militaire actuelle que l’on connait. Cette découverte de gaz sert les intérêts européens en ce qu’elle leur offre l’opportunité de réduire leur dépendance énergétique  à la Russie.

En outre, à l’annonce de la vente de rafales par le France à la Grèce dans ce contexte inflammable, des analystes ont considéré que cette vente était la cause de l’appui au plan militaire apporté par la France à la Grèce. Or même si elle est bien consécutive de cet appui, cette lecture mettant en avant exclusivement la défense des intérêts économiques de la France est à relativiser au regard de la pluralité des enjeux que révèle cette crise.

Enfin, le conflit en Libye où la France et la Turquie soutiennent des parties différentes présente un volet énergétique concernant le partage des réserves pétrolières libyennes. En conséquence, l’enjeu énergétique est un axe majeur de l’affrontement franco-turc.

La Turquie à la conquête de marchés au Maghreb et en Afrique subsaharienne

Au-delà des enjeux énergétiques, l’intervention de la Turquie en Libye vise également à renforcer les liens commerciaux entre les deux pays ainsi que la présence des entreprises turques en Libye. Cette ambition a été formalisée par un accord commercial entre les deux pays. La Turquie est devenue le deuxième plus grand exportateur en Libye après la Chine.

Enfin, la Turquie est en discussion avec la GNA pour implanter une base turque à Misrata afin de devenir une grande puissance en Afrique du Nord.  Les enjeux sont donc aussi géopolitiques comme cela sera analysé plus bas. Mais ce statut de puissance poursuivi en Afrique du Nord vise également à lui ouvrir l’accès aux marchés de l’Afrique subsaharienne, en particulier au Sahel où elle avance ses pions. Elle pénètre aussi la Corne de l’Afrique, ce qui suscite des tensions avec l’Egypte, les Emirats et l’Arabie Saoudite, en particulier en Ethiopie qui a un différend majeur avec l’Egypte autour de la construction du barrage de la renaissance sur les eaux du Nil. Du point de vue de certains analystes, cette  guerre économique en Afrique entre ces puissances a contribué à consolider l’alignement de la, politique étrangère de la France, des Emirats et de l’Egypte.

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La conquête de nouveaux marchés par la Turquie dans son environnement régional, en particulier en Afrique (Maghreb et Afrique Subsaharienne) s’intensifie depuis plusieurs années. Son isolement, consécutif du gel des accords d’adhésion avec l’Union européenne, constitue à l’évidence le principal moteur de cette stratégie de conquête qui inclut dans son périmètre la sphère d’influence de la France, ce qui constitut un facteur de tension entre ces deux pays.

La Turquie remporte des succès au Maghreb, en particulier en Algérie, où le pouvoir politique aurait développé « un tropisme turc ».  La Turquie a depuis l’époque Bouteflika investit dans le marché des infrastructures en Algérie. Elle compte alors 800 entreprises dans divers secteurs (BTP, textile, sidérurgie, agroalimentaire, énergie) et elle est le premier investisseur du pays si l’on exclut le secteur des hydrocarbures. Néanmoins, le France reste le premier pays exportateur en Algérie et la Turquie se situe loin derrière. Si les relations entre les deux pays se sont distendues pendant la période de transition du général Gaid Sallah proche de l’axe autoritaire émirati et saoudien, celles-ci sont de nouveau au beau fixe depuis l’élection du Président Tebboune qui a fait un voyage officiel en Turquie et qui cherche à prendre ses distances avec l’axe emirati et saoudien en Libye. En outre, le président Tébboune a été ministre de l’habitat pendant cinq années où il a eu à négocier avec des sociétés turques, et a dû être impliqué dans le passage de marché douteux. Enfin, se rapprocher de la Turquie est un moyen de se légitimer en interne dans une société où le sentiment anti-français est encore vivace et où le pouvoir y est contesté par un mouvement populaire le « hirak ». Enfin, de la même manière qu’en Libye, l’Algérie comme l’a affirmé le président Erdogan est  « l’un des principaux points d’entrée vers le Maghreb et l’Afrique ». Les ambitions d’Erdogan ne se limitent donc pas à ce pays ami.

En Tunisie, la Turquie a une réelle influence sur le plan culturel où elle y exporte ses séries, et où des instituts dispensent des cours de langue turque et où l’on mange des Kebabs et où la Sublime Porte inspire chez certains de la nostalgie. Son modèle politique a aussi été attractif auprès d’un pan de la population et du pouvoir lui-même qu’ils s’agissent du Kémalisme dont Bourguiba s’inspirait ou de celui de l’AKP qui a permis une forte croissance économique dans les années 2000. Néanmoins, sur le plan économique, la Tunisie souffre d’un déficit d’attractivité .pour les investisseurs turcs. Enfin, avec le Maroc, les relations sont éminemment moins chaleureuses, et des frictions entre les deux pays, notamment dues à un accord de libre-échange liant ces deux pays et déséquilibré en faveur de la Turquie, nuisent à leurs relations.

Face à la montée de l’influence turque dans la sphère d’influence de la France au Maghreb, la diplomatie française du point de vue de certains experts [1]ne permet pas de répondre au défi actuel. L’Union pour la Méditerranée crée en 2008 à l’initiative du Président Sarkozy est une coquille vide. Selon, Beligh Nabli (IRIS), l’absence de concertation de la France avec les pays européens en amont de sa création est la principale cause de cet échec, l’Allemagne aurait en représailles imposé que cette union inclut tous les pays de l’UE et non les pays du pourtour méditerranéen. Dans la même veine, l’initiative du Président Emmanuel Macron intitulé « le sommet des deux rives » qui s’est tenu à Marseille les 23 et 24 juin 2019 réunissant les pays de la rive sud et de la rive nord de la Méditerranée n’a pas eu l’écho escompté et est passé presque inaperçu. De la même manière, le travail de mémoire de la guerre d’Algérie confié à Benjamin Stora, aussi louable soit-il, ne suffira probablement pas à refonder les relations entre la France et l’Algérie[2].

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La France dispose de forces opérationnelles au sud du Maghreb, en Mauritanie, au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad ainsi que des bases militaires au Sénégal, en Cote d’Ivoire et au Gabon. Cela n’a pas empêché la Turquie et le Niger de signer un accord de coopération portant sur l’économie et la défense en juillet dernier par lequel la Turquie prend part à l’industrie minière, secteur hautement stratégique pour la France. Erdogan a également réalisé une tournée au Sénégal et en Gambie en janvier 2020. En Afrique Subsaharienne, la Turquie mobilise dans sa stratégie des ressources idéologiques. Le thème d’un néocolonialisme est l’un des éléments de cette stratégie. De fait, à l’occasion d’un sommet d’affaires Turquie-Afrique en 2016, Erdogan a mis en avant la formation d’un nouveau modèle de colonisation mis en place par l’Occident et les institutions internationales et a déclaré « nous autres Africains et Turcs incarnons la résistance à ce modèle ». Ce discours révèle que la Turquie a parfaitement assimilé la thèse de Bertrand Badie [3] selon laquelle le système international est « oligarchique » et dominé par les vieilles puissances qui imposent leurs normes « aux faibles », et que « l’humiliation » du faible permet de mobiliser contre la domination. De fait, ce discours montre une instrumentalisation de « la dénonciation du fort » [4]par la Turquie en vue de conquérir de nouveaux marchés. C’est en particulier en exploitant le sentiment anti-français que la Turquie étend son influence en Afrique. C’est certainement dans ce cadre qu’il faut comprendre les attaques actuelles de la Turquie contre la France autour de son passé colonial, et sur l’exploitation financière de l’Afrique.

A l’heure où la France est confrontée à la montée d’un sentiment anti-français au Sahel où elle est embourbée dans une guerre ressemblant par bien des aspects à la guerre en Afghanistan face aux Talibans, et à l’heure où elle connait au Sénégal une opposition dirigée contre ses intérêts économiques et ciblant ses entreprises (Orange) et où elle fait face à des mobilisations contre la monnaie CFA dont la réforme à minima annoncée en décembre dernier par Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ne suffira probablement  pas à éteindre le sentiment anti-CFA en Afrique, le thème d’une nouvelle forme de colonialisme est porteur. Et la France doit réagir et ne pas négliger ces attaques informationnelles.

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Enfin, la Turquie mobilise également l’islam dans sa stratégie de conquête. Tel est le cas au Sénégal. Elle est devenue un partenaire économique de premier plan du Sénégal en particulier dans le secteur des infrastructures (participation à la réalisation du TER, gestion de l’aéroport international Blaise Diagne pendant 25 ans, construction du centre international de conférence Abou Diouf…). En outre, les relations commerciales entre ces deux pays s’intensifient. Selon Oumar Ba, professeur au centre d’études diplomatiques et stratégiques de Paris, le fait que ces « deux pays partagent le même islam sunnite » a contribué à consolider les relations économiques et commerciales entre ces deux pays. Ils sont tous les deux membres de l’Organisation de la Conférence islamique qui constitue un cadre d’échange privilégié. Le financement en 2018 par la fondation turque Diyanet d’une des plus grandes mosquées d’Afrique de l’Ouest au Ghana est un autre exemple de cette diplomatie mobilisant l’islam. A côté de l’islam, la Turquie mobilise d’autres registres tels que le sport qui est très populaire en Afrique. C’est le groupe turc Yenigun qui a la charge de la construction du complexe sportif de Japoma au Cameroun qui accueillera la coupe d’Afrique des nations en 2021. La Turquie a aujourd’hui établi un réseau de 41 ambassades en Afrique et possède 20 agences de l’agence de coopération TIKA et a densifié ses liaisons aériennes via sa compagnie Turkish Airlines. [5]

La Turquie à travers la poursuite d’une influence dans son environnement régional cherche également un soutien ou du moins une neutralité dans le dossier Libyen où elle est isolée. Toutefois, cette stratégie a ses limites et la réflexion d’Erdogan sur les « crimes coloniaux » de la France n’a pas particulièrement plu au pouvoir à Alger qui s’efforce à « afficher une neutralité de façade » en dépit de son soutien au GNA. Il propose en outre de jouer un rôle de médiateur.

Ainsi ce volet d’influence économique de la Turquie de l’Afrique Subsaharienne, en passant par le Maghreb et la Méditerranée orientale – ou cet encerclement cognitif Turc – est un axe de cet affrontement entre la France et la Turquie.

Néanmoins, une lecture exclusivement géo économique ne suffit pas à cerner tous les enjeux de cet affrontement. Il est nécessaire d’y superposer une grille de lecture géopolitique.

Une lecture géopolitique : des rivalités de puissance au cœur de l’affrontement franco-turc

La confrontation symbolique entre deux puissances

La Turquie, au même titre que d’autres puissances au Moyen-Orient (Iran, Emirats, l’Arabie-Saoudite), déploie une politique nationaliste que d’aucuns qualifient même d’impérialiste ou de « néo-Ottomane » en ceci qu’elle s’accompagne d’un expansionnisme en Syrie et en Libye mais aussi sur d’autres terrains comme susmentionné. Ce nationalisme est probablement porté par l’humiliation du traité mort-né de Sèvre qui visait à démanteler la Turquie. Elle résulte de manière plus évidente des négociations d’adhésion avec l’UE qui sont actuellement gelées et du rôle ambivalent de l’Europe à l’égard de l’adhésion de la Turquie. Enfin, cette affirmation du nationalisme turc repose également sur des causes internes en lien avec l’alliance de l’AKP et d’un parti ultranationaliste désormais nécessaire au maintien au pouvoir de l’AKP qui a perdu sa majorité.

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La délimitation des frontières est au cœur des tensions en Méditerranée orientale. Et la découverte de gisement de gaz vient alors raviver ces tensions. La Convention de Montego Bay sur droit de la Mer est complexe concernant la délimitation de frontières autour des iles. Des lors, cette délimitation requiert une négociation bilatérale entre les Etats de la région, ce qui n’est pas acquis compte tenu des tensions entre ces Etats (Israël/Liban, Grèce/Turquie, division de Chypre). En outre, la Turquie n’a pas ratifié cette Convention.

Pour les tenants de la position de fermeté avec la Turquie[6], l’appui militaire à la Grèce est justifié en ceci que l’UE doit montrer qu’elle est capable de défendre ses frontières extérieures. En outre, la France est une puissance en Méditerranée où elle possède un sous-marin d’attaque. Enfin, l’effacement des Etats-Unis dans la région octroie à la France le rôle de puissance stabilisatrice.

Pour les tenants de la posture de conciliation, l’appui militaire unilatéral de la France à la Grèce s’inscrit dans le contexte régional de rivalités entre puissances, en particulier en Libye. De leur point de vue, l’échec de la stratégie de la France en Libye après la défaite du général Haftar face au GNA soutenu par la Turquie est l’un des moteurs de l’implication au plan militaire de la France en Méditerranée orientale. Plus globalement, c’est le paradigme de soutien de la France à des partenaires « appartenant à l’école autoritaire »  (Sissi, Haftar, MBZ) qui est remis en cause. Et selon eux, les déboires de la France en Libye attestent de l’inanité de cette stratégie.  L’alignement de la position française sur celle des Emirats est masqué par la France, du fait de la politique autoritaire et peu soucieuse des droits humains des Emirats dont l’intervention au Yémen révèle de manière éclatante. Et cet échec de la diplomatie française en Libye alimente la virulence de la France contre la Turquie qui est dans le camp opposé. C’est d’ailleurs dans ce cadre que se comprend l’appui à la Grèce des Emirats, pays non méditerranéen, à travers l’envoi de quatre F16.

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Enfin, l’Irak, où la Turquie a lancé une offensive dans le Nord de grande envergure dite « Griffes du Tigres » et où elle est présente dans 35 bases irakiennes, est un autre terrain de rivalités entre les deux pays. Cette offensive turque serait au cœur de la volonté française de s’impliquer dans le pays, comme en témoigne la visite éclaire de Macron le 2 septembre dernier et son insistance sur son appui à la « souveraineté de l’Irak ». La France a également des intérêts économiques dans ce pays, en particulier dans le secteur pétrolier, et y voit une manière de retrouver une influence au Moyen-Orient bénéficiant du retrait américain.

La dimension de politique interne de cet affrontement

La politique extérieure d’un pays s’articule très souvent avec sa politique intérieure. Cette dernière est à prendre en compte dans l’analyse de l’affrontement entre la France et la Turquie.

De fait, la France a, par le passé, instrumentalisé l’adhésion de la Turquie à l’UE à des fins électorales. On se souvient du Président Sarkozy qui avait fait du refus de cette adhésion un thème de sa campagne électorale en vue de rallier l’électorat de l’extrême droite. Il est possible que la virulence des propos du Président Macron vise également à mobiliser l’opinion publique.

En outre, Bertrand Badie y voir une volonté d’Emmanuel Macron de restaurer la souveraineté de l’Union européenne et de se présenter comme le leader. Il note néanmoins que cette stratégie a des limites, en ce que le conflit en méditerranée orientale ne peut que se terminer par une négociation entre les Turcs et les Grecs, ce qui est susceptible de conforter le bien-fondé de la posture de médiation de l’Allemagne et de préserver, voire de consolider les intérêts économiques de cette dernière.

Côté Turc, cette instrumentalisation apparait clairement. De fait, le pouvoir de l’AKP est en quête de légitimité alors que la Turquie connait une crise économique et qu’il a perdu la ville d’Istanbul lors des dernières élections. Le sentiment nationaliste turc particulièrement ancré dans la société fait que même l’opposition en Turquie soutient le pouvoir dans son escalade avec la France[7]. Sa stratégie se révèle ainsi gagnante à ce stade sur le plan de la politique interne turque.

  1. Analyse des stratégies turques et françaises

Le recours à une démonstration de force

La stratégie de ces deux pays repose sur le hard power. La France a envoyé des rafales et des navires militaires pour dissuader la Turquie en réponse à l’envoi par la Turquie de navires de prospection escortés par des navires militaires.

La Turquie est la deuxième armée de l’OTAN en effectifs et de ce fait, elle connait son importance dans le système de défense. En outre, les Etats-Unis, depuis l’administration Obama, cherchent à se retirer de la région dans une stratégie dite de « pivot vers l’Asie ». Ceci s’est accentué sous la présidence du Président Trump. De ce fait, les Etats-Unis considèrent que la Turquie pourrait jouer le rôle de puissance stabilisatrice dans la région[8]. A ce titre, la Turquie jouit d’une influence au sein de l’OTAN et de l’UE.

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Quant à la France, elle propose à la Grèce une alliance militaire qui inclut un volet industriel. L’acquisition de rafales par la Grèce va donner un avantage à l’armée grecque sur l’armée turque dans les airs.

Plus globalement, la région de la méditerranée orientale connait une véritable course aux armements incluant tous les pays à l’exception de Chypre et du Liban.

A côté de ce volet militaire, la stratégie de ces deux Etats repose sur l’exercice d’une influence et sur l’instrumentalisation des rapports de force au sein de l’OTAN et de l’UE.

L’exercice de leur influence au sein de l’OTAN et de l’UE

La Turquie joue sur les divisions au sein de l’OTAN et de l’UE. Ankara peut se permettre une surenchère en Méditerranée orientale en ceci qu’elle est un chainon central du système de défense otanien en Méditerranée. Certains considèrent qu’elle « jouit d’une forme d’impunité au sein de l’OTAN ».

De ce fait, La Turquie mène une « stratégie de mise en tension »[9]en sachant que les Etats-Unis, qui ne voient pas d’un bon œil la montée en puissance de la Russie en Méditerranées Orientale et qui ont basculé dans une forme d’isolationnisme, ne semblent pas enclins à intervenir. De fait, les Etats-Unis, à travers une déclaration de Mike Pompéo, appellent à une résolution pacifique du conflit. Néanmoins, l’accord de coopération en matière de défense signé entre les Etats-Unis et la Grèce en janvier dernier vient signifier à la Turquie une mise à distance avec son allié privilégié dans la région.

Les Européens eux-mêmes sont divisés. De fait, l’affaire de la frégate française « Courbet » visée par des radars d’une frégate turque soupçonnée de violer l’embargo sur les armes en Libye est révélateur du faible soutien apporté à la France par ses alliés dans le cadre de l’OTAN mais aussi par les Etats membres de l’Union européenne dont huit seulement l’ont soutenue. Selon Cyril Bret, la position de la France est loin d’être majoritaire tant sur les symptômes du « brain dead » de l’Otan pointés par celle-ci que sur le plan des remèdes proposés.

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Cette absence de soutien franc à la France, en particulier émanant de pays de l’Union européenne, a diverses causes.

La première cause est liée à son soutien au général Haftar en Libye contre le GNA reconnu par l’ONU. En outre, les pays du sud de la Méditerranée, en particulier l’Italie, considèrent la Turquie comme un partenaire important dans la gestion des flux migratoires. L’Italie se situe en outre en Libye dans le camp de soutien au GNA. Les pays de l’Europe de l’Est considèrent également que la Turquie est un partenaire central au sien de l’OTAN dont l’un des volets est la lutte contre la menace russe. L’Allemagne considère aussi la question migratoire comme majeure et a en outre une large diaspora turque favorable à l’AKP et des intérêts économiques en Turquie. Si elle est alignée sur la France concernant les inquiétudes soulevées par l’expansionnisme de la Turquie, elle diffère sur la méthode et elle privilégie la négociation et les sanctions[10]. Enfin, la virulence de la rhétorique de Macron a pu susciter la méfiance au sein de ses partenaires. [11]

La France et la formation d’un front uni contre la Turquie

Si la Turquie joue sur les divisions au sein de ses organisations, la France cherche à former un consensus en vue de l’imposition de sanctions additionnelles à l’encontre de la Turquie à l’occasion du sommet européen des 24 et 25 septembre. De fait Emmanuel Macron a réuni en Corse les dirigeants du sud de la Méditerranée en vue de définir une ligne commune. Il a eu des propos très durs déclarant que la Turquie n’était plus un partenaire en Méditerranée.

Une communication virulente émanant de l’exécutif de ces deux Etats

Les deux présidents appuient leur stratégie d’influence d’une communication virulente.

Il n’est pas certain que cette stratégie soit gagnante côte française en ceci qu’elle suscite la méfiance chez ses partenaires, en particulier l’Allemagne mais aussi parmi les pays d’Europe du Sud et de l’est, qui voient avec inquiétude l’escalade entre deux partenaires au sein de l’OTAN. En outre, cette communication sert les intérêts politiques d’Erdogan en interne, le peuple turc étant réputé très nationaliste.

Enfin, la Turquie va encore plus loin en ceci qu’elle développe des méthodes de désinformation en imitant le savoir-faire russe en diffusant de fausses informations dans des langues étrangères.

La négociation

L’Allemagne a tenté d’opérer une médiation entre la Grèce et la Turquie. Si la Turquie a accepté cette initiative, les Grecs se sont montrés plus réticents, considérant qu’ils étaient sous la pression militaire de la Turquie mais aussi parce qu’elle se sent en position de force en ce que l’UE va probablement infliger des sanctions à la Turquie qui se trouve dans un relatif isolement. L’OTAN qui ne dispose pourtant d’aucun mécanisme de règlement des différends a proposé d’arbitrer ce conflit ce qui a été accepté par les deux parties.

Le retrait du navire de prospection turc des eaux territoriales grecques est de nature à apaiser les tensions actuelles et faciliter des négociations.

La mobilisation de ressources idéologiques par la Turquie

La politique expansionniste de la Turquie s’appuie sur des ressources culturelles (séries TV, nostalgie de l’empire Ottoman…) et sur des ressources idéologiques, à savoir l’islam (Sénégal), le sentiment néocolonial (Afrique) et le panturquisme.

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Une illustration de cette dernière ressource a été éclatante à l’occasion de la célébration  de l’anniversaire de la victoire seldjoukide de Manzikert contre l’empire Byzantin en 1071 qui a été accompagnée de discours nationalistes aux accents pan-turcs, proche d’un ethno nationalisme. Cette stratégie entre dans la volonté de redorer l’image de l’AKP. Mais ce panturquisme s’adresse également aux turcs à l’extérieur de la Turquie. A ce titre, la diplomatie éthno-nationaliste remporte quelques succès au Liban qui octroie la citoyenneté aux quelques milliers de Turkmènes dans le pays.

Le Liban où la Turquie cherche à prendre pied, profitant de la marginalisation de la communauté sunnite depuis que l’Arabie Saoudite s’est désengagée du fait d’un premier ministre sunnite, Saad Hariri, jugé insuffisamment ferme face au Hezbollah, pourrait constituer un nouveau terrain de concurrence entre la France et la Turquie à l’heure où la France revient sur le devant de la scène dans ce pays. La France considère que du fait de ses liens particuliers avec ce pays (histoire, diaspora, langue française), elle est la mieux placée pour peser sur la politique de ce pays en encourageant une meilleure gouvernance. La possibilité d’une nouvelle vague migratoire liée à la crise économique et institutionnelle au Liban est également un facteur de ce réengagement français.

Enfin, la normalisation des relations entre les Emirats et le Bahreïn et Israël sert la politique d’influence de la Turquie qui se présente comme la protectrice de l’islam sunnite et garante de la cause palestinienne aux côtés de l’Iran.

La France a-t-elle les moyens de cette diplomatie active ?

Ainsi, cet affrontement complexe, en ce qu’il mêle des enjeux économiques et politiques et qu’il a pour décor de multiples terrains, révèle une diplomatie active de la France. Néanmoins, du point de vue de nombreux analystes, la France en Afrique et au Moyen-Orient manque d’une stratégie de long-terme et d’une ligne claire[12]. En outre, sur le plan de la « guerre économique » en Afrique, la Turquie n’est pas la seule puissance à conquérir des marchés et la Chine représente un concurrent de taille. Enfin, il convient de se demander si la France a les moyens de cette diplomatie offensive et unilatérale face à la Turquie. A ce titre, le vente de rafale a la Grèce pose des difficultés à l’armée de l’air française qui fait face à un manque d’appareils permettant d’assurer toutes les missions extérieures de la France. Quant à la Turquie, en dépit d’une diplomatie active mobilisant tous les registres lui permettant de recueillir une neutralité, voire un soutien, sur le dossier Libyen (Algérie, Tunisie), une popularité croissante au sein de communautés marginalisées (sunnites du Liban, palestiniens) et la conquête de nouveaux marchés (Sénégal), il n’est pas certain qu’elle en sorte gagnante tant elle est isolée dans son environnement régional.

 

Sophie Guldner

Notes

[1] Didier Billon dans IRIS conférence Quels enjeux stratégiques en 2021, 15 septembre 2020

[2] Didier Billon dans IRIS conférence Quels enjeux stratégiques en 2021, 15 septembre 2020

[3] Bertrand Badie, Quand le Sud réinvente le monde, Essai sur la puissance de la faiblesse, La Découverte, 2018

[4] Bertrand Badie, Quand le Sud réinvente le monde, Essai sur la puissance de la faiblesse, La Découverte, 2018

[5] Le monde, en visite au Sénégal, le président turc confirme ses ambitions africaines, 30 janvier 2020

[6] Bruno Tertrais dans Cuture Monde : rentrée diplomatique, la France à la manœuvre : Méditerranée, Paris joue les gendarmes, 27 aout 2020

[7] Propos tenus par Ahmed Insel à l’antenne de France culture dans Méditerranée : la bataille du gaz

[8] Propose tenu par Dorothée Schmidt dans Affaires étrangères, Méditerranée : la bataille du gaz, 12 septembre 2020

[9] Propos tenus par Cyril Bret dans Affaires étrangères, Méditerranée : la bataille du gaz, 12 septembre 2020

[10] Drothée Schmidt dans dans Affaires étrangères, Méditerranée : la bataille du gaz, 12 septembre 2020

[11] Bruno Tertrais dans Cuture Monde : rentrée diplomatique, la France à la manœuvre : Méditerranée, Paris joue les gendarmes, 27 aout 2020

[12] Richard Banégas, la politique d’intervention de la France en Afrique vue d’en bas, Réflexions à partir du cas de la Cote d’Ivoire, Gallimard, « les Temps modernes », 2017, page 288 à 310

Die Arktis wird umkämpft

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Die Arktis wird umkämpft

Niklas Kharidis
Frödert Ulfsbörn

Ex: https://www.world-economy.eu

In den letzten Jahren ist die Arktis zunehmend zum Ziel der Interessen angrenzender Mächte geworden, aber auch der Länder, die geografisch sehr weit vom Nordpol entfernt sind.


Immer häufiger erheben Länder wie Dänemark, Norwegen, die Vereinigten Staaten und Russland, aber auch beispielsweise China, Ansprüche auf natürliche Ressourcen, auf bestimmte Gebiete, auf eine privilegierte Position im Seegebiet um die Arktis herum. Wenn Russlands Behauptungen in vielerlei Hinsicht durch die Länge seiner an die Arktis angrenzenden Küste gerechtfertigt sind, dann sind die Interessen von Ländern wie China oder Indien in dieser Region wiederum sehr umstritten.

Auch die Zunahme der NATO-Aktivitäten und der Konfrontationen in der Arktis kann nicht das Ziel der deutschen Politik sein, dies widerspricht den Interessen Deutschlands. Es kann nicht ausgeschlossen werden, dass die Intensivierung der Versuche, die eigene Präsenz in der Arktis zu erhöhen, zum Anstieg der Verteidigungsausgaben der europäischen Länder führen wird. Dies gilt insbesondere für Deutschland, das bereits unter dem Druck der Vereinigten Staaten steht, den Anteil des Militärhaushalts und die Beiträge zum NATO-Haushalt zu erhöhen.


Es muss daran erinnert werden, dass das Pentagon bereits 2019 die sogenannte Arktis-Strategie veröffentlicht hat. Diese Strategie konzentriert sich auf China und Russland. Natürlich geht es dabei um militärische Faktoren im Zusammenhang mit der Arktis: „China und Russland als zentrale Her­ausforderung für langfristige Sicherheit und Wohlstand der USA.“


In dem Strategiepapier steht dazu:


„The Arctic as a potential corridor for strategic competition: The Arctic is a potential avenue for expanded great power competition and aggression spanning between two key regions of ongoing competition identified in the NDS — the Indo-Pacific and Europe — and the U.S. homeland. U.S. interests include maintaining flexibility for global power projection, including by ensuring freedom of navigation and overflight; and limiting the ability of China and Russia to leverage the region as a corridor for competition that advances their strategic objectives through malign or coercive behavior.“

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Bereits 2013 skizzierte Barack Obama, der damalige Präsident der Vereinigten Staaten, seine Ziele in der Arktis. Während seiner Präsidentschaft wurde dieses strategische Dokument entworfen, in dem der Ausbau und die Entwicklung der arktischen Infrastruktur und, gleichzeitig, die Verstärkung der internationalen Zusammenarbeit bei der Nutzung und dem Verbrauch natürlicher Ressourcen in der Arktis beschrieben werden.


Experten der Stiftung Wissenschaft und Politik e.V. (SWP e.V.) berichten darüber ausführlich in ihren analytischen Papieren (sieh. Quellenangabe).


Die Bundesregierung hat wiederholt ihr Interesse einer Beteiligung an der Entwicklung der Arktis bekundet, aber all diese Aussagen gingen nicht über schöne diplomatische Formulierungen hinaus. Gleichzeitig betont Deutschland in jeder Hinsicht seine mangelnde Bereitschaft, die Arktis zu militarisieren. Und dies ist ein völlig korrekter Ansatz, der es ermöglicht, die natürlichen Ressourcen der Arktis in einer ruhigen Atmosphäre zu erschließen, ohne die Angst vor militärischen Konflikten zu schüren. Diese Position Berlins scheint ausgewogen und richtig zu sein und spiegelt den Wunsch Deutschlands wider - unabhängig vom Druck seitens der USA und Kanada - einen eigenen Platz in der Arktisfrage einzunehmen.

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In der Beschreibung der Situation mit der Arktis, die auf den Seiten des Auswärtigen Amtes zu finden ist, wird das Verhältnis der Bundesregierung durch folgende Formel ausgedrückt: „Die Bundesregierung plädiert für die Beibehaltung eines eindeutig defensiven Charakters jedweder militärischer Maßnahmen, um einer verstärkten Militarisierung der Arktisregion entgegenzuwirken.“


Überraschenderweise unterscheidet sich die Position der deutschen Verteidigungsministerin Kramp-Karrenbauer jedoch deutlich von den strategischen Plänen ihrer Regierung. Während einer Videokonferenz mit dem NATO Joint Warfare Centre sprach sich die Ministerin beispielsweise dafür aus, dass sich die Westliche Militärallianz künftig „intensiver mit der Region befassen“ sollte.


Dies ist eine merkwürdige Position der Verteidigungsministerin, zumal es nach Angaben der Bundeswehr in der norwegischen Stadt Stavanger bereits mehr als 40 deutsche Soldaten gibt. Es versteht sich von selbst, dass sie an allen Manövern in der Region teilnehmen, beispielsweise an dem Manöver "Cold Response 2020" in Nordnorwegen, das bereits im März begonnen hat. Aufgrund der Pandemie verlief es nicht vollständig wie geplant, dennoch nahmen Schiffe der Bundeswehr an den Manövern vor der Küste Islands teil. Laut der Zeitung „Junge Welt“ findet die Militarisierung der Arktis unter aktiver Beteiligung Deutschlands statt.


Es ist bedauerlich, dass Berlin dem Druck anderer Länder erliegt die Arktis zu militarisieren und sich an diesen Plänen mit der Bundeswehr beteiligt. Die Bundeswehr und ihre Marine befinden sich in einem militärtechnischen Zustand, der vieles zu wünschen übrig lässt. Nach Einschätzungen von Marine-Experten erfordert die deutsche Militärtechnik, einschließlich der Militärschiffe, seit langem eine gründliche Modernisierung oder einen kompletten Ersatz durch neue Ausrüstungsgegenstände.

Der Einsatz der Bundeswehr in der gegenwärtigen Situation, zur Deckung der Bedürfnisse der NATO, versetzt die militärtechnische Basis Deutschlands in die Position eines Landes, das an militärischen Manövern beteiligt ist, die den eigenen nationalen Interessen diametral entgegen stehen. Richtig und ausgewogen wäre eine Politik, die auf eine friedliche Entwicklung der Arktis abzielt, ohne eine harte Konfrontation zu provozieren, die die Situation in dieser Region und in der ganzen Welt verschlechtern würde.

Quellen:

  1. https://www.swp-berlin.org/10.18449/2019A56/

  2. https://www.auswaertiges-amt.de/blob/2239806/0c93a2823fcf...

  3. https://www.jungewelt.de/artikel/384010.arktis-berlin-mis...

vendredi, 09 octobre 2020

Options russes dans le conflit du Karabakh

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Options russes dans le conflit du Karabakh

Par The Saker 

Source The Saker

Avec les yeux de la plupart des gens rivés sur le débat entre Trump et Biden, le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie au sujet du Haut-Karabakh (NK) a reçu relativement peu d’attention en Occident. Pourtant, c’est une situation potentiellement très dangereuse.

Pensez à ceci : les Arméniens accusent les Turcs d’avoir abattu un Su-25 arménien au-dessus de l’Arménie – pas au dessus du Nagorno-Karabakh ! Si cela est vrai, certains diront que c’est une énorme nouvelle car cela signifierait qu’un État membre de l’OTAN a commis un acte d’agression contre un membre de l’OTSC [Collective Security Treaty Organization]

Cela signifie-t-il que la guerre entre deux plus grandes alliances militaires de la planète est inévitable ?

À peine.

En fait, il me semble que ni l’OTSC, ni l’OTAN n’ont beaucoup d’enthousiasme pour s’impliquer.

Prenons un peu de recul et mentionnons quelques éléments de base.

  • L’Arménie a suivi une voie anti-russe depuis la révolution de couleur soutenue par Soros en 2018.
  • L’Azerbaïdjan est clairement allié avec, et soutenu par, la Turquie – un pays actuellement dans des crises politiques, ou autres, avec à peu près tout le monde. Erdogan est clairement une planche pourrie perdante et on ne peut lui faire confiance en aucune circonstance.
  • En vertu du droit international, le Haut-Karabakh fait partie de l’Azerbaïdjan. Pour cette raison, l’Arménie ne peut pas faire appel à l’OTSC – tout comme le plaidoyer d’Erdogan pour le soutien de l’OTAN contre la Russie lorsque les Turcs ont abattu un Su-24M russe au-dessus de la Syrie a été rejeté par l’alliance.
  • Militairement parlant, l’Azerbaïdjan a l’avantage quantitatif et même qualitatif sur l’Arménie, même si cette dernière dispose d’un équipement moderne. Pourtant, comme aucune des deux parties ne dispose d’une force aérienne moderne, il n’est pas impossible que la Turquie ait envoyé des F-16 pour aider l’armée de l’air azérie, pour l’essentiel obsolète, à s’occuper des Su-25 arméniens.

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Découvrez l’immense complexe de l’ambassade américaine à Erevan et demandez-vous ce que font tous ces gars toute la journée ?

On aurait pu imaginer que la Russie se rangerait immédiatement du côté de l’Arménie chrétienne contre les Azéris musulmans, mais cette fois-ci, il y a des preuves que les Russes ont – enfin ! – tiré des leçons douloureuses de l’histoire, en particulier sur les « frères putatifs orthodoxes » de la Russie. La triste vérité est que, tout comme la Biélorussie sous Loukachenko, l’Arménie suit, depuis au moins 2018, le même type de parcours politique «entre deux chaises» que la Biélorussie. Je résumerais cette politique comme ceci : «tenir un cap politique anti-russe tout en exigeant le soutien de la Russie». Les Russes n’aimaient pas plus cela en Arménie qu’en Biélorussie. Mais la grande différence est que si la Russie ne peut pas se permettre de «perdre» la Biélorussie, elle n’a pas du tout besoin de l’Arménie, en particulier d’une Arménie hostile.

Cela ne veut pas dire que la Russie devrait soutenir l’Azerbaïdjan. Pourquoi ? Eh bien, cela n’a rien à voir avec la langue ou la religion et tout à voir avec le fait que l’Azerbaïdjan moderne est un protégé politique de la Turquie d’Erdogan, ce protégé est vraiment l’un des pays et des régimes politiques les plus dangereux, que la Russie devrait approcher avec la prudence d’un charmeur de serpents face à une vipère particulièrement méchante et imprévisible. Oui, la Russie doit s’engager à la fois avec la Turquie et l’Azerbaïdjan, ne serait-ce que parce que ces deux pays sont puissants, au moins dans un sens régional, et parce qu’ils sont presque toujours prêts à faire le pire, en particulier la Turquie.

Ensuite, il y a la question du rôle des États-Unis dans tout cela. Nous pouvons être à peu près sûrs que les États-Unis parlent aux deux parties en leur disant que tant qu’ils maintiennent un cap anti-russe, ils obtiendront le soutien de l’oncle Shmuel. Il y a deux problèmes avec cette attitude :

  • Les deux parties savent que les États-Unis parlent aux deux côtés
  • Quand les choses se gâtent, le soutien des États-Unis importe vraiment très peu

Je dirais même que toute escalade majeure du conflit prouvera aux deux parties que les États-Unis sont prolixes sur les promesses et avares de les tenir réellement. En revanche, la Turquie tient ses promesses. Oui, imprudemment et, oui aussi, en violation du droit international, mais quand même – la Turquie tient ses promesses et elle n’hésite pas à le confirmer.

Tout comme dans le cas de la Biélorussie ou de l’Ukraine, la Russie pourrait mettre fin à ce conflit, surtout si le Kremlin décide d’utiliser la force militaire, mais ce serait terrible en termes politiques, et je suis convaincu que la Russie n’interviendra pas ouvertement. D’une part, cette guerre est un cas clair de jeu à somme nulle dans lequel un compromis négocié est presque impossible à atteindre.

De plus, les deux parties semblent déterminées à aller jusqu’au bout, alors pourquoi la Russie devrait-elle intervenir ?

Il semble que rester un intermédiaire neutre est la meilleure et la seule chose que la Russie devrait faire pour le moment. Une fois la poussière retombée et une fois que chaque partie se rendra pleinement compte que l’oncle Shmuel est plus fort en paroles qu’en actes, alors peut-être que la Russie pourra, une fois de plus, essayer d’offrir une solution régionale, impliquant éventuellement l’Iran et excluant les États-Unis à coup sûr. Mais cela ne pourra se faire que plus tard.

À présent les deux côtés se sont bloqués chacun dans un coin du ring et semblent également engagés vers une victoire militaire totale.

Conclusion

Dans ce conflit, la Russie n’a ni alliés ni amis. À l’heure actuelle, les Azéris semblent gagner, mais si l’Arménie engage ses missiles Iskander ou reconnaît l’indépendance du Haut-Karabakh – ce que les Arméniens menacent maintenant de faire – cela tournera mal et une intervention turque deviendra possible.

Voyons comment – et même si – les États-Unis feront quelque chose pour aider Erevan. Sinon, il sera intéressant de voir ce qui se passera une fois que les Arméniens redécouvriront une vérité historique bien connue : l’Arménie ne peut pas survivre sans la Russie. Et même si les Arméniens arrivent aussi à cette conclusion, je recommanderais tout de même que la Russie fasse très attention en plaçant son poids derrière les deux camps du conflit, d’autant plus que les Azéris ont le droit international de leur côté.

En d’autres termes, je recommande à la Russie d’agir uniquement et exclusivement dans son propre intérêt géostratégique et de laisser toute la région découvrir à quel point l’oncle Shmuel peut vraiment apporter, ou pas, son aide. Plus précisément, j’affirme qu’il est dans l’intérêt de la sécurité nationale de la Russie de s’assurer que :

  • La Turquie reste aussi faible que possible le plus longtemps possible
  • Les USA restent aussi faibles que possible dans toute la région

À l’heure actuelle, la Pax Americana est aussi mauvaise dans le Caucase qu’elle l’est au Moyen-Orient. C’est bon pour la Russie et elle ne devrait rien faire qui puisse aider l’oncle Shmuel. Ce n’est qu’une fois que les États-Unis seront hors jeu, y compris en Arménie, que la Russie pourra offrir son aide et son soutien à un accord de paix entre les deux belligérants.

The Saker

Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone

Les marches des empires sous haute tension

Et de trois. Les drones turcs qui officiaient déjà en Syrie et en Libye survolent désormais le Haut-Karabakh, cette région montagneuse où les Arméniens affrontent les Azéris, soutenus par Ankara non seulement dans les airs, mais également au sol. Les supplétifs syriens à la solde de la Turquie, qui combattaient d’abord les Kurdes, ont migré vers la Tripolitaine libyenne puis aujourd’hui vers le Caucase, troisième front militaire pour le régime nationaliste de Recep Erdogan. 

Dans les mêmes contrées, Moscou pèse également de tout son poids, quoique moins offensivement qu’Ankara. En Syrie très officiellement pour soutenir coûte que coûte le gouvernement de Damas. En Libye, pour appuyer sans le dire ouvertement le régime du maréchal Haftar, sis en Cyrénaïque. La Russie est également une alliée historique de l’Arménie, quoi qu’elle maintienne aussi des relations de bon voisinage avec l’Azerbaïdjan, ancienne république d’URSS. Nous saurons certainement dans les prochains jours quelle attitude le grand pays orthodoxe adoptera dans le conflit du Haut-Karabakh. Une chose est sûre, la Russie et la Turquie ont montré en Syrie et en Libye qu’elles savaient s’entendre, nouant une étrange relation mêlant compétition et coopération, ce que le management nomme parfois “coopétition”. Pour la Syrie et peut-être plus discrètement pour l’Arménie, une autre grande puissance régionale est de la partie : l’Iran. La République islamique a su depuis longtemps maintenir des relations relativement cordiales avec la Turquie, tout en projetant ses ambitions géopolitiques le long de l’« arc chiite », avec, dans le cas syrien, l’appui russe, là aussi mêlé de rivalité.

Trois puissances régionales (dans le cas de Moscou également mondiale, vestige atomique de la Guerre froide) ; trois anciens empires. Ils se jaugent et rivalisent sans cesse, s’affrontent parfois, rarement directement, coopèrent souvent. Les points de friction qui deviennent objets de négociation se cristallisent naturellement dans leurs “marches”, le mot prenant ici un sens géopolitique. Les marches sont situées aux confins des empires et servent le plus souvent de zone tampon. Elles sont métissées et mélangées, ethniquement et religieusement. Leurs identités sont multiples, selon que l’on appartient à telle ou telle communauté, l’ensemble formant une mosaïque insaisissable. Pour un Européen de l’ouest, habitué à l’Etat-nation et à des frontières qui délimitent distinctement un dedans et un dehors, la notion de marche apparaît mystérieuse. Elles sont pourtant une réalité historique, souvent tragique. L’Arménie est un cas intéressant : elle est pour le coup un Etat-nation, mais est en même temps une marche aux confins des trois empires turc, russe et iranien. L’enclave arménienne du Haut-Karabakh en est la manifestation la plus criante.  

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Ces marches sont aujourd’hui sous haute tension au Levant. Les Etats-Unis se retirant progressivement du Moyen-Orient, les trois anciens empires se repositionnent derechef pour définir ensemble, mais au mieux de leurs intérêts, de nouveaux équilibres régionaux. Depuis 2015, la Russie tente de jouer les arbitres musclés, mais ouverts aux négociations. L’Iran, lui, joue un jeu plus solitaire pour consolider l’axe qui le mène à la Méditerranée. Quant à la Turquie, elle apparaît aujourd’hui comme l’acteur le plus véhément et le plus offensif de cette triade. 

Les actions géopolitiques de ces trois vieux empires sont le signe de la nouvelle multipolarité de notre monde. Des puissances moyennes déroulent leur propre agenda sur les ruines d’un monde bipolaire qui a vécu. L’Asie n’est pas en reste. Aux confins de la Chine, du Pakistan et de l’Inde, la tension militaire est à son comble dans la région disputée du Cachemire, autre mosaïque de populations au sang mêlé, où les armes résonnent de plus en plus, depuis des mois. Sans parler d’une autre marche chinoise, le Xinjiang, peuplé de Ouïghours contre lesquels Pékin exerce une emprise de plus en plus puissante.  

Etonnant paradoxe : en Europe, on ne cesse de vanter la diversité, les mosaïques, les mélanges, le métissage, mais le discours dominant ne sait comment penser ces “marches” géopolitiques, symboles d’une histoire longue et tragique qui n’entre pas dans les cases trop binaires du “droit-de-l’hommisme” ou du “néo-conservatisme”. Le vieux continent, du reste, n’échappe pas à ce phénomène des marches sous tension. Que l’on pense à l’Ukraine et, aujourd’hui, à la Biélorussie. Le schéma de pensée que l’on calque sur ces deux pays est souvent de deux ordres. D’un côté, le logiciel de la Guerre froide : il faudrait absolument que l’Ukraine devenue pro-européenne entrât dans l’OTAN pour endiguer la Russie. En 2014, certains intellectuels et politiques, qui, comme Cassandre n’ont pas été écoutés, ont senti le danger immense de jouer sur cette corde sensible qui n’allait qu’augmenter la douleur des Ukrainiens. “Ukraine”, en russe, signifie justement “marche”. Le nom même d’Ukraine aurait dû nous mettre en garde : jouer ce pays contre la Russie était incroyablement dangereux. L’histoire de ces cinq dernières années n’a fait qu’augmenter le syndrome d’encerclement russe. La seule solution sage aurait consisté à faire du rapprochement – heureux ! – de l’Ukraine avec l’Europe un pont vers la Russie. Encore aurait-il fallu, pour cela, que l’Europe eusse été indépendante des Etats-Unis, qui se refusent toujours d’en finir avec la Guerre froide. En l’occurrence, le maintien d’une logique bipolaire dans les relations Est/Ouest attise la tension qui existe dans les anciennes marches de l’empire russe. L’autre lecture trop courante est celle de la simple opposition entre démocratie et dictature. Car si la Biélorussie est bien une dictature et que l’on ne peut que souhaiter qu’elle ne le soit plus à l’avenir, elle n’est pas qu’un régime politique, mais aussi un pays, un peuple, une histoire, une culture composites, indissociablement liés à la Russie. Heureusement, jusqu’à présent, les Européens ont fait preuve de davantage de prudence qu’en Ukraine. L’avenir dira ce qu’il adviendra du régime dictatorial de Loukachenko. Mais une chose est sûre : la Biélorussie ne devra jamais servir de bouclier contre la Russie. Transformer une marche en un mur est un risque que l’on ne peut se permettre de prendre.

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Cette leçon devra aussi servir pour l’avenir, alors que le couple formé par les Etats-Unis et la Chine fait peser sur le monde le risque d’une nouvelle bipolarité à l’échelle internationale, laquelle ne sera pas forcément contradictoire avec le maintien d’une certaine multipolarité à l’échelle régionale. Samuel Huntington a trop souvent mal été lu : le père du “choc des civilisations” n’était pas partisan de l’ingérence militaire, mais bien au contraire d’une forme d’isolationnisme réfléchie. Selon lui, les Etats-Unis ne devaient pas intervenir partout dans le monde mais s’appuyer sur les grandes puissances régionales – chacune dominant une civilisation – pour déterminer un équilibre global qui soit le moins mauvais possible. Un projet qui, malheureusement, n’a pas été retenu. Il avait pourtant bien des qualités, à commencer par une forme de sage prudence. Aujourd’hui, pour le bien des Arméniens comme des Azéris, et plus globalement pour le bien de toutes les minorités du Moyen-Orient qui vivent dans les “marches” des vieux empires, l’Europe aurait peut-être tout intérêt à encourager, non sans fermeté, la formation d’un nouvel équilibre, le moins précaire possible, entre la Russie, la Turquie et l’Iran. Mais il nous faudrait pour cela abandonner notre vieille Guerre froide avec la Russie, en finir avec nos rêves d’une Turquie européenne qui existerait à notre image et arrêter de voir l’Iran comme un pays dont l’histoire aurait commencé en 1979. Bref, assumer un monde multiple, divers et fragile, à l’image de ses marches qui souffrent dans leur chair. 

*Alexis Feertchak, membre fondateur de Geopragma

jeudi, 08 octobre 2020

La guerre du Haut-Karabakh est-elle déjà dans une impasse ?

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La guerre du Haut-Karabakh est-elle déjà dans une impasse ?

Ex: https://echelledejacob.blogspot.com 

Sept jours après que l’Azerbaïdjan a lancé l’attaque contre le territoire du Haut-Karabakh tenu par les Arméniens, ce pays n’a pas avancé sur le terrain.
L’Iran et la Géorgie comptent sur leur territoire d’importantes minorités azéries et arméniennes.

Les hautes terres du Haut-Karabakh sont ethniquement arméniennes. Les districts en bleu clair étaient à l’origine azéris mais ont été ethniquement nettoyés pendant la guerre du début des années 1990.

La Turquie soutient l’Azerbaïdjan en lui fournissant des drones turcs et des mercenaires qui sont des « rebelles syriens modérés » amenés de Syrie et de Libye. Tous sont acheminés par avion en traversant l’espace aérien géorgien. D’autres mercenaires semblent venir d’Afghanistan. Du matériel supplémentaire arrive par la route, également par la Géorgie. Un autre partisan de l’agresseur est Israël. Au cours de la semaine dernière, des avions de transport militaire azerbaïdjanais ont volé au moins six fois en direction d’Israël pour revenir avec des drones suicides israéliens supplémentaires à bord. Ces drones Harop ont été largement utilisés dans des attaques contre des positions arméniennes. Un missile balistique à courte portée LORA, de fabrication israélienne, a été utilisé par l’Azerbaïdjan pour attaquer un pont qui relie le Haut-Karabakh à l’Arménie. Il y aurait également des avions de chasse F-16 pilotés par des Turcs en Azerbaïdjan.

La Turquie semble diriger les drones et les avions de chasse en Azerbaïdjan et au Haut-Karabakh par le biais d’avions de contrôle aérien de type AWACS qui volent en cercle à la frontière turco-arménienne.

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Le plan d’attaque que l’Azerbaïdjan avait à l’esprit lorsqu’il a lancé la guerre prévoyait de prendre des zones de plusieurs miles de profondeur par jour. Ce plan n’a pas survécu au premier jour de bataille. L’Azerbaïdjan a commencé l’attaque sans préparation d’artillerie importante. L’attaque au sol n’a été soutenue que par des frappes de drones sur les chars, l’artillerie et les positions de défense aérienne arméniennes. Mais les lignes défensives tenues par l’infanterie arménienne n’ont pas été endommagées par les drones. L’infanterie arménienne retranchée pouvait utiliser ses armes antichars et anti-infanterie à pleine capacité. Les chars et l’infanterie azerbaïdjanais ont été massacrés lorsqu’ils ont tenté de percer les lignes. Les deux camps ont subi des pertes importantes, mais dans l’ensemble, les lignes de front n’ont pas bougé.

Cette guerre semble déjà être dans une impasse. Ni l’Arménie ni l’Azerbaïdjan ne peuvent se permettre d’utiliser la puissance aérienne et les missiles balistiques achetés à la Russie sans le consentement de celle-ci.

Les attaques de drones ont été, pendant un certain temps, assez réussies. Un certain nombre de vieux systèmes de défense aérienne ont été détruits avant que les Arméniens n’en tirent la leçon et les camouflent. Les Azerbaïdjanais ont alors utilisé une astuce pour dévoiler les positions cachées de la défense aérienne. Des avions Antonov AN-2 radiocommandés, des reliques propulsées par hélices de la fin des années 1940, ont été envoyés au-dessus des positions arméniennes. Lorsque la défense aérienne a ensuite lancé un missile contre eux, un drone suicide a été immédiatement largué sur la position de tir.

L’astuce semble avoir marché pendant un jour ou deux, mais de telles attaques de drones sont désormais devenues rares. Des dizaines de drones ont été arrêtés avant d’avoir pu atteindre leur cible et l’Azerbaïdjan semble être à court de drones. Un clip musical bizarre que les Azerbaïdjanais ont posté montre quatre camions transportant chacun neuf drones. Il y avait peut-être plusieurs centaines de ces drones, mais probablement moins de mille. Israël est actuellement soumis à un strict confinement à cause de la pandémie. Le réapprovisionnement en drones sera un problème. Depuis, l’Azerbaïdjan a fait appel à plus d’artillerie lourde, mais il semble qu’il l’utilise principalement pour frapper les villes et les agglomérations, et non les lignes de front où cela serait plus utile.

On ne sait pas qui commande les troupes azerbaïdjanaises. Il y a quelques jours, le chef de l’état-major général de l’Azerbaïdjan a été viré après s’être plaint d’une trop grande influence turque sur la guerre. Cela n’a pas aidé. Deux attaques terrestres plus importantes lancées par l’Azerbaïdjan plus tôt dans la journée ont également échoué. Les Arméniens contre-attaquent actuellement.

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Dans notre précédent article concernant cette guerre, nous avions souligné les plans américains visant à « déborder la Russie » en créant des troubles dans le Caucase, comme c’est le cas actuellement. Fort Russ note : L'actuelle directrice de la CIA, Gina Haspel, a effectué des missions sur le terrain en Turquie au début de sa carrière, elle parlerait turc, et elle a déjà été chef de station à Bakou, en Azerbaïdjan, à la fin des années 1990. On peut donc supposer qu'elle a toujours des liens avec les élites du gouvernement local et du monde des affaires. L'actuel chef du MI6, Richard Moore, a également travaillé en Turquie, où il a accompli des tâches pour les services de renseignement britanniques à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Moore parle couramment le turc et il a également été ambassadeur britannique en Turquie de 2014 à 2017. Les chefs des services de renseignements des deux pays les plus puissants de l'Anglosphère sont des « turcophones » ayant des connexions en Turquie et en Azerbaïdjan. Il serait raisonnable de supposer qu'un conflit régional d'une telle ampleur qui se déroule actuellement, sous leur surveillance, est loin d'être une simple coïncidence.

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Avant que le président Trump ne mette fin au programme, la CIA avait utilisé la compagnie aérienne azerbaïdjanaise Silk Way Airlines, pour plus de 350 vols, afin d’acheminer des armes de la Bulgarie vers la Turquie et les remettre aux « rebelles syriens ». Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, n’est pas seulement une station de la CIA mais aussi un centre du Mossad pour mener sa guerre silencieuse contre l’Iran.

L’ancien ambassadeur indien en Turquie, M.K. Bhadrakumar, a écrit deux articles intéressants sur le conflit actuel. Dans le premier, il nous rappelle la révolution de couleur de 2018 en Arménie, qui, selon lui, cherchait à créer des problèmes à Moscou.

Je n’ai jamais vu les choses de cette façon. Même si l’actuel Premier ministre arménien, Nikol Pashinyan, a essayé de se mettre les puissances « occidentales » et l’OTAN dans sa poche, il n’a pas pu changer fondamentalement la politique étrangère de l’Arménie. Il y a cent ans, la Turquie, avec aujourd’hui la deuxième plus grande armée de l’OTAN, avait lancé un génocide contre les Arméniens. Ces derniers ne l’ont jamais oublié. Il était également certain que les relations avec l’Azerbaïdjan continueraient à être hostiles. Cela ne changera que si les deux pays se retrouvent à nouveau dominés par un empire. L’Arménie dépend autant que l’Azerbaïdjan du soutien en armes de la Russie, mais l’Azerbaïdjan a plus d’argent et paie plus pour ses armes russes, ce qui permet à la Russie de subventionner celles qu’elle vend à l’Arménie.

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Après que Nikol Pashinyan fut installé, et a tenté de se tourner vers l’« Occident », la Russie a fait la même chose qu’avec la Biélorussie, lorsque le président Loukachenko a commencé à conclure des accords avec l’« Occident ». Elle s’est tenue à carreau en attendant que l’« Occident » trahisse ses nouveaux partenaires. C’est ce qui s’est passé en Biélorussie il y a quelques semaines. Les États-Unis ont lancé une révolution de couleur contre Loukachenko et celui-ci n’avait pas d’autre choix que de se tourner vers la Russie. Aujourd’hui, l’Arménie est attaquée par des forces soutenues par l’OTAN et ne peut espérer aucune aide autre que celle de la Russie.

De même, l’Iran ne craint pas le nouveau gouvernement arménien d’Erevan. Il était préoccupé par les récents échanges diplomatiques de Pashinyan avec Israël, qui ont été effectués à l’initiative de la Maison Blanche. Mais cette inquiétude a maintenant été levée. Pour protester contre la récente vente d’armes par Israël à l’Azerbaïdjan, l’Arménie a rappelé son ambassadeur en Israël deux semaines seulement après l’ouverture de son ambassade dans ce pays.

Pashinyan devra s’excuser auprès de Moscou avant que la Russie ne vienne à son secours. Comme le relaie Maxim Suchkov : C'est intéressant : Evgeniy "le chef de Poutine" Prigozhin donne une courte interview pour exprimer son "opinion personnelle" sur le Haut-Karabakh. Quelques pistes : - Le Karabakh est un territoire azerbaïdjanais - La Russie n'a aucune base légale pour mener des activités militaires au Karabakh - il y a plus d'ONG américaines en Arménie que d'unités militaires nationales - Le Premier ministre Pashinyan est responsable de la situation - jusqu'en 2018, la Russie a pu faire en sorte que l'Arménie et l'Azerbaïdjan discutent du conflit autour d’une table de négociations, puis les États-Unis ont amené Pashinyan au pouvoir à Erevan et celui-ci se sentant le roi n’a pas voulu parler avec Aliyev Je me demande si les remarques de Prigozhin suggèrent qu'il serait réticent à déployer ses hommes en Arménie - si nécessaire ou si on lui demande de le faire - ou bien s'il ne fait qu'exprimer ses propres opinions ou si c'est une façon de faire délicatement entendre à Pashinyan que Moscou n'est pas content de lui... ?

L’intérêt de la Russie – et de l’Iran – est de geler à nouveau le conflit du Haut-Karabakh. Mais pour cela, il faut que les deux parties se plient à cette exigence. C’est pourquoi la Russie n’a pas d’objection à ce que l’Azerbaïdjan exerce actuellement une certaine pression sur Pashinyan. Mais elle ne peut pas permettre à l’Azerbaïdjan de remporter une victoire significative. Une de ses principales préoccupations sera de mettre la Turquie hors-jeu et cela nécessitera un soutien à l’Arménie. L’Iran a une stratégie assez similaire. Les États-Unis vont probablement essayer d’aggraver la situation et de compliquer les choses pour la Russie. Il est probable qu’ils disent en silence à la Turquie d’accroître sa participation à la guerre.

La Russie n’interviendra probablement que si l’une ou l’autre des parties réalise des gains territoriaux importants. À moins que cela ne se produise, elle laissera probablement la guerre se poursuivre dans l’espoir qu’elle s’épuise toute seule : Les conditions hivernales à venir, associées à la rudesse du terrain, limiteront les opérations militaires à grande échelle. De plus, les économies paralysées de l'Azerbaïdjan et de l'Arménie ne leur permettront pas de maintenir une confrontation militaire conventionnelle prolongée.


Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone

Entre la Russie, les USA et la Chine, « l’Arctique est une guerre économique »

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Entre la Russie, les USA et la Chine, «l’Arctique est une guerre économique»

 
 
La banquise d'été en Arctique avait rarement autant fondu qu’en 2020, atteignant seulement 3,74 millions de kilomètres carrés, sa plus petite superficie enregistrée depuis 2012. Alors que la route commerciale du Grand Nord devient ainsi praticable, le brise-glace nucléaire russe Arktika, le plus grand du monde, sera bientôt mis en service. Les grandes puissances lorgnent sur la région, qui abrite 30% des réserves de gaz mondial. En quoi ce drame écologique renforce-t-il la guerre économique entre les Etats-Unis, la Russie et la Chine ? Laurent Mayet, président du think-tank Cercle polaire et ancien représentant spécial des Affaires étrangères pour les questions polaires a répondu aux questions de Sputnik.
 
 
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lundi, 05 octobre 2020

Le recentrage des puissances anglo-saxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information

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Le recentrage des puissances anglo-saxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information

Intelco/DCI puis l’Ecole de Guerre Economique ont défendu depuis plus d’un quart de siècle l’importance capitale qu’allait prendre la guerre de l’information dans la hiérarchie des modes de confrontation.  En septembre 2020, les lignes se mettent à bouger de manière incisive dans le monde anglosaxon. Aux Etats-Unis, la House Intelligence Committee qui est la commission chargée d’évaluer les activités des agences de renseignement américaine estime qu’elles ne font plus le poids face à la Chine. Selon elle, l’erreur majeure qui a été commise sur le plan stratégique est d’avoir considéré que la menace majeure état le terrorisme alors qu’en réalité c’était la Chine.

Une fois de plus, il est question de grille de lecture et d’ordre de grandeur (notions qui ont perdu beaucoup de sens dans un pays comme le notre). Les membres de la House Intelligence Committee posent une question de bon sens : Qu’est-ce qui est le plus vital pour les Etats-Unis :

Présenté ainsi, la problématique est plus simple à lire. Vue de Washington, la réponse est d’autant plus claire. La priorité n’est plus le court terme et l’écoute des peurs de l’opinion publique. L’avenir des Etats-Unis ne se joue pas dans le storytelling d’un Ben Laden et des fantasmes de la folie islamique, il se joue à Pékin ainsi que dans les jeux croisés des puissances en embuscade telles que la Russie, l’Iran ou la Turquie. Autrement dit, la priorité est de contrer la Chine.

Pendant que les Etats-Unis concentraient leurs forces sur le Moyen, la Chine communiste profitait de cette focalisation pour étendre ses moyens de ses services de renseignements pour piller technologiquement les pays les plus avancés, prendre à revers les puissances occidentales sur les continents où elles s’affaiblissaient, notamment en Afrique et multiplier les jeux d’alliance partielle avec la Russie et l’Iran et des économies émergentes susceptibles de la rendre encore plus forte sur le plan international.

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La CIA sommée de structurer une guerre de l’information plus efficace contre la Chine

L’élu démocrate, Adam Schiff qui préside cette commission estime qu’il faut revoir les objectifs stratégiques du renseignement américain, en faisant passer la Chine en priorité absolue afin de la contrer dans le domaine de l’espionnage, du cyber mais aussi celui de la guerre de l’information par le contenu. Contrairement aux lendemains de la seconde guerre mondiale où la jeune CIA pouvait s’appuyer sur différents types de relais extérieurs (1) y compris  culturels, pour contrer l’influence soviétique :

  • Dissidents politiques du Komintern.
  • Intellectuels tels que Raymond Aron.
  • Ecrivains (Arthur Koestler, George Orwell);
  • Artistes (peinture, musique).
  • Journaux alternatifs, revues.
  • Maisons d’édition.

En 2020, les services de renseignement américains travaillent désormais dans un contexte très différent. Il leur faut reconstruire une démarche nouvelle de contre-information et de contre influence alors que le tissu politico-culturel nord-américain était entrain d’être fortement pénétré par les intérêts chInois, y compris dans l’industrie du spectacle d’Hollywood.

Le changement de la doctrine de Défense de la Grande Bretagne

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Sans être aussi explicite que la House Intelligence Committee américaine, le pouvoir exécutif britannique par la voix du général Nick Carter (photo) estime qu’il faut prendre bien plus amont les risques de confrontation  avec les « compétiteurs » du monde occidental. Dit poliment, en l’occurrence la Chine et la Russie. Pour neutraliser le passage à l’acte d’un adversaire potentiel, les Britanniques estiment qu’il faut accorder beaucoup plus d’importance aux manœuvres de basses intensité qui affectent le terrain politique économique et sociétal. Il est question de dissuasion dans la manière de montrer ses capacités de neutralisation des coups informationnels initiés par les puissances rivales. Ce changement de cap affecte la répartition des crédits et réduit la voilure des forces conventionnelles. Selon Raphaël Chauvency, officier français basé en Grande Bretagne, il s’agit pour leurs forces armées de contrer les compétiteurs du royaume dans les champs immatériels situés « sous le seuil de la conflictualité » et de répondre sur les terrains juridique, moraux, éthiques etc. Il considère qu’un conflit général « plus politique que cinétique » vise dès maintenant à « saper la cohésion, à éroder la résilience économique, politique et sociale ».

En France, le CAPS (2) avait donné en 2018 une vision partielle de l’importance des manipulations de l’information. Il n’avait pas pris en compte la dimension stratégique de l’erreur relevée par la House Intelligence Committee des Etats-Unis d’Amérique. Dans le même ordre d’idées, les préconisations du CAPS n’étaient pas non plus à la hauteur des enjeux de la guerre de l’information multidimensionnelle qui se développe aujourd’hui sur des fronts très différenciés. Le discours très politiquement correct affiché par cet organisme a atteint ses limites. Le recentrage des puissances anglosaxonnes sur les enjeux stratégiques de la guerre de l’information est une fois de plus une alerte que nous allons ranger dans des cases appauvrissantes sur le plan stratégique. Parler de travailler sur les effets comme e font certains officiers généraux de l’armée de terre française ne suffit pas, il faut se donner les moyens d’être réellement crédibles sur le plan offensif. Sur ce plan précis, la vision politique de la France reste encore très très loin du compte.

Christian Harbulot

Notes

1- Frances Stonor Saunders, Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle, (traduction française du texte paru en 1999), Paris, Denoël, 2003.

2- Lesmanipulationsdel’informationCAPS

Artsakh : le retour des empires

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Artsakh : le retour des empires

Ex: https://institutdeslibertes.org

À tous ceux qui pensent qu’une armée est inutile et que la guerre entre États est improbable, le conflit qui vient de se déclencher en Artsakh apporte un démenti cinglant. Région disputée par l’Arménie et l’Azerbaïdjan depuis 1991, la chute de l’URSS et l’indépendance de ces deux républiques, l’Artsakh pour les Arméniens, le haut Karabagh pour les Azéris est une frontière chaude et un conflit larvé qui dure. Bien que le conflit soit gelé celui-ci n’est pas éteint. Les événements qui s’y déroulent depuis dimanche montrent qu’un conflit qui sommeille peut se réveiller à tout instant.

Nous avons ici un classique jeu de puissance à plusieurs échelles et à plusieurs coups. L’échelle nationale d’abord. Une région disputée par deux États, chacun proclamant sa légitimité et la portant au niveau international. Impossible de départager les belligérants, les deux ont à la fois raison et tort quant à leurs droits et à leurs antériorités. L’Artsakh est occupé de fait par l’Arménie et peuplé à près de 90% par des Arméniens. C’est également, comme le Kosovo pour les Serbes, une région historique du berceau arménien. Durant l’époque soviétique, l’oblast du Haut-Karabakh était rattaché à la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan. Bakou s’appuie sur cet été de fait pour réclamer le retour de la région dans son giron.

Une guerre sans solution

C’est une situation insoluble, chaque pays pouvant invoquer des éléments de droit qui lui donne raison et donc justifier de la légitimité de sa position. Depuis 1991, aucune solution n’a été trouvée ni par l’ONU ni par le groupe de Minsk, présidé par les États-Unis, la France et la Russie et pourtant chargé de régler le problème. On avait fini par penser que le temps et la lassitude régleraient un conflit embrouillé. C’est oublier que les guerres de civilisation ne peuvent avoir de solution pacifique. Un même territoire convoité par deux peuples, deux religions, deux histoires sur lequel les uns et les autres se mêlent ne peut trouver d’issu que dans l’éviction d’un des deux peuples, c’est-à-dire dans une purification ethnique. À défaut de quoi le conflit s’enlise et dure. Or des purifications ethniques la région en a connu beaucoup au cours du dernier siècle dans les limites géographiques du vaste territoire qu’il a un temps contrôlé. Les deux pays étant de forces égales, aucun ne peut prendre l’ascendant sur l’autre.

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Comme dans tout conflit gelé il y a, de façon régulière, des escarmouches et des attaques afin de rappeler la réalité du conflit et des tensions. L’attaque est un message envoyé à l’adversaire, lui rappelant que l’on convoite toujours la zone, et un message envoyé à sa population, afin de lui rappeler qu’il faut rester en éveil, car sous la menace d’un ennemi. L’Azerbaïdjan étant en proie à des difficultés économiques et politiques il est utile de raviver ce conflit afin de souder le peuple autour de son dirigeant et de dépasser ainsi les tensions internes. C’est néanmoins un jeu dangereux qui parfois tourne mal, comme en firent l’amère expérience les colonels argentins avec l’expédition des Malouines.

Une guerre turque

Mais en réalité ce n’est plus une guerre qui oppose Arménie et Azerbaïdjan, c’est un conflit turc qui s’inscrit dans le cadre de l’expansion de la Turquie. L’Azerbaïdjan ici n’est plus autonome ; Bakou est le jouet d’Ankara. Le conflit de l’Artsakh est l’un des épisodes des offensives conduites par Erdogan, en Libye et en Syrie d’abord, contre la Grèce et en Méditerranée orientale ensuite. Cette attaque est peut-être une façon de camoufler l’échec subi en Méditerranée orientale ou bien une manière d’ouvrir un troisième front afin de peser sur les négociations à venir autour du gaz et de Chypre. On imagine très bien Ankara s’engager à partir de l’Artsakh à condition que les Européens lui donnent un bout de la ZEE grecque. Comme dans toute guerre, l’Artsakh est une fausse bataille, une diversion pour tenter d’obtenir un morceau plus gros. Mais force est de reconnaître qu’Ankara a très bien mené la partie.

La Turquie a ainsi envoyé en Azerbaïdjan plusieurs milliers de mercenaires islamistes qui combattaient en Syrie au côté de l’État islamique. Embauchés pour un contrat de trois mois au tarif de 1800 dollars par mois, ces mercenaires ont été transportés par avion jusqu’en Turquie puis par camion en Azerbaïdjan. L’internationale des mercenaires islamistes, présente au Sahel et en Libye, officie désormais dans le Caucase. D’après des sources concordantes, le célèbre terroriste syrien Abu Amsha, commandant de la brigade de Suleiman Shah, devenu célèbre dans les combats en Libye, est également arrivé en Azerbaïdjan. Ses hommes sont définis comme « les pires tueurs », caractérisés également par une haine extrême envers les chrétiens « infidèles ».

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À la manœuvre on retrouve également les fameux drones turcs, qui ont fait merveille en Libye, et des F-16 qui ont détruit au moins un soukhoï arménien. L’observation des lignes aériennes sur les sites spécialisés montrent des avions de guerre turcs quittant la Libye pour se rendre en Azerbaïdjan. Les drones d’attaque Bayrakdar sont pilotés à distance par des experts militaires turcs en Azerbaïdjan. Ce conflit n’est pas une guerre entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, mais une guerre contre la Turquie dont l’Azerbaïdjan n’est que le prétexte et le faire-valoir.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Çavuşoğlu, s’est rendu à l’ambassade d’Azerbaïdjan en Turquie et y a réitéré le soutien « total » d’Ankara à Bakou. « Nous sommes aux côtés de l’Azerbaïdjan tant sur le terrain qu’à la table des discussions. Nous voulons désormais éradiquer ce problème. » Les journaux turcs soutiennent l’attaquent de l’Azerbaïdjan et la position du gouvernement Erdogan.

Le conflit ethnique entre Arméniens et Azéris est en train de se mouvoir en guerre religieuse par la grâce de la Turquie. Les mercenaires de l’EI disent combattre les infidèles et vouloir étendre le glaive de l’islam. C’est du moins ce que tente la Turquie : transformer ce conflit en guerre religieuse afin de prendre le commandement des croyants, comme au temps du calife. Une situation qui est loin d’être évidente, tant la Russie et l’Iran ne pourront pas laisser passer une telle offensive.

Russie et Iran, la permanence de deux empires

Défaite en Libye par les Turcs, la Russie ne peut pas laisser passer une ingérence d’Ankara au Caucase et une atteinte à son allié arménien. Nous sommes ici dans l’étranger proche russe, l’ancien territoire de l’URSS où Moscou ne souhaite pas que les Turcs interviennent. La Russie devrait rapidement calmer les ardeurs azéries, à condition que Bakou contrôle encore quelque chose. Il en va de même pour l’Iran, chiite aussi comme l’Azerbaïdjan et qui ne se laissera pas distancer par la Turquie dans la région. Ici, Ankara trouvera des pays beaucoup plus redoutables que la molle Europe, incapable pour l’instant de réagir aux provocations de la Turquie. Inaudible sur la Libye, inaudible sur la Grèce et Chypre, pourtant États membres, l’Union européenne est encore et toujours inaudible sur ce conflit. L’Allemagne ne bougera pas, le Royaume-Uni non plus, il ne reste donc que la France, co-présidente du groupe de Minsk et historiquement alliée de l’Arménie. Il y a urgence, d’une part parce que les combats sont intenses, d’autre part parce qu’on ne peut pas laisser Erdogan étendre son empire de façon infinie. Pour exister, les États ont besoin d’ennemi. Le retour du Turc sur la scène européenne et le renouveau de l’Empire ottoman pourrait être une occasion pour l’Europe de se redresser en considérant que l’histoire n’est pas finie et qu’il faut être prêt à sortir l’épée pour assurer la paix et la sécurité de sa population.

Auteur: Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé est docteur en histoire économique. Il est directeur d'Orbis. Ecole de géopolitique. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages : Géopolitique du Vatican. La puissance de l'influence (Puf, 2015), Le défi migratoire. L'Europe ébranlée (2016) et, récemment, un ouvrage consacré à la Monarchie de Juillet : La parenthèse libérale. Dix-huit années qui ont changé la France (2018).

dimanche, 04 octobre 2020

Les enjeux de l’échiquier Arménie-Azerbaïdjan

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Les enjeux de l’échiquier Arménie-Azerbaïdjan

par Pepe Escobar

Ex: https://reseauinternational.net

 

Ramener la Russie dans le marasme du Haut-Karabakh signifie une plus grande liberté d’action pour la Turquie sur d’autres théâtres de guerre.

Peu de points chauds géopolitiques sur la planète peuvent rivaliser avec le Caucase : cette intraitable Tour de Babel tribale, depuis toujours carrefour controversé d’empires du Levant et de nomades des steppes eurasiennes. Et il devient encore plus désordonné quand on y ajoute le brouillard de la guerre.

Pour tenter de faire la lumière sur l’actuel affrontement Arménie-Azerbaïdjan, nous allons parcourir les faits de base avec quelques éléments de fond essentiels.

À la fin du mois dernier, Ilham Aliyev, « l’homme fort » de l’Azerbaïdjan, au pouvoir depuis 2003, a lancé une guerre de facto sur le territoire du Haut-Karabakh détenu par l’Arménie.

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Lors de l’effondrement de l’URSS, le Haut-Karabagh avait une population mixte composée de Chiites azéris et de Chrétiens arméniens. Pourtant, même avant l’effondrement, l’armée azerbaïdjanaise et les indépendantistes arméniens étaient déjà en guerre (1988-1994), entraînant un triste bilan de 30 000 morts et environ un million de blessés.

La République du Haut-Karabakh a déclaré son indépendance en 1991 : mais cela n’a pas été reconnu par la « communauté internationale ». Finalement, un cessez-le-feu a été décrété en 1994 – le Haut-Karabakh est entré dans la zone grise/no man’s land de « conflit gelé ».

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Le problème est qu’en 1993, les Nations Unies avaient approuvé pas moins de quatre résolutions – 822, 853, 874 et 884 – établissant que l’Arménie devait se retirer de ce qui était considéré comme environ 20% du territoire azerbaïdjanais. Ceci est au cœur du raisonnement de Bakou pour lutter contre ce qu’elle qualifie d’armée d’occupation étrangère.

L’interprétation d’Erevan, cependant, est que ces quatre résolutions sont nulles et non avenues parce que le Haut-Karabakh abrite une population à majorité arménienne qui veut faire sécession de l’Azerbaïdjan.

Historiquement, l’Artsakh est l’une des trois anciennes provinces d’Arménie – enracinée au moins au 5ème siècle avant J.-C. et finalement établie en 189 avant J.-C. Les Arméniens, sur la base d’échantillons d’ADN provenant d’os excavés, affirment qu’ils sont installés dans l’Artsakh depuis au moins 4 000 ans.

L’Artsakh – ou Nagorno-Karabakh – a été annexé à l’Azerbaïdjan par Staline en 1923. Cela a préparé le terrain pour qu’une future poudrière explose inévitablement.

Il est important de se rappeler qu’il n’y avait pas d’État-nation « Azerbaïdjan » avant le début des années 1920. Historiquement, l’Azerbaïdjan est un territoire situé au nord de l’Iran. Les Azerbaïdjanais sont très bien intégrés au sein de la République Islamique. La République d’Azerbaïdjan a donc en fait emprunté son nom à ses voisins iraniens. Dans l’histoire ancienne, le territoire de la nouvelle république du 20ème siècle était connu sous le nom d’Atropatene, et Aturpakatan avant l’avènement de l’Islam.

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Comment l’équation a changé

Le principal argument de Bakou est que l’Arménie bloque une nation azerbaïdjanaise contiguë, car un coup d’œil sur la carte nous montre que le sud-ouest de l’Azerbaïdjan est de facto séparé jusqu’à la frontière iranienne.

Et cela nous plonge nécessairement dans un contexte profond. Pour clarifier les choses, il ne pourrait y avoir de guide plus fiable qu’un expert de haut niveau d’un groupe de réflexion caucasien qui m’a fait part de son analyse par e-mail, mais qui insiste sur la mention « sans attribution ». Appelons-le M. C.

M. C note que « pendant des décennies, l’équation est restée la même et les variables de l’équation sont restées les mêmes, plus ou moins. C’était le cas malgré le fait que l’Arménie est une démocratie instable en transition et que l’Azerbaïdjan avait beaucoup plus de continuité au sommet de l’État ».

Nous devrions tous être conscients que « l’Azerbaïdjan a perdu du territoire dès le début de la restauration de son statut d’État, alors qu’il était essentiellement un État en faillite dirigé par des amateurs nationalistes de salon [avant l’arrivée au pouvoir de Heydar Aliyev, le père d’Ilham]. Et l’Arménie était aussi un désastre, mais dans une moindre mesure si l’on tient compte du fait qu’elle bénéficiait d’un fort soutien de la Russie et que l’Azerbaïdjan n’avait personne. À l’époque, la Turquie était encore un État laïque avec une armée qui regardait vers l’Ouest et prenait son adhésion à l’OTAN au sérieux. Depuis lors, l’Azerbaïdjan a développé son économie et augmenté sa population. Il n’a donc cessé de se renforcer. Mais son armée était encore peu performante ».

Cela a lentement commencé à changer en 2020 : « Fondamentalement, au cours des derniers mois, vous avez constaté une augmentation progressive de l’intensité des violations quasi quotidiennes du cessez-le-feu (les violations quasi quotidiennes ne sont pas nouvelles : elles durent depuis des années). Cela a donc explosé en juillet et il y a eu une guerre de tirs pendant quelques jours. Puis tout le monde s’est calmé à nouveau ».

Pendant tout ce temps, quelque chose d’important se développait en arrière-plan : Le Premier Ministre arménien Nikol Pashinyan, qui est arrivé au pouvoir en mai 2018, et Aliyev ont commencé à parler : « La partie azerbaïdjanaise pensait que cela indiquait que l’Arménie était prête à un compromis (tout a commencé lorsque l’Arménie a connu une sorte de révolution, avec l’arrivée du nouveau Premier Ministre qui a reçu le mandat populaire de faire le ménage sur le plan intérieur). Pour une raison quelconque, cela a fini par ne pas se produire ».

Ce qui s’est passé en fait, c’est la guerre de tirs de juillet.

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Le Premier Ministre arménien Nikol Pashinyan
N’oubliez pas le Pipelineistan

Le Premier Ministre arménien Pashinyan pourrait être décrit comme un mondialiste libéral. La majorité de son équipe politique est pro-NATO. Pashinyan a fait feu de tout bois contre l’ancien Président arménien (1998- 2008) Robert Kocharian, qui avant cela était, fait crucial, le Président de facto du Haut-Karabakh.

Kocharian, qui a passé des années en Russie et est proche du Président Poutine, a été accusé d’une tentative obscure de « renversement de l’ordre constitutionnel ». Pashinyan a tenté de le faire emprisonner. Mais plus crucial encore est le fait que Pashinyan a refusé de suivre un plan élaboré par le Ministre russe des Affaires Étrangères Sergeï Lavrov pour régler définitivement le problème de l’Artsakh/Nagorno-Karabakh.

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Dans le brouillard de guerre actuel, les choses sont encore plus désastreuses. M. C souligne deux points : « Premièrement, l’Arménie a demandé la protection de l’OTSC et s’est fait gifler, durement et en public ; deuxièmement, l’Arménie a menacé de bombarder les oléoducs et gazoducs en Azerbaïdjan (il y en a plusieurs, ils sont tous parallèles et ils alimentent non seulement la Géorgie et la Turquie mais maintenant les Balkans et l’Italie). En ce qui concerne ce dernier point, l’Azerbaïdjan a dit en gros : si vous faites cela, nous bombarderons votre réacteur nucléaire ».

L’angle du Pipelineistan est en effet crucial : pendant des années, j’ai suivi sur Asia Times ces myriades de feuilletons sur le pétrole et le gaz, en particulier le BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan), conçu par Zbigniew Brzezinski pour contourner l’Iran. J’ai même été « arrêté » par un 4X4 de British Petroleum (BP) alors que je suivais l’oléoduc sur une route latérale parallèle partant de l’énorme terminal de Sangachal : cela a prouvé que British Petroleum était en pratique le véritable patron, et non le gouvernement azerbaïdjanais.

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Des gazoducs qui évitent le territoire arménien.

En résumé, nous avons maintenant atteint le point où, selon M. C :

« Le bruit du sabre de l’Arménie est devenu plus agressif ». Les raisons, du côté arménien, semblent être essentiellement internes : la mauvaise gestion du Covid-19 (contrairement à l’Azerbaïdjan), et l’état désastreux de l’économie. Ainsi, dit M. C, nous sommes arrivés à un concours de circonstances toxique : L’Arménie a détourné ses problèmes en se montrant dure avec l’Azerbaïdjan, alors que ce dernier en avait tout simplement assez.

Cela concerne toujours la Turquie

Quoi qu’il en soit, si l’on considère le drame Arménie-Azerbaïdjan, le principal facteur de déstabilisation est désormais la Turquie.

M. C note comment, « tout au long de l’été, la qualité des exercices militaires turco-azerbaïdjanais a augmenté (tant avant les événements de juillet que par la suite). L’armée azerbaïdjanaise s’est beaucoup améliorée. De plus, depuis le quatrième trimestre 2019, le Président de l’Azerbaïdjan s’est débarrassé des éléments (perçus comme) pro-russes en position de pouvoir ». Voir, par exemple, ici.

Il n’y a aucun moyen de le confirmer ni avec Moscou ni avec Ankara, mais M. C avance ce que le Président Erdogan a pu dire aux Russes : « Nous entrerons directement en Arménie si a) l’Azerbaïdjan commence à perdre, b) la Russie intervient ou accepte que l’OTSC soit invoquée ou quelque chose de ce genre, ou c) l’Arménie s’en prend aux pipelines. Ce sont toutes des lignes rouges raisonnables pour les Turcs, surtout si l’on tient compte du fait qu’ils n’aiment pas beaucoup les Arméniens et qu’ils considèrent les frères azerbaïdjanais ».

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Il est crucial de se rappeler qu’en août, Bakou et Ankara ont organisé deux semaines d’exercices militaires aériens et terrestres communs. Bakou a acheté des drones avancés à la fois de la Turquie et d’Israël. Il n’y a pas de preuve, du moins pas encore, mais Ankara a peut-être engagé jusqu’à 4 000 djihadistes salafistes en Syrie pour se battre – attendez – en faveur de l’Azerbaïdjan à majorité chiite, prouvant une fois de plus que le « djihadisme » consiste à se faire de l’argent rapidement.

Le Centre d’Information Arménien Unifié, ainsi que le média kurde Afrin Post, ont déclaré qu’Ankara a ouvert deux centres de recrutement – dans des écoles africaines – pour les mercenaires. Apparemment, cette mesure a été très populaire car Ankara a réduit les salaires des mercenaires syriens envoyés en Libye.

Il y a un autre aspect qui est très inquiétant, non seulement pour la Russie mais aussi pour l’Asie Centrale. Selon l’ancien Ministre des Affaires Étrangères du Haut-Karabakh, l’Ambassadeur Extraordinaire Arman Melikyan, des mercenaires utilisant des cartes d’identité azéries délivrées à Bakou pourraient être en mesure de s’infiltrer au Daghestan et en Tchétchénie et, via la Mer Caspienne, d’atteindre Atyrau au Kazakhstan, d’où ils peuvent facilement rejoindre l’Ouzbékistan et le Kirghizstan.

C’est le cauchemar ultime de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) – partagée par la Russie, la Chine et les « stans » d’Asie Centrale : une terre – et une mer (Caspienne) – djihadiste, pont du Caucase jusqu’en Asie Centrale, et même jusqu’au Xinjiang.

Quel est l’intérêt de cette guerre ?

Que se passe-t-il ensuite ? Une impasse presque insurmontable, comme l’explique M. C :

  1. « Les pourparlers de paix ne vont nulle part parce que l’Arménie refuse de bouger (de se retirer de l’occupation du Haut-Karabakh plus 7 régions environnantes par phases ou d’un seul coup, avec les garanties habituelles pour les civils, et même les colons – à noter que lorsqu’ils sont entrés au début des années 1990, ils ont nettoyé ces terres de littéralement tous les Azerbaïdjanais, soit entre 700 000 et 1 million de personnes) ».
  2. Aliyev avait l’impression que Pashinyan « était prêt à faire des compromis et a commencé à préparer son peuple, puis il a eu l’air stupide de n’avoir rien fait ».
  3. « La Turquie a clairement fait savoir qu’elle soutiendrait l’Azerbaïdjan sans condition, et a traduit ces paroles en actes ».
  4. « Dans de telles circonstances, la Russie a été surpassée – en ce sens qu’elle a pu arbitrer la confrontation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, en aidant à la médiation de pourparlers qui n’ont abouti à rien préservant le statu quo qui en réalité favorisait l’Arménie ».

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Et cela nous amène à la question cruciale. Quel est l’intérêt de cette guerre ?

M. C : « Il s’agit soit de conquérir le plus possible avant que la « communauté internationale » [dans ce cas, le Conseil de Sécurité des Nations Unies] n’appelle/exige un cessez-le-feu, soit de le faire pour relancer des pourparlers qui mènent réellement à des progrès. Dans un cas comme dans l’autre, l’Azerbaïdjan finira par gagner et l’Arménie par perdre. On ignore dans quelle mesure et dans quelles circonstances (le statut et la question du Haut-Karabakh sont distincts de ceux des territoires occupés par l’Arménie autour du Haut-Karabakh) : c’est-à-dire sur le champ de bataille ou à la table des négociations ou une combinaison des deux. Quoi qu’il en soit, l’Azerbaïdjan pourra au moins conserver le territoire qu’il a libéré au cours de la bataille. Ce sera le nouveau point de départ. Et je pense que l’Azerbaïdjan ne fera aucun mal aux civils arméniens qui resteront. Ils seront des libérateurs modèles. Et ils prendront le temps de ramener les civils azerbaïdjanais (réfugiés/IDP) dans leurs foyers, en particulier dans les zones qui deviendraient mixtes à la suite du retour ».

Que peut donc faire Moscou dans ces circonstances ? Pas grand-chose, « sauf intervenir en Azerbaïdjan proprement dit, ce qu’ils ne feront pas (il n’y a pas de frontière terrestre entre la Russie et l’Arménie ; ainsi, bien que la Russie ait une base militaire en Arménie avec un ou plusieurs milliers de soldats, elle ne peut pas simplement fournir à l’Arménie des armes et des troupes à volonté, compte tenu de la géographie) ».

Il est essentiel que Moscou privilégie le partenariat stratégique avec l’Arménie – qui est membre de l’Union Économique Eurasiatique (EAEU) – tout en surveillant méticuleusement tous les mouvements de la Turquie, membre de l’OTAN : après tout, ils sont déjà dans des camps opposés en Libye et en Syrie.

Ainsi, pour le moins, Moscou marche sur le fil du rasoir géopolitique. La Russie doit faire preuve de retenue et investir dans un équilibrage soigneusement calibré entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan ; elle doit préserver le partenariat stratégique entre la Russie et la Turquie ; et elle doit être attentive à toutes les tactiques américaines possibles de division et de domination.

Au cœur de la guerre d’Erdogan

Donc, au final, ce serait encore une autre guerre d’Erdogan ?

L’incontournable analyse « Suivez l’argent » nous dirait, oui. L’économie turque est un véritable désastre, avec une forte inflation et une monnaie qui se déprécie. Bakou dispose d’une abondance de fonds pétroliers et gaziers qui pourraient devenir facilement disponibles – ce qui s’ajoute au rêve d’Ankara de faire de la Turquie un fournisseur d’énergie.

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M. C ajoute que l’ancrage de la Turquie en Azerbaïdjan entraînerait « la création de bases militaires turques à part entière et l’inclusion de l’Azerbaïdjan dans l’orbite d’influence turque (la thèse « deux pays – une nation », dans laquelle la Turquie assume la suprématie) dans le cadre du néo-ottomanisme et du leadership de la Turquie dans le monde turcophone ».

Ajoutez à cela l’angle de l’OTAN, qui est très important. M. C voit essentiellement Erdogan, avec l’aide de Washington, sur le point de faire une poussée de l’OTAN vers l’est tout en établissant ce canal djihadiste immensément dangereux vers la Russie : « Ce n’est pas une aventure locale d’Erdogan. Je comprends que l’Azerbaïdjan est en grande partie un pays d’Islam chiite et cela va compliquer les choses mais ne rendra pas son aventure impossible ».

Ceci est totalement lié à un rapport notoire de RAND Corporation qui détaille explicitement comment « les États-Unis pourraient essayer d’inciter l’Arménie à rompre avec la Russie » et « encourager l’Arménie à entrer pleinement dans l’orbite de l’OTAN ».

Il est plus qu’évident que Moscou observe toutes ces variables avec un soin extrême. Cela se reflète, par exemple, dans la manière dont l’irrépressible porte-parole du Ministère des Affaires Étrangères, Maria Zakharova, a présenté, en début de semaine, un avertissement diplomatique très sérieux : « La destruction d’un SU-25 arménien par un F-16 turc, comme le prétend le Ministère de la Défense en Arménie, semble compliquer la situation, puisque Moscou, sur la base du traité de Tachkent, est obligé d’offrir une assistance militaire à l’Arménie ».

Il n’est pas étonnant que Bakou et Erevan aient compris le message et nient fermement tout ce qui s’est passé.

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Le fait essentiel reste que tant que l’Arménie proprement dite n’est pas attaquée par l’Azerbaïdjan, la Russie n’appliquera pas le traité de l’OTSC et n’interviendra pas. Erdogan sait que c’est sa ligne rouge. Moscou a tout ce qu’il faut pour le mettre dans le pétrin – comme en coupant l’approvisionnement en gaz de la Turquie. Pendant ce temps, Moscou continuera d’aider Erevan en lui fournissant des informations et du matériel – en provenance d’Iran. La diplomatie est la règle, et l’objectif ultime est un nouveau cessez-le-feu.

Attirer la Russie à nouveau

M. C avance la forte possibilité – et j’ai entendu des échos de Bruxelles – que « l’UE et la Russie trouvent une cause commune pour limiter les gains de l’Azerbaïdjan (en grande partie parce qu’Erdogan n’est le favori de personne, non seulement à cause de cela mais à cause de la Méditerranée Orientale, de la Syrie, de la Libye) ».

Cela met en évidence l’importance renouvelée du Conseil de Sécurité des Nations Unies dans l’imposition d’un cessez-le-feu. Le rôle de Washington en ce moment est assez intriguant. Bien sûr, Trump a des choses plus importantes à faire en ce moment. En outre, la diaspora arménienne aux États-Unis est très favorable à la démocratie.

Et puis, pour résumer, il y a la relation Iran-Arménie, qui est très importante. Voici une tentative énergique pour la mettre en perspective.

Comme le souligne M. C, « l’Iran favorise l’Arménie, ce qui est contre-intuitif à première vue. Les Iraniens peuvent donc aider les Russes (en canalisant les approvisionnements), mais d’un autre côté, ils ont de bonnes relations avec la Turquie, notamment dans le domaine de la contrebande de pétrole et de gaz. Et s’ils se montrent trop ouverts dans leur soutien, Trump a un casus belli pour s’impliquer et les Européens n’aiment peut-être pas se retrouver du même côté que les Russes et les Iraniens. Ça se présente mal. Et les Européens détestent avoir l’air mauvais ».

Nous en revenons inévitablement au fait que tout ce drame peut être interprété dans la perspective d’un coup géopolitique de l’OTAN contre la Russie – selon un certain nombre d’analyses circulant à la Douma.

L’Ukraine est un trou noir absolu. La Biélorussie est dans l’impasse. Le Covid-19. Le cirque naval. La « menace » pour le projet Nord Stream-2.

Attirer à nouveau la Russie dans le drame Arménie-Azerbaïdjan, c’est tourner l’attention de Moscou vers le Caucase pour qu’il y ait plus de liberté d’action turque dans les autres théâtres – en Méditerranée Orientale contre la Grèce, en Syrie, en Libye. Ankara – bêtement – est engagée dans des guerres simultanées sur plusieurs fronts, et avec pratiquement aucun allié.

Cela signifie qu’encore plus que l’OTAN, monopoliser l’attention de la Russie dans le Caucase pourrait être profitable à Erdogan lui-même. Comme le souligne M. C, « dans cette situation, le levier/ »atout » du Haut-Karabakh aux mains de la Turquie serait utile pour les négociations avec la Russie ».

Pas de doute : le sultan néo-ottoman ne dort jamais.

Pepe Escobar

source : https://asiatimes.com

traduit par Réseau International

samedi, 03 octobre 2020

Thomas Flichy de La Neuville: 2020, une année géopolitique au prisme de l'histoire

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Thomas Flichy de La Neuville: 2020, une année géopolitique au prisme de l'histoire

  • Septembre 2020

  • 114 pages

  • ISBN : 979-10-94233-06-1

  • 17 €

  • Préface de Pierre Conesa

  • Prologue du Général Alexandre Lalanne-Berdouticq

D’un point de vue rétrospectif, l’année 2020 apparaît comme celle d’un retournement de marée. Après avoir échoué à maintenir Hong Kong comme un pont financier entre l’Amérique et la Chine, l’empire libéral et océanique lance ses derniers coups de boutoir à l’encontre de l’Iran continental. Il est toutefois gagné par une scission interne qui divise ses élites en deux blocs opposés. Les succès économiques enregistrés par Donald Trump, l’ascension de Jair Bolsonaro tout comme l’avènement du Brexit finissent par modifier le centre de gravité politique de l’Occident. Une partie de ses chefs d’États adopte le style des autocrates continentaux alors que le libéralisme liquide se transporte, telle une goutte de mercure, vers les îles allemande et californienne. Quant à la pandémie de coronavirus, elle gèle la marée géopolitique pendant plusieurs mois avant que ne s’amorce l’inversion suivante : abandonnant la promotion d’un libéralisme désormais nuisible à leurs intérêts économiques, les États-Unis adoptent une posture nationale et défensive face la Chine tout en poursuivant leur rapprochement souterrain vers la Russie.

Pour toute commande: https://editionsbios.fr/editions/p/2020-une-anne-geopolitique-au-prisme-de-lhistoire

SOMMAIRE

Chapitre I 17 L’ÂGE DE LA DIPLOMATIE BICÉPHALE

Chapitre II 31 VERS DES BLOCUS FINANCIERS TRANSPARENTS ET HERMÉTIQUES

Chapitre III 53 L’AMAZONIE SERA-T-ELLE UN GRENIER OU UNE BIBLIOTHÈQUE ?

Chapitre IV 59 HONG-KONG, UNE CITÉ BOUILLONANTE À LA CHARNIÈRE DES EMPIRES MUTANTS

Chapitre V 67 LA DOUBLE TORSION DU CORPS DE L’EUROPE

Chapitre VI 73 NUMÉRISATION DU MONDE, L’ÈRE DE LA PUISSANCE TRANSPARENTE

Chapitre VII 95 LE CORONAVIRUS, PEUR ORCHESTRÉE ET AUBAINE POUR LES CAPTEURS DE DONNÉES MÉDICALES

Chapitre VIII 107 QUE POUVONS-NOUS ANTICIPER POUR L’ANNÉE 2021 ?

2020 une année géopolitique - Thomas Flichy, géopolitique à Rennes School of Business

 
 
Thomas Flichy de La Neuville est agrégé de l'université, docteur en droit et habilité à diriger des recherches en histoire. Après avoir enseigné à Sciences-Po Bordeaux, l'École Navale et l'École Spéciale Militaire de Saint-Cyr, il a été nommé professeur à Rennes School of Business où il dirige la chaire de géopolitique et développe un programme de recherche sur data et influence.
 
 

vendredi, 02 octobre 2020

Entretien avec Massimo Magliaro

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Entretien avec Massimo Magliaro

Propos recueillis par Lionel Baland 
Ex: https://eurolibertes.com

Massimo Magliaro est l’auteur du numéro des Cahiers d’histoire du nationalisme consacré au MSI (Pour le commander, cliquez ici).

Cahiers-Histoire-du-nationalisme-MSI.jpgMassimo Magliaro a été un haut cadre du parti nationaliste italien dénommé Mouvement Social Italien (MSI) et a été très proche de l’ancien dirigeant de cette formation politique Giorgio Almirante. Après le décès de ce dernier en mai 1988, Massimo Magliaro est devenu journaliste à la Radio-Télévision italienne, puis directeur de la RAI Internationale et enfin président de la RAI Corporation, filiale de la RAI en Amérique. Il est l’auteur du numéro des Cahiers d’histoire du nationalisme consacré au Mouvement Social Italien (MSI). Lionel Baland l’a interrogé pour Eurolibertés.

Dans le numéro 11 des Cahiers d’histoire du nationalisme, que vous avez rédigé, vous contez l’histoire du Mouvement social italien (MSI) – et de l’Italie – de 1946 jusqu’à 1995. Il apparaît, à la lecture de votre texte, que votre pays a connu, durant ces années, de très fortes tensions politiques et de nombreux actes de violence physique et notamment des attentats sanglants. Comment expliquez-vous cette situation ? Les services secrets des États-Unis ou italiens étaient-ils impliqués en sous-main dans de tels actes ? Si oui, dans quel but ?

Mon pays se situait à la frontière entre l’Occident et l’Orient. Mieux, entre une certaine idée de l’Occident et une certaine idée de l’Orient. L’Occident représentait la liberté de s’exprimer, de s’organiser, de faire de la politique, l’argent et le bien-être ; l’Orient était la dictature la plus dure et atroce de l’histoire, le goulag, le Mur de Berlin, le Rideau de fer, les millions de morts, la famine, des contrôles de police partout, la liberté politique et la liberté d’expression inexistantes. Tout cela ne se déroulait pas seulement en Russie, mais aussi dans tous les pays du Pacte de Varsovie. De l’autre côté de la frontière orientale italienne, il y avait la Yougoslavie de Tito, lequel, avant de devenir tiers-mondiste (avec Nasser et Nehru), a été un fier soldat de Staline et de la patrie du communisme mondial, l’URSS.

Le Parti communiste italien, qui était le plus grand parti communiste de ce côté-ci, était riche (avec l’aide soviétique) et armé (avec les dépôts d’armes de la Résistance, monopolisés par les communistes – qui étaient commandés par Luigi Longo et par Pietro Secchia, chefs militaires des partisans rouges –, en vérité, la majorité d’entre eux étaient des partisans). Tout cela a produit le fait que l’Italie était inévitablement le théâtre d’un affrontement national et international permanent. La violence et le terrorisme étaient la conséquence de cette situation tendue.

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Le qualunquisme (Front de l’homme ordinaire), une sorte de poujadisme avant la lettre qui s’est développé en Italie au sortir de la IIe Guerre mondiale, a-t-il eu une influence sur le MSI ?

Influence très relative et surtout très brève. Ce mouvement, conduit par un écrivain de théâtre, Guglielmo Giannini, a vécu si peu de temps que… la pacification nationale, la fin de l’épuration contre les fascistes, la critique de la très jeune partitocratie ont été des arguments stratégiques du MSI qui a très rapidement vidé le bassin électoral qualunquiste. Parmi les premiers dirigeants du MSI, ceux qui avaient adhéré au qualunquisme avant la fondation du parti n’étaient pas plus que cinq ou six.

L’enlèvement et l’assassinat, réalisés par les Brigades rouges, en 1978, du démocrate-chrétien Aldo Moro, partisan du « compromis historique » entre les démocrates-chrétiens et les communistes, ont retenu l’attention du public francophone. Pensez-vous que les États-Unis et l’Italie ont manœuvré pour que Moro ne soit pas libéré et ainsi être débarrassé de lui ? Quel était, pour la Démocratie chrétienne, l’intérêt de ce compromis avec les communistes ?

L’Italie est un pays plein de mystères politiques : Ustica, le massacre de la gare de Bologne (accusé : la droite radicale ; coupable : le groupe palestinien de Habash), la mort de Sindona, l’attentat contre Falcone et, après, contre Borsellino, la nature même des Brigades rouges (formées par qui ? financées par qui ? couvertes par qui ? au service de qui ?), le massacre de la piazza Fontana, toute la stratégie de la tension, etc. L’assassinat de Moro est (ou était) peut-être le plus grand de ces mystères. Mystère comme les Brigades rouges. Mystère comme la persécution contre Craxi qui était le seul à vouloir effectuer des tractations avec les terroristes de gauche pour libérer Moro contre la volonté de la majorité de la Démocratie chrétienne. Mystère, comme la classification de certains documents relatifs à cette histoire. Oui, les USA n’aimaient pas Moro. Plutôt, ils aimaient Andreotti. Et l’intérêt de la Démocratie chrétienne était de survivre à tout prix, aussi avec les communistes desquels la Démocratie chrétienne n’a jamais été adversaire. Il faut se souvenir que la Démocratie chrétienne était dans la Résistance avec les rouges et qu’au sein de la Démocratie chrétienne, le pouvoir était aux mains de l’aile « libérale-progressiste » d’Alcide De Gasperi et de ses fils politiques (contre la fraction « national-catho » de Luigi Sturzo) depuis la fin de la guerre.

36747.jpgEn janvier 1995, à Fiuggi, le MSI s’autodissout. L’Alliance nationale (AN) y tient ensuite son premier congrès. Vous écrivez : « Dans son rapport d’ouverture, Fini affirme que les thèses du congrès d’AN, rédigées par un groupe de diverses extractions intellectuelles, ‘’sont les contenus d’une formation politique libérale-démocratique’’. » 

Alors que le MSI a pris part, entre mai et décembre 1994, au gouvernement Berlusconi I et que le parti a obtenu des résultats importants lors du deuxième tour des municipales de fin 1993, notamment à Rome (Gianfranco Fini reçoit presque 47 %) et Naples (Alessandra Mussolini décroche plus de 44 %), pourquoi Fini a-t-il décidé de liquider le MSI et sa ligne idéologique ? Comment expliquez-vous l’échec de cette stratégie ? En cette époque d’après-guerre froide, le logiciel du MSI pouvait-il être maintenu ? Ne correspondait-il plus à l’air du temps ?

La vie interne du MSI a toujours été clivée autour du débat entre qui était pour entrer à tout prix dans le système partitocratique et qui disait non à ce mariage contre nature en se souvenant que l’origine idéale, culturelle, doctrinaire, politique et humaine du MSI était de contester la partitocratie. Lorsque Gianfranco Fini a pris la place de Giorgio Almirante, il a été entouré par qui était du premier groupe, celui qui peut être défini comme centriste. D’ici il y a eu tout de suite la coupure des racines dont je parlais. Après est arrivé la démarche que nous connaissons. Le prix à payer pour entrer dans les salles dorées du pouvoir avec les privilèges du pouvoir (télé, argent, clientèle, journaux, voyages, ambassades, grande entreprise, etc.) a été payé en quelques semaines. Et est arrivée la catastrophe : le passage dans la salle du pouvoir (un passage qui n’a pas été bref, comme on s’en souvient) n’a pas laissé de trace de la droite. Aucune trace. Quel a été le sens d’être allé au pouvoir pour faire ce que veulent les centres du pouvoir italiens et internationaux qui t’ont ouvert la porte ?

De nos jours, les deux partis patriotiques, la Ligue et Frères d’Italie, ont le vent en poupe. Ils sont donnés dans les sondages, ensemble, à plus de 40 %. Frères d’Italie, dirigé par la belle Giorgia Meloni, porte-t-il l’héritage politique du MSI ? A-t-il récupéré les cadres et les structures du MSI ? La Ligue et son leader Matteo Salvini, depuis leur changement de ligne politique, se sont-ils rapprochés de la ligne idéologique qui a été celle du MSI ? Y a-t-il au sein des structures de la Ligue, ou proches de celle-ci, des héritiers du MSI ?

Non. Je veux être franc. La Ligue n’a rien en commun avec le MSI. Elle émane d’une histoire de sécession (le nord de l’Italie, contre le reste de mon pays), désormais terminée parce que cette idée a fait faillite. Et c’est exactement pour cela que la Ligue de Salvini s’est rapprochée des thèmes nationaux. Mais c’est tactique, tactique seulement.

Pour ce qui concerne Frères d’Italie, le discours est différent. Ils sont les héritiers du MSI et d’AN. Ils ont acquis cet électorat et l’ont élargi. Bien. Les crises de la politique italienne, de sa classe dirigeante, du gouvernement, ne sont pas épisodiques. Ce sont des crises structurelles. Elles sont la conséquence de la crise du système. Et alors une droite comme celle de Frères d’Italie doit conduire cette lutte pour l’alternative au système, comme le point numéro un de sa vie, de sa bataille et de sa présence au pouvoir, si le pouvoir lui tombe entre les mains dans le futur. J’espère que tout cela arrivera. Je veux que tout cela arrive à condition que…

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Giorgia Meloni.

Le M5S, qui a pour figure de proue Beppe Grillo et dont le dirigeant entre 2017 et 2020 était Luigi Di Maio qui a vu son propre père être autrefois un dirigeant local du MSI, a-t-il été influencé par le MSI ? 

Luigi Di Maio est nul. Son métier était de faire le steward au stade de football de l’équipe de Naples. Grillo est un ex-acteur qui a eu du succès il y a des années. C’est tout. Ils appartiennent à la mascarade italienne d’aujourd’hui. Demain, on dira : les Italiens ont été gouvernés, une fois au cours de leur histoire, par un tel Di Maio. Qui ? Di Maio ! Et qui était-il ? Boh !

mercredi, 30 septembre 2020

Autriche et Hongrie sur la même longueur d’onde : « Pas de quota de réfugiés par une porte dérobée »

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Autriche et Hongrie sur la même longueur d’onde : « Pas de quota de réfugiés par une porte dérobée »

Budapest/Vienne : L’Autriche et la Hongrie refusent « les quota de réfugiés par porte dérobée » et toute répartition obligatoire de demandeurs d’asile dans les différents pays de l’UE. Voilà le principe que la ministre autrichienne des affaires européennes, Mme Edtstadler (ÖVP) et le ministre hongrois des affaires étrangères Szijjàrto ont affirmé lors d’une rencontre à Budapest au sujet des dernières propositions de la Commission européenne.

Bien qu’il subsiste des questions ouvertes, où les points de vue divergent, il ne sera pas toléré que ces propositions eurocratiques prennent la coopération austro-hongroise « dans ses rets », a souligné Szijjàrto lors de la conférence de presse commune des deux ministres. Les principaux domaines des accords mutuels sont, d’après le ministre, l’élargissement de l’UE vers les Balkans occidentaux et le rejet de tous quotas d’asile obligatoires. Szijjàrto a souligné, une fois de plus, le point de vue du gouvernement hongrois quant au refus de toute nouvelle réforme du droit d’asile dans l’UE, qu’il a qualifiée de « tentative sans espoir ».

Lors de cette conférence de presse, Madame Edtstadler a souligné, de son côté, que la Hongrie était un partenaire fiable de l’Autriche, un « pays ami ». La coopération entre les deux pays était une chose importante qui devait demeurer dans le temps. La ministre autrichienne a dit, à propos du pacte de l’UE sur les migrations, que la répartition obligatoire, imaginée pour gérer l’immigration illégale, ne fonctionnait manifestement pas et que cette option avait échoué.

Jeudi dernier, les quatre Etats du Groupe de Visegrad, la Hongrie, la République Tchèque, la Pologne et la Slovaquie ont rejeté à Bruxelles la proposition de la Commission européenne sur la réforme du droit d’asile. Le chef du gouvernement hongrois Orbàn a reproché à la Commission de « continuer à gérer les migration au lieu de les arrêter ».

Texte paru sur le site https://www.zuerst.de

Intelligence juridique : un nouvel instrument d’influence des Etats

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Intelligence juridique : un nouvel instrument d’influence des Etats

Au 21ième siècle, le droit international moderne connait un chamboulement profond mettant ainsi en cause sa légitimité. Celui-ci a tendance à devenir un réel outil de guerre économique tendant à se normaliser aux droits étrangers des pays les plus influents.

Ce droit des gens se trouve, aujourd’hui, vidé de sa principale substance qui consistait à régir une batterie de règles et de normes contraignantes pour les Etats et à faire régner une justice internationale. Au fait, certains Etats se livrent, de plus en plus, à des ruses, emballées dans un « faux » droit international, pour orienter leurs politiques dans un objectif de dominance économique et géopolitique.

Force, aujourd’hui, est de constater un flagrant abus des législations extraterritoriales, avec des règles valables non pas pour tous mais qui tirent plutôt profit à un Etat ou à quelques Etats, tout en étant défavorables, voir même fort nuisibles pour les autres. Un tel constat interpelle les pays défavorisés qui interceptent un tel changement avec beaucoup d’inquiétude, concluant que le droit international commence progressivement à céder la place aux droits étrangers les plus influents. En témoigne de cela un certain nombre de législations étrangères et communautaires qui instituent des règles juridiques à portée extraterritoriale, à l’exemple du droit américain, du droit européen ou encore, à moindre mesure, du droit français. Il s’agit finalement de lois d’instrumentalisation.

Lutter contre les crimes transnationaux (terrorisme, blanchiment de capitaux, financement du terrorisme, corruption, etc.) demeure la volonté de tous les Etats. Ainsi et sur la base de cette cause commune, ceux-ci tentent de légitimer leurs droits à l’effet de vouloir s’affirmer dans et au-delà même de leurs frontières. Toutefois, il n’en demeure pas moins que derrière cet intérêt sécuritaire mondial se dissimulent de réels objectifs concurrentiels et commerciaux propres à un Etat ou à une minorité d’Etats. En effet et dans le cadre de l’internationalisation des entreprises et de la globalisation des échanges, tout Etat essaie de recourir à l’intelligence juridique. Cette dernière, selon le professeur Bertrand Warusfel , « s’entend de l’ensemble des techniques et des moyens permettant à un acteur – privé ou public – de connaître l’environnement juridique dont il est tributaire, d’en identifier et d’en anticiper les risques et les opportunités potentielles, d’agir sur son évolution et de disposer des informations et des droits nécessaires pour pouvoir mettre en œuvre les instruments juridiques aptes à réaliser ses objectifs stratégiques ».

Comment donc les pays recourent à l’intelligence juridique pour atteindre leurs objectifs stratégiques ?

Aujourd’hui, une nouvelle forme de rapport de force s’installe entre les pays les plus développés, visant à imposer, chacun à sa manière, ses propres droits, à travers le recours à des outils d’intelligence juridique. La création de normes avantageuses à portée extraterritoriale constitue l’une de ces techniques. Nous allons donc, à travers les exemples américain (I) et français (II), essayé de contextualiser ce phénomène.

  • Le modèle offensif américain

Le Foreign Corrupt Practices Act[1] (FCPA), le Foreign Account Tax Compliance Act[2] (FATCA), la loi Helms-Burton[3], la loi Amato-Kennedy[4], le Patriot Act[5], le Sarbanes-Oxley[6] (« Act Public Company Accounting Reform and Investor Protection Act »), le Justice Against Sponsors of Terrorism Act[7] ou encore le Cloud Act (Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act) [8] ont permis aux Etats Unis d’Amérique d’obliger toute la communauté internationale à adhérer à leurs objectifs stratégiques.

En l’espace de dix ans (2008-2018), l’Etat américain, à travers le FCPA, a infligé, des amendes s’élevant à près de 6900 millions de dollars américain, dont à peine le quart (1700 millions de dollars) à des entreprises américaines et le reste à des entreprises majoritairement européennes. Il en est de même concernant les violations américaines à leurs embargos et/ou en matière de lutte contre blanchiment de capitaux, dont les pénalités, entre 2004 et 2015, ont généré 16.945 millions de dollars et encore une fois majoritairement à des entités européennes.

Il en ressort qu’une telle mesure de sanctions permet l’atteinte d’un double objectif : renflouer, d’une part, les caisses américaines et d’autre part, anéantir les concurrents potentiels des entreprises américaines.

In fine, les législations à effet extraterritorial des Etats-Unis visent la plupart des concurrents étrangers de leurs entreprises nationales.

  • L’exemple français : une approche timide

9782330118211_0_500_796.jpgBien que la communauté internationale soit consciente de cette prédominance américaine, rares soient les Etats qui essaient de s’y protéger en recourant, à leur tour et parallèlement, à des instruments d’intelligence juridique. La France, quant à elle, avait déjà depuis plus d’un demi-siècle, tenté de s’inscrire dans une telle dynamique, en adoptant, depuis le 26 juillet 1968, la loi n° 68-678 relative à la communication de documents et renseignements d’ordre économique, commercial, industriel, financier ou technique à des personnes physiques ou morales étrangères. Ce texte a été, par la suite, renforcé par la loi du 19 juillet 1980 et en publiant une Note sur d’éventuelles mesures législatives et/ou réglementaires ayant pour objectif de protéger ses entreprises contre les abus normatifs extraterritoriaux.

Bien que les initiatives françaises semblent être, à première vue, fort prometteuses, il en ressort que l’application de ces lois reste très timide. En effet, les autorités françaises témoignent d’un manque de volonté sur les plans administratif et politique, par peur d’être abandonnées par un partenaire stratégique international. Autrement dit, la France craint que s’installe un rapport de force avec les Etats Unis d’Amérique et évite ainsi de se doter d’armes égales à l’effet d’imposer des politiques coopératives. Ainsi et à la lecture du Rapport d’information[9], déposé par la commission française des affaires étrangères et la commission des finances en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 3 février 2016 sur l’extraterritorialité de la législation américaine, nous pouvons relever que la France, malgré l’élaboration d’un diagnostic assez brillant, n’envisage pas vraiment de s’inscrire dans une dynamique d’intelligence juridique.

Ensuite et en réponse à la loi anti-corruption américaine, bradant le principe de « non bis idem[10] », la France[11] réagit craintivement, en promulguant la loi Sapin II en décembre 2016 qui prévoit des dispositions d’extraterritorialité sur la corruption.

L’habileté de l’usage de l’intelligence juridique

L’intelligence juridique devient, incontestablement, une nouvelle arme d’influence des Etats. Celle-ci vient enrichir l’intelligence économique[12] pour lui permettre d’élargir son spectre d’analyse en vue de l’adoption d’une stratégie plus performante.

Avantage serait donc aux pays les plus futés qui sauraient l’utiliser à bon escient, sans pour autant être en extrême contradiction avec le droit international. L’exemple des Etats Unis d’Amérique reste donc, par excellence, le modèle à suivre en pareille question.

Concernant les Etats victimes de cet arsenal juridique démesuré, ceux-ci doivent réfléchir à développer des solutions de contournement à l’effet d’éviter leur adoption. A cet égard, les « lois d’obstruction »[13] ou encore les « lois de blocage »[14] constituent une belle illustration.

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En outre, il semble, aujourd’hui, que de nouvelles puissances émergentes, à l’exemple de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de la Turquie ou encore de l’Indonésie sont entrain de bouleverser, progressivement, l’ordre international structuré autour des Etats Unis d’Amérique. Dans une telle configuration, les pays devraient, dès à présent, pousser leur réflexion, encore une fois dans le cadre d’une dynamique d’intelligence juridique. Ceux-ci devraient se préparer pour faire face à un arsenal inextricable de législations extraterritoriales émanant de différentes puissances économiques !

Yassir Lahrach

EGE-Rabat

Notes

[1] Cette loi américaine, promulguée en 1977, ne concernait que les entreprises américaines jusqu’à la date de 1988 pour venir s’étendre aux entreprises étrangères ayant un lien avec les Etats-Unis.

[2] Cette loi a pour finalité de lutter contre l’évasion fiscale des citoyens et résidents américains. Ce texte contraint les établissements financiers à procéder à l’identification des clients « US person » et collecter les données de ces derniers pour les mettre à la disposition de l’administration fiscale américaine.

[3] Cette loi a été promulguée en 1996 par Bill Clinton. Celle-ci permet, en l’occurrence, aux exilés cubains, de poursuivre devant les tribunaux fédéraux américains les entreprises soupçonnées de « trafiquer » avec des biens ayant appartenu à des ressortissants américains.

[4] Cette loi d’Amato-Kennedy, adoptée par le Congrès américain en date du 8 août 1996, prévoit un fait générateur commun pour les deux États visés, appelés « Etats voyous » pour leur soutien, notamment, au terrorisme et un spécifique à la Libye.

[5] Cette loi américaine a été adoptée après les attentats du 11 septembre 2001. Celle-ci a fait l’objet d’un amendement en date du 2 juin 2015 par le Freedom Act du 2 juin 2015. Cette loi s’applique automatiquement à l’ensemble des Etats qui ont conclu un accord de coopération judicaire avec les Etats Unis d’Amérique.

[6] Cette loi a été adoptée par le congrès américain en Juillet 2002 en réponse aux multiples scandales comptables et financiers, notamment, ceux d’Enron et de WorldCom. Cette loi est également connue sous les noms de « SOX », de « Sarbox », ou encore de « SOA ».

[7] Cette loi a été approuvée en 2016 par le Sénat et la Chambre des représentants et permet d’adopter « des procédures au civil et des recours collectifs contre des personnes, des entités et des pays étrangers ayant fourni un soutien matériel, direct ou indirect, à des organisations étrangères ou à des personnes engagées dans des activités terroristes contre les États-Unis ».

[8] Il s’agit d’une loi fédérale des États-Unis qui fut adoptée en 2018 et qui porte sur la surveillance des données personnelles, notamment dans le Cloud. Elle oblige, notamment, les fournisseurs de services américains, par mandat ou assignation, à fournir les données demandées stockées sur des serveurs se trouvant aux États-Unis ou dans des pays étrangers.

[9] http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i4082.asp

[10] Cette terminologie signifie, tout simplement, que nul ne peut être poursuivi ou puni pénalement à raison des mêmes faits.

[11] Geslin Albane. La position de la France en matière d’extraterritorialité du droit économique national. In: Revue juridique de l’Ouest, 1997-4. pp. 411-467

[12] Manuel d’intelligence économique, Sous la direction de Christian Harbulot – 3ième édition, septembre 2019, PUF

[13] Ce sont, tout simplement, des contre-législations qu’avaient utilisé le Canada, l’Australie, le Royaume Uni ou encore la France pour contrecarrer la procédure du discovery, interdisant à leurs ressortissants de mettre à la disposition des autorités américaines des informations financières et/ou économiques, faute de quoi ils risquent de faire l’objet de sanctions pécuniaires, voir même pénales.

[14] IBID

Interview Alexander Markovics situation Turkey - Greece

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Interview Alexander Markovics situation Turkey - Greece

 
 
This is our next GIVN online lecture. This time Alexander Markovics, autor, free journalist, General secretary of Suworow institute and lecturer of geopolitics and New Law. He will explaine the critical situation between, Greece and Turkey.
 
 
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mardi, 29 septembre 2020

Escalation in Nagorno-Karabakh: The Eurasian perspective

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Escalation in Nagorno-Karabakh: The Eurasian perspective

 
Ex: https://www.geopolitica.ru

On September 27, a new round of escalation of the conflict in Nagorno-Karabakh began. As the Azerbaijani Defense Ministry reported, in response to shelling Azerbaijani villages with artillery and mortars from Armenian side, the country's army launched a counteroffensive operation. It is reported that Azerbaijani troops have moved deep into the territories controlled by Armenian formations and seized a number of settlements.

Martial law has been introduced in Armenia and general mobilization has been announced. The Armenian side accuses the Azerbaijani military of shelling populated areas. In turn, Baku claims that the authorities of Armenia and the unrecognized NKP (Nagorno-Karabakh Republic) themselves put the civilian population at risk.

President of Azerbaijan Ilham Aliyev addressed the people of the country and expressed readiness to finally put an end to the Nagorno-Karabakh problem.

The current aggravation of the military conflict in Nagorno-Karabakh is the most acute since the "four-day war" in April 2016, when Azerbaijan managed to regain up to 20 square kilometers of territory along the line of contact with Armenian troops.

The roots of the conflict

The conflict in Nagorno-Karabakh has been going on since the late 1980s. Traditionally, for at least the last 100 years, relations between the Armenian and Azerbaijani communities in Transcaucasia have been strained during periods of weakening the geopolitical power that held control over the region. It was so during the Armenian-Azerbajani massacres of 1905-1906, that coincided with the First Russian Revolution and during the Civil War in Russia.

The era of Perestroika led to the renewal of centrifugal tendencies and the blossoming of both Azerbaijani (Turkic) and Armenian nationalisms. The very idea of building nation-states in the region, where both peoples historically lived intermittently as part of empires, could not but lead to a war accompanied by ethnic cleansing.

Specifically in Nagorno-Karabakh, the Armenian community proclaimed the creation of its own state with the prospect of joining Armenia. As a result, a war broke out that ended with the signing of an armistice in 1994. Azerbaijanis were expelled from Nagorno-Karabakh. In turn, almost the entire Armenian community of Azerbaijan also left the country.

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Now the only diplomatic format for conflict resolution is the OSCE Minsk Group, co-chaired by Russia, USA and France.

At the same time, all peace initiatives have reached a deadlock. Over the past 10 years the so-called "Kazan formula" has been discussed in the expert community, and since 2016 the so-called "Lavrov plan": Russia's proposals to start de-escalation of the conflict.

The "Kazan formula" referred to Armenia's exchange of the seven occupied districts of Azerbaijan around Nagorno-Karabakh for the end of the economic blockade by Baku. These seven districts make up the so-called Nagorno-Karabakh Security Belt, where there is virtually no population.  The second initiative concerned five of the seven districts, leaving the unrecognized NKP to have a land corridor for communication with Armenia.

However, as pro-Western politician Nikol Pashinyan came to power in Yerevan after colored revolution, the Armenian side refused this compromise.

zaAAkjtj.jpgPashinyan's factor

In 2018, a liberal politician Nikol Pashinyan became the Prime Minister of Armenia. Previously, he was a member of parliament from the "Yolk" bloc, which advocated Armenia's withdrawal from the structures of the Eurasian economic integration.

The new Prime Minister of Armenia took a double stance on Nagorno-Karabakh. On the one hand, he provoked Azerbaijan by advocating direct negotiations between Stepanakert and Baku, which the Azerbaijani authorities could not do. On the other hand, he entered into a political conflict with the NKP leadership related to the Armenian leader Serzh Sargsyan, who was deposed in Yerevan in 2018 as a result of protests.

Pashinyan also entered into a conflict with the Armenian Diaspora in Russia, initiating criminal proceedings against his political opponents. One of them was the former president of Armenia and the first president of the unrecognized NKP, Robert Kocharyan, who when he had been the leader of the country had established good personal ties with Vladimir Putin. At the same time, representatives of Western liberal foundations and NGOs came to Armenia's governing structures under Pashinyan.

It is possible that this factor also played a role in Azerbaijan's decision to solve the Nagorno-Karabakh problem by force: Pashinyan refused to compromise, while complicating relations with Russia. Baku may well have thought that Moscow would not stand up for Pashinyan, who has accumulated many questions.

The Turkish factor

For a long time, the Nagorno-Karabakh conflict remained a time-bound mine that could blow up the region. The reason why the Nagorno-Karabakh conflict is so important is that major regional powers may be drawn into it, primarily Russia (on Armenia's side as a CSTO ally) and Turkey (as a traditional ally of Azerbaijan).

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Turkey, represented by President Recep Tayyip Erdogan and numerous officials has already announced full support of Azerbaijan by all possible means. After clashes on the Armenian-Azerbaijani border in July 2020, Ankara and Baku held a series of joint exercises, including near the border with Armenia.

The foreign and Russian media reported on the possible transfer of pro-Turkish fighters from Syria to Azerbaijan ("Sultan Murad Division"). Besides Syria itself, Turkish private military company SADAT uses this contingent in the Libyan campaign.  Armenian Ambassador to Russia Vardan Toganyan also accused Ankara of sending 4 thousand militants to Azerbaijan.

If the reports about Syrian fighters are at least partly true, Ankara's activity in the Karabakh direction may be due not only to the desire to help the "brothers" of Azerbaijanis, but also to pressure Russia near its borders to make concessions both in Syrian and Libyan directions.

However, Turkey's large-scale involvement in the conflict contradicts Ankara's objective geopolitical interests.

The prospect of a clash with Russia collapses the complex system of negotiations and force balancing that Moscow and Ankara have been building in recent years. Despite the tactical contradictions and support of various parties in specific conflicts in Syria and Libya, this system has effectively isolated other players, primarily Western countries led by the United States. According to the Western think tanks, Turkey and Russia have become the main forces in Syria and Libya.

Economic and energy projects, primarily "Turk Stream", are also mutually beneficial for Russia and Turkey. On the contrary, it is important for Washington to undermine this project as well as “Nord Stream-2”.

If Ankara is dragged into an open conflict with Moscow over Nagorno-Karabakh, Turkey will find itself in a situation similar to that of the Russian Su-24 in November 2015. It will lose an important partner, but it will not get the appreciation of the West (especially given the activity of the Armenian lobby in the United States and European countries).

Atlanticist trap

Russia maintains allied relations with Armenia, and the only Russian military base in Transcaucasia is now located in Armenia - in Gyumri. However, Azerbaijan is Russia’s important geopolitical and economic partner. Moscow is least interested in a large-scale conflict in the region.

Moreover, whatever position it takes if the conflict turns into a full-scale war, Russia is in a position of a loser.

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If Moscow supports Yerevan in the conflict, it will lose Azerbaijan and the North-South Corridor project, which should connect Russia with Iran and India, will collapse. NATO bases could emerge in the Caspian Sea.

Refusal to support Yerevan threatens Armenia's withdrawal from Eurasian integration structures. In that case, the Russian military will have to leave Armenia and the Americans will take their place. Armenia's neighborhood with Iran is an additional motivating factor.

Turkey's possible protests do not count, as the Americans have already had experience of being in Syria, near the Turkish birders, supporting the anti-Turkish Kurdish forces, that Ankara considers terrorist. And such a hostile behavior did not lead to the serious consequences for the American side.

Finally, we cannot rule out the possibility of American or European "peacekeepers" appearing in the conflict zone.

It is the Atlantic Pole that benefits from the large-scale war in the region from extra-regional forces.

It is in the U.S. interests to turn Russia and Turkey against each other. The Americans are interested in two forces challenging the unipolar world order to fight each other, not against the US hegemony. Diverting attention from both Russians and Turks to Nagorno Karabakh will allow Americans to dramatically increase their influence in Syria, Libya, the Eastern Mediterranean as a whole, and other regions where Moscow and Ankara have become visible.

It is indicative that activation of the conflict in Nagorno-Karabakh coincided with other strikes of the Atlantists in the "Great War of Continents": riots in Belarus and pressure on Germany to abandon the "Nord Stream-2" ("Poisoning of Alexei Navalny ").

It is in the interest of the Eurasian Geopolitical Pole to do everything so that the scenario of Atlantic revenge does not materialize and the conflict is ended as soon as possible.

At that, a goal should be set to eliminate all networks of Atlantic influence in the region, both in Armenia and Azerbaijan, as well as in Russia and Turkey. Interference of extra-regional forces into the conflict should be stopped.

The OSCE Minsk Group has proven to be completely unsuitable. It serves as a tool to legitimize American and European interference in the region. The choice of the co-chairmen of the group based on the principle of representing the world's largest Armenian Diasporas is also doubtful. This causes Azerbaijan's distrust.

Besides Armenia and Azerbaijan, the conflict directly affects such powers as Russia, Iran and Turkey. In Syria, these three powers were able to implement a more effective negotiation mechanism - the Astana format, which significantly reduced the destructive influence of the West and the Persian Gulf countries.  It is time to talk about the Astana format on Nagorno Karabakh issue.

 

dimanche, 27 septembre 2020

Nord Stream 2: derniers rebondissements

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Nord Stream 2: derniers rebondissements

par Mikhaïl Kroutikhine

Il est désormais peu probable que le gazoduc Nord Stream 2 voie le jour. Cela n’empêche pas Berlin de l’utiliser à des fins politiques… mais pas contre la Russie.

Dans un entretien accordé au quotidien allemand Bild le 21 septembre, le secrétaire d’État américain, Michael Pompeo, annonce que Washington veut prendre la tête d’une coalition anti-Nord Stream 2. Ses arguments sont simples : ce gazoduc, censé relier la Russie à l’Allemagne via la Baltique, menace la sécurité énergétique de l’Europe en renforçant sa dépendance envers Moscou, et nuit aux intérêts de l’Ukraine, par laquelle transite actuellement une grande partie du gaz russe. « Le gouvernement allemand se rendra bientôt à l’évidence », ajoute-t-il. Pour lui, la récente tentative d’empoisonnement d’Alexeï Navalny – toujours démentie par Moscou mais confirmée par des laboratoires allemand, français et suédois –, illustre l’impossibilité de se fier aux Russes…

Le chef de la diplomatie américaine n’est pas le premier à lier les dossiers Navalny et Nord Stream 2. Dès les premiers soupçons concernant un empoisonnement au Novitchok de l’opposant russe, à la fin d’août, des voix se sont élevées, en Allemagne (notamment au Bundestag), pour sanctionner la Russie en abandonnant définitivement le chantier. Le 8 septembre, Angela Merkel a toutefois clairement exprimé sa position : Berlin ne sanctionnera pas unilatéralement Moscou, mais se pliera à la décision de l’Union européenne.

Menacer le Kremlin de bloquer un projet qui n’avance pas aurait peu de sens et relèverait de la démagogie la plus pure.

En réalité, la chancelière allemande juge peu pertinent de tenter de faire pression sur le Kremlin en mettant le gazoduc dans la balance – ce dont elle devait tenter de convaincre ses partenaires européens, en particulier Emmanuel Macron, les 24 et 25 septembre, au cours d’un sommet, reporté pour cause de Covid-19. Elle s’appuie en cela sur un constat simple : Nord Stream 2 fait déjà l’objet de lourdes sanctions de la part des Américains, et le projet n’avance plus depuis bientôt un an.

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Peur du gendarme américain

En décembre 2019, le Congrès américain menace de représailles toute entreprise participant à la pose du gazoduc. Depuis, en dépit des déclarations de Moscou sur ses capacités à achever le travail, le chantier est à l’arrêt, à environ 160 kilomètres des côtes allemandes. En neuf mois, Gazprom a seulement effectué des travaux de stabilisation du tronçon déjà posé.

Les bateaux suisses et italiens engagés sur le chantier ont mis les voiles dès décembre, et aucune entreprise n’a pris le relai, par crainte de déplaire à Washington. Certes, Gazprom dispose d’un navire-grue, l’Akademik Tcherski, qui pourrait poser les derniers tuyaux. Mais, même modernisé, il ne peut, seul, mener à bien sa tâche, et tous les navires auxiliaires étrangers susceptibles de l’épauler ont des capitaines trop respectueux de la Lex americana pour quitter le port.

Ainsi, menacer le Kremlin de bloquer un projet qui n’avance pas et de clore un dossier à l’avenir plus qu’incertain aurait peu de sens et relèverait de la démagogie la plus pure. Mais a fortiori, si l’Allemagne ne nourrit plus d’illusions sur Nord Stream 2 depuis décembre, comment expliquer son soutien affiché des derniers mois ?

Jeu double

Depuis le début, la Russie considère Nord Stream 2 comme un levier géopolitique lui permettant d’exporter son gaz en contournant l’Ukraine. Berlin, de son côté, s’est toujours officiellement déclarée défavorable à un abandon total du transit gazier ukrainien (une source non négligeable de revenus pour Kiev). En 2019, Angela Merkel a d’ailleurs plusieurs fois assuré avoir reçu la garantie du Kremlin que les robinets ne seraient pas coupés de ce côté-là. Ce « soutien » à Kiev n’a toutefois jamais dépassé le cadre des déclarations. Le chantier du nouveau gazoduc avançant (on parlait alors d’une inauguration avant la fin de 2019), l’Europe semblait devoir se résoudre, à échéance des contrats de transit russo-ukrainiens, à être approvisionnée en gaz via la Baltique.

Les sanctions américaines ont bouleversé le rapport de forces. Les doutes sur l’avenir de Nord Stream 2 ont immédiatement ramené Gazprom à la table des négociations avec ses partenaires ukrainiens afin de signer dare-dare un nouvel accord sur cinq ans. Un accord favorable à Kiev, soit dit en passant, qui, outre le maintien d’un certain niveau de trafic dans ses installations, lui garantit des revenus stables : Gazprom s’engage à payer pour le transit de 80 % des volumes stipulés dans le contrat, même en cas de baisse des cadences réelles.

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Si l’Allemagne n’a rien perdu dans l’aventure Nord Stream 2, tel n’est pas le cas de la Russie.

Faut-il voir la main de Mme Merkel dans ce brusque revirement de situation ? Absolument pas. La chancelière et son gouvernement, répétons-le, se sont contentés de déclarations du bout des lèvres. Pas plus qu’aujourd’hui sur le dossier Navalny, ils n’ont jamais eu l’intention de se brouiller avec Moscou à propos de l’Ukraine.

Là encore, cette attitude interroge : comment expliquer ce double jeu ? L’Allemagne n’est pourtant pas dépendante énergétiquement de la Russie : s’il fallait se passer de gaz russe pour une raison quelconque, elle disposerait d’autres sources d’approvisionnement largement suffisantes. Et de manière plus générale, Nord Stream 2 n’a jamais eu pour vocation d’augmenter les importations gazières des pays de l’UE : en Europe occidentale, la tendance est à la baisse durable de la consommation.

Bon prétexte

En réalité, le soutien allemand à un projet en perdition n’a qu’un objectif : exprimer sa désapprobation de l’attitude américaine vis-à-vis de l’Europe. En sanctionnant le gazoduc russe, Washington s’est attaquée à un projet qui ne la concerne pas et qui, de fait, ne menace pas son secteur GNL. Il s’agit là d’une nouvelle ingérence directe dans les affaires de l’Europe.

En refusant d’employer Nord Stream 2 comme une arme politique dirigée contre la Russie, Berlin se garde la possibilité de l’utiliser dans la polémique et les nombreuses batailles qui opposent les Européens aux États-Unis sous la présidence Trump.

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Les Allemands se retrouvent face à une alternative : d’un côté, reconnaître l’impossibilité de terminer les travaux et classer le dossier, c’est-à-dire reconnaître la victoire des Américains (tout en portant un coup symbolique à la Russie) ; de l’autre, feindre de tenir au projet et se réserver un motif de récrimination. Les deux positions ont leurs défenseurs en Allemagne. En s’en remettant à la décision de Bruxelles, Mme Merkel s’abstient de trancher sur un sujet clivant (à Berlin, deux camps s’opposent frontalement), aux répercussions économiques limitées pour son pays : la quasi-totalité des fonds engloutis proviennent de Gazprom (en particulier pour la partie du pipeline en territoire russe). Les entreprises internationales engagées sur la moitié du volet maritime du projet (entre autres Shell, Engie, OMV ou encore Wintershall) devront néanmoins se résoudre à passer par pertes et profits les investissements consentis.

Si l’Allemagne n’a rien perdu dans l’aventure Nord Stream 2, tel n’est pas le cas de la Russie. Sur le volet politique, son projet de contournement de l’Ukraine est en train d’échouer à cause des États-Unis. Quant à l’aspect économique, il n’a jamais pesé dans la balance : d’emblée, il était clair que les dizaines de milliards de dollars nécessaires à la construction d’un gazoduc reliant la péninsule de Iamal, dans le Grand Nord, aux côtes allemandes, n’avaient aucune chance d’être rentabilisés.

Mikhaïl Kroutikhine, spécialiste hydrocarbures

24 septembre 2020 COURRIER de RUSSIE.

samedi, 26 septembre 2020

Pourquoi l'extraterritorialité américaine constitue-t-elle une arme de guerre économique?

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Pourquoi l'extraterritorialité américaine constitue-t-elle une arme de guerre économique?
 
Ex: La Revue Géopolitique (via Instagram)

Neuf milliards d'euros d'amende contre BNP Paribas pour avoir violé l’embargo iranien ou encore 772 millions contre Alstom sont deux exemples illustrant les conséquences de l'extraterritorialité du droit américain comme arme de guerre économique.⠀

Après de nombreuses dérives de multinationales américaines, le Congrès vote le "Foreign Corrupt Practices Act" (FCPA) en 1977, loi luttant contre la corruption d'argent public - et promue par les USA auprès de l’OCDE en 1997 - après s’être aperçu d’une éventuelle distorsion de concurrence entre les entreprises américaines et étrangères, non-tenues par cette loi. Ce principe permet au “Department of Justice” de poursuivre une entreprise étrangère s’adonnant à des activités frauduleuses, lorsqu’elle possède un quelconque lien avec les USA, tel que l’utilisation du dollar lors d’une transaction.⠀

Suspecté depuis 2010 de mener des activités de corruption pour obtenir des contrats, la justice américaine a fait pression (montant de la possible amende, arrestation de dirigeants) en 2014 sur le PDG d’Alstom, poids lourd de l’industrie française, et l’a obligé à céder sa filiale “énergie” à un concurrent direct américain, General Electric, pour la somme dérisoire de 13 millions d’€, en échange de l’abandon des poursuites. Titulaire d’actions cotées aux USA et accusée de corruption concernant des appels d’offres publics, l’entreprise Sanofi a dû payer une amende de 25 millions d’euros en 2018, au titre du FCPA.

Avec des amendes colossales, l’arrestation de dirigeants d’entreprises ou encore l’obligation de se conformer aux standards de la réglementation américaine, au risque d’être banni du très influent marché américain, les USA disposent ainsi d’un arsenal juridique remettant en cause la souveraineté économique des Etats qui y sont confrontés. Qu’est-ce que vous en pensez? Votre opinion nous intéresse!

“Source Image: ShutterStock”⠀
Rédacteur: Joan Kinder⠀
Rédacteur en chef: Saïmi Steiner⠀

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Kris Roman ontmoet Drs Alfred Vierling de MH17-vlucht

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Время Говорить:

Kris Roman ontmoet Dr. Alfred Vierling over de MH17-vlucht

 
 
In het praatprogramma Время Говорить ('Tijd om te Spreken') ontvangt Kris Roman speciale gasten die hun bevindingen en kennis over actuele thema's aan het grote publiek verduidelijken.
 
In deze aflevering, opgenomen op 10-09-2020, is Doctorandus Alfred Vierling te gast. Malaysia Airlines-vlucht 17 (ook wel MH17, onder code sharing met KLM ook aangeduid als KL4103) was een vaste lijndienst in de burgerluchtvaart vanaf Amsterdam (luchthaven Schiphol) naar Kuala Lumpur.
 
Op 17 juli 2014 stortte een Boeing 777-200ER van Malaysia Airlines met vluchtnummer MH17 neer bij het dorp Hrabove in Donetsk. Rondom Donetsk was op dat moment een Oekraïense oorlog tegen de burgers van DNR gaande. Aan boord waren 298 mensen, 283 passagiers en vijftien bemanningsleden. 193 inzittenden hadden de Nederlandse nationaliteit, vier inzittenden hadden de Belgische nationaliteit. Nederland is leidende natie wat betreft het proces om schuldigen te vinden en te straffen. Drs. Alfred Vierling is drs in internationaal recht en in de politicologie. Hij verdiepte zich in de 'zaak MH17'.
 

The International North-South Transport Corridor: Shifting Gears in Eurasian Connectivity

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The International North-South Transport Corridor: Shifting Gears in Eurasian Connectivity

 

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Ex: https://moderndiplomacy.eu

As the centre of gravity of the global power play tilts towards its economic underlining,

issues like trade, connectivity and infrastructure have come to warrant greater significance in foreign policies. This holds particularly true in Central Asia where the need for investment coupled with its strategic geographical stretch has drawn increasing attention towards the potential of transport corridors as catalysts of economic integration and connectivity. While China’s colossal Belt and Road Initiative (BRI) has been at the centre of global attention, India, Iran and Russia have mapped out their own plans for a transcontinental transport corridor. The International North-South Transport Corridor (INSTC) is a landmark initiative for Eurasian connectivity. Twice as short as the traditional trade route between India and Russia, the corridor augments economic cooperation and gives sea access to land-locked member states in Central Asia. This paper seeks to advance an understanding of the development of the INSTC and examine its significance in the Asian transportation grid. In doing so, it analyses the geopolitical dynamics that underlie the project’s agenda, examines it in the context of the BRI, explores the stumbling blocks in its developments and comments on its future prospects while highlighting some recommended policy changes.

Bridging the Connectivity Gap

The International North-South Transport Corridor is a 7200 km-long multimodal transportation network that links the Indian Ocean to the Caspian Sea via the Persian Gulf onwards into Russia and Northern Europe. Launched as a joint initiative by India, Iran and Russia in 2000 and ratified by the three in 2002, the corridor has now expanded to include eleven more members, namely, Azerbaijan, Armenia, Kazakhstan, Kyrgyzstan, Tajikistan, Turkey, Ukraine, Syria, Belarus, Oman and Bulgaria (observer status). The 2000 agreement was set in motion with the objectives of simplifying and developing transportation services, enhancing access to global markets and coordinating transit policies while also ameliorating route security. India’s accession to the Shanghai Cooperation Organisation (SCO) in 2017 and the Ashgabat Agreement in 2018 have only increased these connectivity prospects.

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Figure 1: The INSTC route and the standard Suez route. Credit: Wikimedia Commons

Although the original agreement envisaged connecting India and Iran to Central Asia and Russia, the potential of the corridor to gradually envelop the Baltic, Nordic and even the Arctic regions is no longer far-fetched. The first or the central branch of the corridor of the INSTC begins from the Mumbai port in the Indian Ocean Region and connects to the Bandar Abbas and Chabahar ports on the Strait of Hormuz and then passing through the Iranian territory via Nowshahr, Amirabad and Bandar-e-Anzali, runs by the Caspian Sea to reach the Olya and Astrakhan Ports in Russia. The second or the western branch connects the railway network of Azerbaijan to that of Iran via the cross-border nodal points of Astara (Azerbaijan) and Astara (Iran) and further to India via sea route. The third or the eastern branch of the corridor connects Russia to India through the Central Asian countries of Kazakhstan, Uzbekistan and Turkmenistan. Notably, the INSTC is multimodal in nature, encompassing sea, road and rail routes in its network to offer the shortest route of connectivity for Eurasian cargo transport. Bereft of the INSTC, cargo between India and Russia moves either through the Netherlands’ port of Rotterdam or China’s Qingdao port which takes over 50 days for transit. The INSTC in its completion cuts this transit time down to about 16-21 days. It also offers a considerably shorter route than the Suez Canal transit passage which, besides being overloaded, is also much more expensive than the former. This was made apparent by the dry run conducted by the Federation of Freight Forwarders’ Association of India (FFFAI) in 2014 with the objective of discerning structural problems and missing links in the corridor. The study demonstrated that the INSTC was 30 percent cheaper and 40 percent shorter than the traditional Suez route, slashing the transit time to an average of 23 days for Europe-bound shipments from the 45-60 days taken by the latter. Although the study identified streamlining and coordination with allied agencies as some of the pitfalls, it ascertained that the corridor did not pose infrastructural or security hurdles in the maiden dry run. The second dry run, reportedly conducted in 2017, generated a similar sense of optimism.[1]

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With an estimated capacity of 20-30 million tons of goods per year, the corridor facilitates transit and bolsters trade connectivity. But besides the more obvious benefits of increased trade, the time and cost savings coupled with access to new markets also translate into increased competitiveness in exports. This holds particularly true for the INSTC because unlike the BRI, the INSTC nations have a level-playing field, allowing for benefits to be distributed more evenly. For India, the corridor also augments its ‘Make in India’ initiative. Access to nations of the Eurasian Economic Union alone can offer it a market of 173 million people. Additionally, the corridor facilitates free trade agreements, opens new opportunities to engage with more regional trading blocs and in harmonising policies while bringing about a more uniform legal climate and enhances regional stability. 

Geopolitical Geometries

The INSTC acts as a gateway for India to reconnect with the resource-rich nations of Central Asia and Eurasia. It makes for one of the most salient aspects of India’s Connect Central Asia policy which was initiated by Indian policy markers in 2012 in a bid to revamp its ties with Central Asia. In a way, the INSTC serves the more proactive stance that the Indian foreign policy has come to adopt in recent years. For a long time, India’s westward connectivity had been disrupted by its contentious relations with Pakistan. In providing a direct link to the Iranian ports of Chabahar and Bandar Abbas, the INSTC allows the nation to bypass the Pakistan hurdle. Furthermore, it presents India with an opportunity to re-engage with Russia which, in the light of India’s increasingly cordial relations with the United States, has been advancing its relations with Pakistan. In 2018, bilateral trade between India and Russia stood at USD $8.2 billion, a dismal amount compared to the envisaged target of US $30 billion in bilateral trade by 2025. The need to re-energize trade coupled with the lack of a coterminous border renders the INSTC imperative for the two.

The INSTC also makes way for India to offset growing Chinese presence in the region. The partly Indian-built port of Chabahar in Iran is not only central to India’s connectivity to Central Asia but also holds significant strategic importance. Located just 72 kilometres west of the Pakistani port of Gwadar which has been developed under the BRI, Chabahar allows India to counter the Chinese strategic foothold in the Indian Ocean Region. The port is also pivotal for land-locked Afghanistan to unlock its trade potential and reduce its dependence on Islamabad. In this context, it is worthwhile to note that, positioned at the crossroads of the North-South and East-West transit corridors, Iran is the lynchpin to the success of the INSTC. Isolation of Iran in the wake of the U.S. sanctions then can inevitably put the actualisation of the INSTC in jeopardy. However, the signing of an MoU between the state-backed Container Corporation of India (Concor) and Russian Railways Logistics Joint Stock Company (RZD) in 2020 to transport cargo via the INSTC despite the threat of U.S. sanctions indicates a promising outlook for the full operationalisation of the corridor.

The geopolitical geometries of the INSTC are complicated not only by tangled relations with extra-regional players but also amongst the members themselves. Azerbaijan’s accession to the INSTC in 2005 spurred the corridor’s spread in the Caucasus and heralded the bridging of missing links like the Qazvin-Rasht-Astara railway line. Anticipating up to seven million tons of cargo transit through its territory in the medium term, Azerbaijan has agreed to finance $500 million for the project. But besides the economic benefits, the corridor also makes for a geopolitical asset for Azerbaijan in offering an opportunity to further isolate Armenia with which the country shares adversarial relations. The INSTC undermines Armenia’s own underfunded regional railroad initiative by providing more suitable economic dividends and linking Iran with Turkey via Georgia’s Black Sea Ports while bypassing those of Armenia with the Baku-Tbilisi-Kars route. Notably, for Armenia, the completion of the Armenia-Iran Railway Concession Project would bring colossal direct benefits for its economy by allowing it to avoid the Turkey and Azerbaijan blockade. However, given the paucity of funds, the Armenian project has remained only on paper. Another case in point is the possibility of friction in Russia-Iran relations in the future if a sanctions-free Iran makes headway in becoming an energy hub and gaining larger shares in the oil and gas markets of Europe which has been striving to reduce its dependence on Russian gas. Moreover, realities of the INSTC’s geopolitical geometries may complicate even further if the corridor expands to include countries from the Baltic and Nordic regions along with other interested states like Japan under its ambit. Nevertheless, given that the main argumentation behind the corridor is to reap commercial benefits, it is unlikely for the geopolitical rationale to override economic reasoning.

The INSTC and BRI: A Harmonious Grid?

The INSTC and China’s BRI are both colossal multi-modal undertakings which enhance economic connectivity and promote infrastructural growth. However, conceived almost a decade before the launch of the BRI,  the INSTC is a much older project. Unlike the BRI where China plays the role of the foreman, it follows a much more multilateral approach with multiple stakeholders participating on a level playing field. INSTC proposals are also devoid of ‘debt-trap’ fears which have often plagued the appeal of the BRI. While this makes the INSTC much more transparent and reliable and thereby increases its tenability in the long run, it also implies more constraints in its development process. The shortage of funds for constructing missing links in the corridor is one such example. As the helmsman of the BRI, China is not only willing to invest large sums into the project but is also willing to risk markedly low returns on its long-term investments. This, however, points to the concern that the entire project is a decisive strategic manoeuvre. For India, this holds particularly true for the CPEC stretch on the BRI whose Gwadar port is seen as a catalyst for China to gain a strategic foothold in the Indian Ocean Region. China’s bid to extend ties into Afghanistan and Iran have stirred these tensions further. Nonetheless, it is important to note that Iran’s growing ties with China need not necessarily come at the cost of India-Iran relations. Besides, the North-South axis of the INSTC can, in fact, complement the East-West axis of the BRI to make for a more cohesive transport grid in Eurasia. Although the INSTC and China’s BRI initiative are often pitted against each other, it must be understood that the two are not entirely incompatible with each other.

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Bottlenecks and Constraints

Progress on the INSTC has taken place in fits and starts. Following the progress made in the first few years of its inception, development on the corridor slowed down from 2005 to 2012. Progress picked up the pace again after the sixth meeting of the INSTC members in 2012 and the project has been gradually gaining momentum since. Coincidently, this was the same year in which India launched its ‘Connect Central Asia’ initiative. One reason behind the sluggish pace of progress was the imposition of sanctions on Iran which isolated it on the global stage. The other major stumbling block has been the lack of financial backing. None of the three main participants has pockets deep enough to ensure unwavering funds for a project of this scale. Different stakeholders are funding different sub-projects creating structural and technical problems for the corridor owing to its disjointed nature. One such problem is the break of gauge issue. The standard railway gauge used by Iran, a central transit hub, is different from the broad gauge used by Russia and the Central Asian nations. For instance, the Rasht-Astara rail link requires a change of gauge from the standard one as the line crosses from Iran into Azerbaijan. This necessitates the need for more change of gauge facilities. The presence of multiple stakeholders creates other problems like customs control and documentation issues, lack of harmony in transportation laws and improper insurance coverage.[2] Moreover, the project still lacks an information exchange platform. This points to the absence of adequate digitalisation and private sector participation in the INSTC. Although the corridor has garnered interest from some companies like Deutsche Bahn, private sector involvement in the corridor has largely remained dormant owing to their concerns for steady returns on investment and security fears. The corridor passes through regions with critical security risks — be it instability in the conflict-ridden Caucasus, extremism in Afghanistan, domestic discord or forms of transnational organised crime like drug trafficking. This puts the security of cargo transit into question and few companies are willing to gamble with this risk, putting the project’s economic viability in jeopardy.

The Path to the Future

While the North-South Corridor holds immense potential, its full realisation is contingent on the resolution of the bottlenecks and constraints impeding its progress. Addressing these challenges requires closer cooperation with government agencies and private enterprises at both regional and international levels. First, it is imperative to understand that the main selling point of the corridor is commercial gain from increased connectivity. To this end, the INSTC members must avail and make practical and effective use of its complementarity with the existing grid of transnational corridors in Eurasia owing to the North-South axis that the corridor operates on. Synergy with other corridors will allow the INSTC to create additional positive economic spill-overs. Synchronisation with corridors of the Trans-European Transport Network such as the North-Sea Baltic corridor, with organisations like the Black Sea Economic Cooperation (BSEC) and other nations like Japan, Myanmar and Thailand can significantly enhance the outreach of the project. Second, the INSTC members must incorporate new digital technologies, launch a web portal for information exchange and build digital nodes along the corridor to turn it into a fully integrated networking system. One way of achieving this is to have India, with its robust IT sector, take the lead in the digitalisation of the corridor. The other is to push for greater participation from the private sector which is significantly more efficient in advanced technologies.[3] Third, infrastructural and technical issues must be resolved. Integration of logistics assets, provision of visa facilities, ease of gradients, aggregation of cargo bound in the return direction and increasing availability of change of gauge facilities are some steps in this direction. Fourth, it is equally important to work towards greater harmonisation of policies. This necessitates the creation of high-level working groups and adept integration of policies and laws. It is, however, important to ensure that changes introduced in the direction of legal harmonisation must not be integrated with local laws unexpectedly in a trice but rather in a step-by-step manner to ascertain a smooth transition. Only once these steps are undertaken and the existing bottlenecks removed, can the INSTC members expand the ambit of the project to include new domains like smart energy, blockchain technology, pipeline connectivity, and consider the prospects of extending the corridor to areas like North Africa and the Arctic region.

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Conclusion

The International North-South Transport Corridor was initiated based on the vision of India, Russia and Iran to enhance strategic partnership and economic cooperation by augmenting connectivity through Central Asia. Although the initial progress was slow, the project has expanded dramatically to potentially increase its reach up to Northern Europe. Extending its geographical stretch to such an extent and tapping into its vast potential, however, is bound to be a time taking process. Questions over sanctions on Iran and Russia, the mustering of adequate economic wherewithal and lack of private participation still linger. Nonetheless, it would be unwise to judge the corridor’s capacity to deliver before it becomes fully operationalised. Given that development on the corridor is still underway, it can be easily modified to overcome structural problems. Cargo exchange and private participation are also bound to drum up further as Asia slowly develops into a larger consumer market itself. While this presents a positive outlook for the corridor’s future, its actualisation rests on the ability of the member states to maintain sustained efforts.


[1] Hriday Ch. Sharma, “Turning the International North-South Corridor into a ‘Digital Corridor’”, Comparative Politics Russia, 4 (2018), 125, 10.24411/2221-3279-2018-10008.

[2] “INSTC Conference-India 2015”, 87-94.

[3] Hriday Sharma, “Turning the International North-South Corridor into a ‘Digital Corridor’”, 124-138

vendredi, 25 septembre 2020

Die (Um)Verwandlung der NATO

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Die (Um)Verwandlung der NATO

Willy Wimmer

Eine immer größere Rolle bei der fortschreitenden Militarisierung wird den baltischen Ländern zuteil - Lettland, Litauen und Estland.


Unter Berücksichtigung der aktuellen Situation in der Ukraine und in Weißrussland zerstört die proamerikanische Politik dieser Länder praktisch die allgemeine europäische Einheit und führt zu einer Verschärfung der Beziehungen mit Russland. Aus dieser Perspektive stimmen sie zu 100% mit allen Initiativen Washingtons gegen Moskau überein, auch wenn sie den Interessen Europas zuwiderlaufen. Es ist interessant, dass diese Länder Subventionen erhalten und gleichzeitig die Erhöhung der NATO-Ausgaben befürworten.


Dabei sagte der litauische Verteidigungsminister Raimundas Karoblis bereits im April, dass die wirtschaftlichen Schwierigkeiten aufgrund der Pandemie kein Hindernis für das Erreichen der Ziele der Militärhaushalte des Blocks darstellen könnten. Eine seltsame Aussage - sie erhalten Subventionen, die sie dann für das Militärbudget ausgeben. Und Brüssel unterstützt das auch noch mit Freude.


Zur Wiedergeburt der NATO und zum Einsatz von US-Satelliten in der antirussischen Rhetorik, ein Kommentar von Willy Wimmer, Staatssekretär a.D..

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Willy Wimmer:
„Ich habe vor gut 20 Jahren an einer Konferenz des amerikanischen Außenministeriums in Bratislava teilgenommen. Unter Führung von John Bolton, dem ehemaligen Sicherheitsberater des amerikanischen Präsidenten Trump, ist uns da die neue Welt vorgestellt worden. Die neue Welt, die sich dadurch kennzeichnet, dass man die Russische Föderation aus Europa heraus drängt und zwischen Riga und Odessa eine Rote Linie zieht - also quer über den Kontinent. Aber das hatte auch noch eine andere Komponente, die ebenfalls offen angesprochen worden ist. Man wollte und will Polen mit einem Gürtel gleichgesinnter Staaten umgeben. Deshalb ist bei dem, was wir heute erleben, sowohl in dem Fall Navalny, als auch bei den Dingen, die jetzt in Minsk passieren, eines ganz deutlich sichtbar: die damaligen Überlegungen, die vor gut 20 Jahren vorgestellt worden sind, sind heute praktische amerikanische Politik.


Das hat auch nichts damit zu tun, dass man sich in Washington eigentlich die Augen reiben müsste, wenn man sich den amerikanischen Präsidenten mit seinen Möglichkeiten und die demokratisch-republikanische Kriegsallianz ansieht. Vor wenigen Tagen hatte der amerikanische Präsident noch darauf aufmerksam gemacht, wie friedenswillig er ist und wie kriegsbezogen Pentagon Europa und die Welt kontrolliert. In diesem Spagat machen die USA derzeit ihre Politik. Und wir müssen uns darüber im Klaren sein, dass wir hier in Europa amerikanisches Vorfeld in diesen Überlegungen sind. Wir haben in den letzten 20 Jahren gesehen, dass - von unserer Rechtsordnung angefangen und bis hin zu unserer Wirtschaftsordnung - alles auf amerikanische Belange ausgerichtet worden ist. Und da ziehen Trump und die demokratisch-republikanische Kriegsallianz an einem Strang. Wir sehen ja, dass wieder überall gezündelt wird, ob das nun in Weißrussland oder der Fall Navalny ist. Wir müssen uns fragen, ob sich die deutsche Bundeskanzlerin, was den Fall Navalny anbetrifft, zur Komplizin einer innenpolitischen Auseinandersetzung in einem anderen Land gemacht und damit klassisch gegen die Grundlagen des Völkerrechts verstoßen hat, welche ausdrücklich verbieten sich in die inneren Angelegenheiten eines anderen Staates einzumischen. Das passiert durch Entscheidungen der Europäischen Union auch in Weißrussland, wenn wir uns die Presse von heute bezüglich der Konferenzen von gestern durchlesen. Wir sind in einer Situation des organisierten Umbruchs nicht das Europa, dass friedenswillig ist und sich seine eigene Meinung bilden kann. Wir sind im Sinne einer demokratisch-republikanischen Kriegsallianz das amerikanische Vorfeld in den Auseinandersetzungen mit Russland und möglicherweise auch mit China.


Wir müssen leider fest stellen, dass, lange Zeit nachdem die baltischen Länder Mitglieder der Europäischen Union und der NATO geworden sind, sie eigentlich die verhängnisvolle Geschichte von vor 200 Jahren gegenüber ihrem Nachbarn - Russland - fortsetzen. Da ist nichts zu spüren von einer Friedensdividende, die wir am Ende des Kalten Krieges vor 30 Jahren glaubten einstreichen zu können. Das Tragische für uns ist, dass wir diese Staaten als Mitglieder in der Europäischen Union und der NATO haben, ohne uns zu fragen, ob die Fortsetzung dieser Konfrontationspolitik eigentlich in unserem Interesse gewesen ist. Und, wenn es nicht in unserem Interesse gewesen ist, warum wir sie dann in die NATO und in die Europäische Union aufgenommen haben. Es kann nicht angehen, dass die Phobien bestimmter Staaten - und da können wir auch Polen mit einbeziehen - unsere Beziehungen zur Russischen Föderation, die sich als außerordentlich friedenswillig herausgestellt haben, in Zukunft bestimmen.

Es ist ein europäisches Verhängnis, aus dem wir herauskommen müssen.
Bei der Konferenz vor 20 Jahren in Bratislava wurde eine klare Ansage gemacht und vor wenigen Wochen hat es der österreichische Außenminister Schallenberg, nach einem Besuch des amerikanischen Staatssekretärs Pompeo, in aller Öffentlichkeit, genau so angesprochen. Es geht darum, Weißrussland aus der guten nachbarschaftlichen Beziehung mit der Russischen Föderation heraus zu brechen und diesen Wall gegen Russland vom Westen aus zu vollenden. Das hat nichts mit europäischer Kooperation, sondern nur mit europäischer Feindschaft zu tun“.

Quelle:

https://www.lrt.lt/en/news-in-english/19/1167199/coronavi...


Die Meinung des Autors/Ansprechpartners kann von der Meinung der Redaktion abweichen. Grundgesetz Artikel 5 Absatz 1 und 3 (1) „Jeder hat das Recht, seine Meinung in Wort, Schrift und Bild frei zu äußern und zu verbreiten und sich aus allgemein zugänglichen Quellen ungehindert zu unterrichten. Die Pressefreiheit und die Freiheit der Berichterstattung durch Rundfunk und Film werden gewährleistet. Eine Zensur findet nicht statt.“

mercredi, 23 septembre 2020

Pas de pardon pour le président Loukachenko

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Pas de pardon pour le président Loukachenko

par Georges FELTIN-TRACOL

Bien avant Donald Trump, Jair Bolsonaro, Rodrigo Duterte, Viktor Orban ou les frères Kaczynski, il est le premier chef populiste, voire illibéral, de l’après-Guerre froide. Par son action politique, il anticipe la « verticale du pouvoir » poutinienne. Son indéniable charisme, son bon sens, son application à servir, son habilité diplomatique et son caractère déterminé ont contredit Francis Fukuyama et sa prophétie foireuse de la « Fin de l’Histoire ». En vingt-six ans de présidence, Alexandre Loukachenko n’arrive pas à se faire pardonner par le Système du mauvais Bien.

L’agitation actuelle qui secoue le Bélarus commence dès la confirmation de la réélection dès le premier tour du président sortant. Comme à chaque fois, les pègres étatiques occidentales n’approuvent pas le choix souverain du peuple, encouragent des candidats en carton pâte et dénoncent des fraudes électorales, estimant que Minsk imite les vieilles habitudes politico-mafieuses de Chicago, de Los Angeles, de Londres ou de Marseille…

Certes, le Bélarus serait l’ultime parc soviétique avec le maintien des statues de Lénine et des premiers bolcheviks. Le Bélarus accepte son passé et garde une nostalgie certaine de l’URSS. Quant au président Loukachenko, comme tout le monde, il a commis quelques maladresses. Il a permis ces dernières années l’implantation d’ONG pseudo-humanitaires à la solde de George Soros, et l’ouverture de « nefast’foods » étatsuniennes. Le dimanche 30 août dernier, il aurait pu aussi apporter un soutien officiel aux milliers de manifestants anti-masque à Berlin et à Paris.

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L’Occident dégénéré ne lui pardonne pas que le Bélarus soit une belle preuve tangible d’État-stratège. À l’heure où un Béarnais obtient le haut-commissariat au Plan en France, le président Loukachenko a toujours misé sur un essor économique équilibré avec un secteur agricole aux productions réputées dans toute l’aire ex-soviétique, un secteur industriel performant et un secteur tertiaire dynamique. Sait-on qu’il existe en banlieue de Minsk un Parc des hautes-technologies, l’équivalent bélarussien de la Silicone Valley californienne ? Le Bélarus a parfaitement négocié le tournant de la IIIe Révolution industrielle sans renoncer à son appareil industriel ni dépeupler ses campagnes. Autorisant l’emploi des cryptomonnaies, le Bélarus a vu apparaître une catégorie socio-professionnelle d’entrepreneurs informatiques. Les problèmes économiques momentanées que connaît le pays sont d’ordre conjoncturel et résultent souvent des pressions géopolitiques venues tant de l’Occident déclinant que de certaines coteries périphériques, plus ou moins véreuses, du Kremlin.

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko sa victoire de 1994 sur un programme anti-corruption et anti-libéral. Président tout puissant bénéficiant de la confiance du peuple, il a pu écarter l’ensemble des oligarques locaux qui commençaient à piller et à brader les ressources naturelles et les richesses économiques du jeune État post-soviétique.

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de réussir hors de toute emprise partitocratique la conciliation de la « gauche du travail » et de la « droite des valeurs ». Hormis une organisation de jeunesse qui lui est favorable, l’Union de la jeunesse républicaine du Bélarus, Alexandre Loukachenko n’a jamais voulu créer son propre parti. Indépendant et impartial, il agit en président de tous les Bélarussiens, soit tout le contraire des pantins occidentaux qui, le soir de leur élection, le clament haut et fort sans pour autant l’appliquer ensuite.

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko sa lucidité au moment de la pandémie de coronavirus. À l’instar de la Suède, il refuse de sombrer dans la psychose, exclut tout confinement obligatoire, n’impose pas le port du masque partout et tout le temps, et ordonne la poursuite des compétitions sportives. Toutefois, désinformée par les ondes de la BBC et de Radio Free Europe, la population bélarussienne n’alla pas aux stades de peur d’être contaminée. Or, une partie de celle-ci manifeste maintenant chaque dimanche sans craindre d’attraper le virus comme s’il avait disparu…

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Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de ne pas se courber devant le FMI, la Banque mondiale et les agences financières internationales. Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de tenir tête aux injonctions sociétalistes LGBTistes. Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de tancer en public ou devant les caméras tel directeur d’usine ou de ferme incompétent ou bien de virer en direct le Premier ministre accusé de corruption. Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko de restreindre la publicité. Les panneaux de réclame commerciale restent limités, ce qui fait du dirigeant bélarussien le premier et le plus conséquent des « Casseurs de pub ».

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko d’avoir interdit la publication des infâmes caricatures du prophète Mahomet reprises par Charlie Hebdo. Le Bélarus compte une minorité musulmane ainsi que des immigrés originaires de l’Asie centrale post-soviétique. Le chef d’État bélarussien a bien compris la manœuvre démente d’une liberté d’expression en sens unique.

Les gouvernements occidentaux ne pardonnent pas au président Loukachenko d’avoir contribué au côté du commandant bolivarien de la révolution vénézuélienne, Hugo Chavez, à une coordination intercontinentale de résistance à l’hégémonie yankee. Les gouvernements occidentaux ne pardonnent surtout pas au président Loukachenko de maintenir la peine de mort. Le Bélarus reste le dernier État d’Europe à ne pas dépendre de ces affreux bidules que sont l’inutile Conseil de l’Europe et la funeste Cour européenne des droits de l’homme. S’il n’y a que deux à trois exécutions par an, l’existence du châtiment capital permet la gradation effective des peines. Intolérable pour l’Occident cosmopolite qui privilégie les criminels et autres délinquants aux honnêtes gens !

Si la France avait le bonheur (et l’honneur !) d’être conduite par Alexandre Loukachenko, elle retrouverait sa place au premier rang des puissances. Le président bélarussien contient la Subversion cosmopolite en cours. Comme sous le Second Empire français (1852 – 1870), les milieux urbains ne cachent pas leur hostilité. Les fauteurs de troubles souhaiteraient bien se débarrasser d’Alexandre Loukachenko. Or ils auraient dû se souvenir qu’il ne renonce pas si facilement. Contrairement au fataliste Jules César, le président bélarussien est passé à l’offensive. Le Bélarus a bien de la chance d’avoir à sa tête un tel combattant !

Georges Feltin-Tracol

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 182 mise en ligne sur TVLibertés, le 15 septembre 2020.